Recherche avancée
Mes favoris


S731 - Stratégies pour optimiser l’entraînement combiné de la force et de l’aptitude aérobie en aviron et en canoë-kayak

Plusieurs études ont révélé que l’entraînement de la force, lorsqu’il est accompagné d’un entraînement cardiovasculaire, résulte en une augmentation moins marquée de la force que si la musculation est exécutée seule. Toutefois, pour performer sur la scène nationale ou internationale, les athlètes doivent maintenant développer tous les déterminants de la performance sportive de leur sport, ce qui les oblige à en développer plusieurs en même temps. L’entraînement combiné, ou simultané (concurrent training, en anglais), qui consiste à combiner par exemple musculation et entraînement de l’endurance aérobie dans un même programme, devient donc inévitable.
Par exemple, en canoë-kayak ou en aviron, l’aptitude anaérobie et la puissance aérobie maximale (PAM) ainsi que la force et la puissance musculaires sont des déterminants majeurs de la performance. Dans cet article, des chercheurs espagnols présentent une revue des stratégies recommandées, en canoë-kayak et en aviron, pour minimiser les interférences dans l’entraînement simultané de l’aptitude aérobie et des différentes qualités musculaires.

PÉRIODISATION DE L'ENTRAÎNEMENT

La programmation traditionnelle de l’entraînement, où on cherche à développer plusieurs déterminants de la performance dans une même phase, ne procure pas de surcharge suffisante pour optimiser le développement les qualités physiques des athlètes très entraînés. Chez les athlètes d’élite, la périodisation en blocs, alternant de courtes phases cherchant chacune à développer un nombre restreint de qualités techniques et physiques semble mener à de meilleurs résultats (voir lectures suggérées). Des études menées auprès de kayakistes de calibre international révèlent qu’un programme enchaînant de courtes phases d’entraînement (moins de cinq semaines) où la charge d’entraînement est concentrée (> 50 % du volume d’entraînement musculaire et aérobie est dédié au développement d’une seule qualité physique) permet d’améliorer plus efficacement la performance en kayak.

VOLUME ET FRÉQUENCE D'ENTRAÎNEMENT

Plus la fréquence et le nombre de semaines où l’athlète suit un entraînement combiné sont élevés, plus l’interférence risque d’être importante. Les chercheurs recommandent, pour optimiser le développement de la force et de la puissance tout en minimisant les effets d’interférence ou de surentraînement, d’exécuter un maximum de 3 séances de musculation par semaine et d’ajuster individuellement le nombre de séries et de répétitions à exécuter. Un volume d’entraînement de 3 à 5 séries pour 4 à 6 exercices spécifiques et pluri-articulaires pour une durée de 10 à 12 semaines semble adéquat chez les kayakistes de haut niveau.

CHOIX DES QUALITÉS PHYSIQUES À DÉVELOPPER

Dans chacune des phases d’entraînement, les chercheurs proposent de choisir une seule qualité musculaire et une seule qualité énergétique à développer. Un modèle proposé par Docherty et Sporer (voir lectures suggérées) suggère qu’on ne devrait pas entraîner la puissance aérobie maximale (PAM) en même temps que le volume musculaire ou la « force-endurance ». Selon eux, l’entraînement de ces qualités physiques engendre des adaptations opposées sur les mêmes composantes périphériques. Ils suggèrent donc d’entraîner la force maximale et la PAM dans une même phase, puis de viser l’hypertrophie ou le développement de la « force-endurance » en même temps que l’endurance aérobie, dans une phase subséquente. Toutefois, une seule étude a examiné la validité de ce modèle. Ses résultats étaient favorables à cette approche.

SÉQUENCE DES ENTRAÎNEMENTS

Bien que les études sur les sujets non entraînés indiquent que l’ordre dans lequel les séances d’entraînement aérobie et de musculation sont exécutées n’influe pas sur les adaptations liées à l’entraînement, des études menées auprès de kayakistes de haut niveau indiquent que l’entraînement en endurance engendre une fatigue qui restreint le volume ou la qualité de l’entraînement de musculation. Il serait donc préférable d’exécuter la séance de musculation avant la séance d’entraînement cardiovasculaire ou, si ce n’est pas possible, de laisser au minimum 8 heures entre les deux séances. Les athlètes qui désirent développer davantage leur endurance aérobie pourraient choisir d’exécuter des séances d’entraînement aérobie sous-maximales sollicitant principalement des groupes musculaires non spécifiques. Ces séances auraient pour effet d’améliorer la composante centrale sans générer de fatigue interférant avec le développement de la force dans les groupes musculaires sollicités dans le sport de l’athlète.

ENTRAÎNEMENT JUSQU'À ÉPUISEMENT

Il semble que l’entraînement jusqu’à épuisement, parce qu’il est associé à un niveau de fatigue élevé qui limite l’intensité qui peut être maintenue dans les entraînements subséquents, n’est pas idéal pour l’amélioration de la force, de la puissance et de la performance chez des rameurs d’élite.
Ainsi, dans un sport comme le canoë-kayak ou l’aviron, l’entraînement combiné de la force et de l’aptitude aérobie est inévitable. Toutefois, certaines stratégies existent pour limiter les interférences entre ces deux types d’entraînement chez les athlètes de haut niveau.

Source primaire

García-Pallarés J et Izquierdo M (2011) Strategies to optimize concurrent training of strength and aerobic fitness for rowing and canoeing. Sports Med 41(4):329-43.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21425890

Rédacteur

Myriam Paquette
B.Sc., étudiante à la maîtrise en physiologie de l’exercice

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

entraînement combiné, musculation, Entraînement aérobie, aviron, canoë-kayak

Lectures suggérées

Docherty D et B Sporer (2000) A proposed model for examining the interference phenomenon between concurrent aerobic and strength training. Sports Med 30(6):385-94.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11132121

Issurin V (2008) Block periodization versus traditional training theory: A review. J Sports Med Phys Fitness 48(1):65-75.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18212712

Sports ciblés

Aviron, canoë-kayak

Imprimer Version imprimable Ajouter à mes favoris Haut de page