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S18 - Donner de la rétroaction cinétique à des sprinteurs de niveau intermédiaire n’améliore pas leurs performances dans les blocs de départ

Le départ en sprint exige d’exercer de grandes forces à l’horizontale dans un très court lapse de temps. Plusieurs variables cinétiques et cinématiques ont été associées avec la performance d’un départ en sprint. Les variables les plus souvent citées sont la position du centre de masse et sa vitesse horizontale, la force maximale exercée par la jambe arrière, le temps total passé dans le bloc, ainsi que la vitesse et l’accélération à la sortie du bloc. La première partie de l’étude a permis de discriminer les paramètres cinétiques et cinématiques expliquant les différences de performance entre les sprinters d’élite et de niveau intermédiaire lors d’un départ en sprint, grâce à une analyse discriminante linéaire. Par la suite, les paramètres discriminants ont été utilisés auprès d’un échantillon d’athlètes de niveau intermédiaire lors de séance d’entraînement avec rétroaction, mais respectant par ailleurs leur contexte habituel d’entraînement. C’est au début des années 1960 que plusieurs entraîneurs ont intégré la rétroaction à leurs entraînements afin d’améliorer les patrons moteurs de leurs athlètes. Ainsi, la deuxième partie de l’étude avait pour but de vérifier si l’apport de la rétroaction en contexte d’entraînement améliorerait le départ en bloc de sprinters de niveau intermédiaire.

Dans la première partie de l’étude, 6 athlètes étaient de niveau « élite » et 6 de niveau        «intermédiaire».  Tous les athlètes avaient atteint les standards de qualification d’athlétisme Canada. Huit sprinters de niveau intermédiaire ont participé à la deuxième partie de l’étude. Ces athlètes faisaient des compétitions de niveau provincial ou national et provenaient d’un club d’athlétisme local. L’acquisition des données a été réalisée à partir d’un bloc de départ placé sur la piste et équipé de jauges de contrainte permettant l’acquisition des forces appliquées. Trois départs à vitesse maximale avec 4 minutes de repos ont été effectués chaque semaine pendant 12 semaines consécutives. Les 6 premières séances ont servi de contrôle (sans rétroaction) pendant la phase préparatoire spécifique. Durant cette période, les athlètes recevaient uniquement les instructions verbales de leur entraîneur. Ensuite, pendant 6 séances consécutives, correspondant à la phase de compétition, les athlètes ont reçu la rétroaction cinétique associé aux paramètres qui ont conduit à la meilleure discrimination entre les deux échantillons de la première étude. Lors des séances avec rétroaction, un expérimentateur aidait les athlètes à interpréter les courbes force-temps suite aux sorties des blocs. Après chaque départ, les athlètes étaient encouragés à utiliser l’information visuelle afin d’améliorer leur performance. Finalement, une séance sans rétroaction a été effectuée 4 semaines après la dernière séance avec rétroaction. À la suite de l’analyse discriminante linéaire, les 4 variables suivantes discriminaient significativement les deux échantillons de la première étude : 1) le délai entre la fin de la poussée arrière et la poussée avant, 2) la force maximale exercée par la jambe arrière, 3) le temps total passé dans le bloc de départ et 4) le temps pour atteindre la force maximale exercée par la jambe arrière.

Dans la deuxième étude, aucune différence n’a été observée lors des séances avec ou sans rétroaction sur ces variables. Toutefois, un seul des paramètres préalablement identifiés, le moins discriminant, s’est significativement amélioré en rétention : le temps pour atteindre la force maximale exercée par la jambe arrière. De plus, deux autres paramètres cinétiques dissociés des paramètres discriminants ont été améliorés (la force maximale exercée par la jambe avant et le temps pour atteindre la force maximale exercée par la jambe avant). Malgré cela, aucune amélioration globale de la performance n’a été enregistrée (temps au 4 mètres).

En résumé, cette étude montre que 6 séances de rétroaction ne modifient pas les variables préalablement retenues. Contrairement aux attentes, la rétroaction n’a pas aidé les athlètes de niveau intermédiaire à améliorer leur performance de départ en bloc sur une période de 6 semaines. Reste à savoir si la rétroaction en entraînement au départ en sprint peut améliorer la performance après une plus longue période.

Source primaire

Fortier S et al. Starting block performance in sprinters: a statistical method for identifying discriminative parameters of the performance and an analysis of the effect of providing feed-back over a 6-week period. J Sports Sci & Med 2005; 4:134-43.

Rédacteur

Sylvie Fortier
Étudiante en kinésiologie, Faculté de médecine préventive et sociale de l’Université Laval

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Feedback, rétroaction, cinétique, cinématique, performance, Sprint, préparation à la performance

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Mero A. Force-time characteristics and running velocity of male sprinters during the acceleration phase of sprinting. Research Quarterly For Exercise and Sport 1988; 59:94-8.

Harland MJ, Andrews MH, Steele JR. Instrumented start blocks: A quantitative coaching aid. XIII International Symposium for Biomechanics in Sport. Bauer T (éditeur), Ontario, 1995; p. 367-70.

Viitasalo JT et al. Effects of 12-week shooting training and mode of feedback on shooting scores among novice shooters. Scandinavian Journal of Medicine and Science in Sports 2001; 11:362-8.

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