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S808 - L’entraînement en altitude chez les nageurs : avantages, inconvénients et applications des différentes méthodes

L’entraînement en altitude ou l’exposition à l’altitude réelle ou simulée est associée à de nombreux avantages. Ce sont des pratiques courantes chez les athlètes pratiquant des sports d’endurance, tels que la course de fond ou le cyclisme. Or, son utilisation en natation soulève plusieurs questions. Cet article présente un sommaire de la littérature sur différentes méthodes hypoxiques pouvant être utilisées en natation afin d’améliorer les performances.

De façon générale, l’altitude est associée à plusieurs effets bénéfiques sur le plan physiologique : augmentation de la production de réticulocytes (globules rouges) conséquente à l’augmentation de la concentration sanguine d’érythropoïétine (EPO), meilleure régulation du pH, diminution de la ventilation à une intensité sous-maximale donnée et augmentation de la capacité anaérobie. En revanche, l’exposition à l’altitude représente un stress physiologique en soi, ce qui n’est pas sans conséquences sur les capacités de récupération et de régénération. D’autres effets indésirables peuvent se manifester comme des troubles du sommeil, des maux de tête, une réduction de l’appétit et une diminution de la fonction immunitaire.

En plus des effets secondaires possibles, d’autres facteurs sont à considérer dans la planification d’un stage en altitude, notamment les objectifs visés dans la phase d’entraînement et l’accessibilité aux ressources matérielles et financières. Les principales stratégies employées en natation recensées dans la littérature sont les suivantes.

La stratégie Live high, train-high (LHTH), qui consiste à s’entraîner et à vivre en altitude. L’altitude idéale semble être située entre 1500 et 3000 m au-dessus du niveau de la mer. La durée idéale serait d’environ trois semaines. Une période d’adaptation pendant les premiers jours est primordiale. Il s’agit de réduire le volume et l’intensité des efforts. Il faut s’attendre à une diminution temporaire de la capacité de performance de l’athlète. Une amélioration des paramètres sanguins et du VO2max sont observés à la suite d’un séjour en altitude, de même qu’une amélioration de la performance dans les cinq à douze jours suivant le retour au niveau de la mer.

La stratégie Live high, train-low (LHTL), consiste à vivre en altitude, mais à s'entraîner au niveau de la mer, ce qui permet de maintenir l’intensité de l’entraînement, tout en favorisant des changements sur plusieurs plans : cardiovasculaire, respiratoire et métabolique.

La stratégie LHTL avec exposition hypoxique intermittente (EHI) consiste à reproduire, plusieurs heures par jour, des conditions d’altitude à l’aide d’une tente ou d’une chambre hypoxique dont la concentration de l’air inspiré en O2 est diminuée. Une altitude simulée égale ou supérieure à 3000 m pour plus de trois heures par jour pendant une période allant de une à trois semaines permettrait le maintien de la charge d’entraînement, tout en stimulant des changements des paramètres sanguins. Une augmentation de la capacité de travail est généralement observée.

La stratégie LLTH avec EHI consiste à vivre au niveau de la mer et à réaliser des séances d’entraînement dans des conditions qui recréent un environnement en altitude. Cette méthode optimise la récupération tout en minimisant les effets indésirables liés au séjour prolongé en altitude. Elle s’accompagne d’adaptations dans les cellules musculaires. Des séances en environnement hypoxique incluant de brèves pointes d’effort à très haute intensité favoriseraient l’augmentation de la capacité anaérobie et, ainsi, une augmentation des performances au 100 m et au 200 m. Cette méthode est également utile pour se préparer à des changements soudains d’altitude.

Méthode inspirée par la plongée, l’apnée est une stratégie qui permet une augmentation rapide et transitoire des valeurs d’hématocrite et d’hémoglobine (2 à 5 %) après seulement cinq répétitions d’apnées, dû à l’expulsion d’érythrocytes conséquente à la contraction de la rate. Les effets s’estompant après seulement dix minutes, cette méthode doit être utilisée immédiatement avant l’épreuve.

En résumé, un choix judicieux de la méthode, combiné à une planification adéquate en fonction l’altitude, peut résulter en des adaptations qui mènent à l’amélioration des performances en natation. De façon générale, il faut se rappeler que les séjours en altitude permettent de stimuler les adaptations hématologiques, alors que l’entraînement en hypoxie permet le maintien des acquis en endurance et le développement de la capacité anaérobie. L’exposition à l’altitude est notamment pertinente pour des nageurs de haut niveau désirant briser un plateau. En revanche, ces méthodes conviennent moins aux athlètes en développement.

Source primaire

Strzala M, A Ostrowski et A Szygula (2011) Altitude training and its influence on physical endurance in swimmers. J Hum Kinet 28:91-105.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23486564

Rédacteur

Joanie Caron
B.Sc.,kinésiologie; étudiante à la maîtrise

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

altitude, hypoxie, apnée

Lectures suggérées

Schmitt L et coll. (2006) Influence of "living high-training low" on aerobic performance and economy of work in elite athletes. Eur J Appl Physiol 97(5):627-36.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16770568

Robach P et coll. (2006) Living high-training low: Effect on erythropoiesis and aerobic performance in highly-trained swimmers. Eur J Appl Physiol 96(4):423-33.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16328191

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