S521 - Le perfectionnisme est une caractéristique psychologique à considérer dans le sport de haut niveau

La personnalité de l’athlète s’avère un point déterminant dans le développement et la réussite sportive. On reconnaît déjà que le perfectionnisme adapté est une caractéristique psychologique présente chez les athlètes olympiques (Gould et all., 2002). Toutefois, l’importance proportionnelle de cette caractéristique ainsi que les moyens pour développer ce trait de personnalité chez les athlètes en développement demeurent encore des sujets à explorer.

Pour explorer ces questions, on a mené une étude sur la réalité du perfectionnisme dans le sport (Flett, 2005). D'abord, il est important de préciser que l’approche multidimensionnelle du perfectionnisme reconnaît trois dimensions. Elles sont axées sur : la demande excessive envers soi-même, la demande de perfection d’autrui, et  une perception de nécessité de perfection de soi imposée par la société. Même en situation de pratique délibérée volontaire d’un athlète, il peut ressentir la demande excessive venant d’un coéquipier, d’un coach, ou d’un parent. La pression sociale de réussite atteint son sommet fréquemment lors de compétitions d’envergure internationale. Les facteurs déterminants le perfectionnisme d’un individu proviennent de la crainte de faire des erreurs, des standards personnelles élevés, des critiques venant des parents, ainsi que des critiques venant de l’entraîneur (Anshel & Eom, 2003).

Néanmoins, les athlètes aux tendances perfectionnistes sont autant sujets à des conditions perturbantes qu’à un rendement d’excellence. Par exemple, le perfectionnisme a été associé à l’anorexie chez les athlètes féminines et les hommes pratiquant le « bodybuilding », ainsi qu’aux détresses psychologiques et motivationnelles. Malgré cette réalité sombre, un perfectionniste de type adapté, se rapprocherait plus facilement de la réussite sportive puisqu’il adopterait un comportement propice au développement de l’athlète et à l’atteinte de standards d’excellence.  Ainsi, le paradoxe du perfectionnisme existe et il reste encore à être démystifié scientifiquement. Les études ont démontré qu’une corrélation existe entre l’estime de soi, le perfectionnisme et le succès. Conséquemment, l’élément clef pour développer un perfectionnisme adapté est de s’assurer que l’athlète a travaillé solidement sur son estime de lui-même pour être capable de percevoir l’erreur et les critiques comme un moyen d’apprentissage plutôt qu’un échec personnel.

Malgré quelques contradictions scientifiques, on peut conclure que la personnalité de l’athlète influence sa performance. Il demeure important pour les entraîneurs, de se familiariser avec les traits de personnalité des athlètes entraînés pour ainsi les encourager à démontrer des caractéristiques psychologiques saines favorables à leur développement personnel et athlétique. Par exemple, il serait adéquat d’encourager un athlète à pratiquer un geste technique jusqu’à une maîtrise élevée de l’action. Il faut éviter la notion de perfection pour viser le meilleur de soi. Avant que l’athlète soit en mesure d’atteindre le meilleur de lui-même, on doit s’assurer qu’il est capable d’estimer et de croire en sa propre capacité à réussir. Ce cheminement développe l’autonomie de l’individu et augmente ses capacités de résilience. L’athlète prépare sa réussite.

Source primaire

Flett., G, & Hewitt, P. L. (2005). The perils of perfectionism in sports and exercise. American Psychological Society, 14, 14-18.

Rédacteur

Catherine Duchesne
consultante en psychologie du sport

Éditeur

André Fournier
directeur INS Québec - Montréal

Mots-clés

Personnalité, perfectionnisme, estime de soi

Lectures suggérées

Gould D et al.Psychological Characteristics and their development in Olympic champions. Journal of Applied Sport Psychology 2002;14: 172-204.

Anshel, Mark H, Eom, Han-Joo (2003). Exploring the Dimensions of Perfectionism in Sport. International Journal of Sport Psychology. Vol 34(3) Jul-Sep 2003, 255-271.

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