En gymnastique, la variabilité de la performance d’un entraînement à l’autre, ou de l’entraînement à la compétition est souvent considérée comme un obstacle à la performance. Au saut de cheval, la performance finale dépend principalement de la durée de la phase aérienne après le contact sur la table de saut afin de donner un temps suffisant pour exécuter plusieurs rotations en vrille et/ou en salto. Ainsi, les facteurs ayant le plus d’impact sur la performance sont la vitesse atteinte à la fin de la course d’élan ainsi que la posture et l’orientation du corps lors de l’impact des mains sur l’appareil. Lors de l’apprentissage, bien que l’emphase soit souvent mise sur la phase de contact sur la table de saut, il semblerait que les indices les plus fiables pour évaluer la stabilité de la performance soient la gestion de la vitesse horizontale au cours de la course d’élan et la durée du contact sur le tremplin.

MÉTHODE

Treize gymnastes masculins et féminins de haut niveau ont été testés lors de deux séances de saut de cheval réalisées pendant deux journées consécutives. Après un échauffement supervisé par l’entraineur et une phase de familiarisation avec les agrès instrumentés, chaque gymnaste a effectué une séance de saut de 60 minutes avec 3 minutes de repos entre chaque saut. Des sauts des familles de la lune, du tsukahara et du yurchenko ont été réalisés.

Des coefficients de variabilité (CV) entre les vitesses de course à différentes distances du tremplin ainsi qu’entre les durées de contact avec le tremplin, de vol entre le tremplin et la table et de contact avec la table de saut ont été calculées entre les deux jours.

RÉSULTATS

La vitesse horizontale de la course à différentes distances du tremplin (CV=2,4-7,8%) ainsi que la durée de contact sur le tremplin (CV=3,5%) ont montré le moins de variabilité au regard de la répétition de la performance d’un jour à l’autre. La durée du premier envol (CV=17,7%) et la durée de contact sur la table de saut (CV=20,5%) étaient moins reproductibles.

DISCUSSION

En ce qui concerne la course d’élan, ces résultats indiquent qu’une variabilité supérieure à 3% entre 6 et 12 m du tremplin ou à 8% entre 18 et 12 m du tremplin peut avoir des répercussions sur la performance du saut. En effet, un manque de stabilité dans le patron de mouvement en début de course, lorsque l’accélération commence, peut avoir des répercussions sur la technique d’approche du saut de cheval. Il peut être primordial de fixer la phase de début de course dès le début de l’apprentissage au saut de cheval pour garantir une meilleure stabilité des performances.

À l’instar de la variation de vitesse horizontale au cours de la course d’élan, la mesure du temps de contact sur le tremplin semble une valeur fiable pour prédire la performance du saut. Au contraire, les durées du premier envol et du contact de la table ont montré le moins de relation avec la performance.

Pour conclure, l’observation de la variabilité des vitesses de course et de la durée de contact sur le tremplin peut permettre aux entraineurs de prédire la performance de leurs gymnastes. L’acquisition d’une technique de course stable est recommandée pour permettre d’augmenter la stabilité des performances.