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S56 - Vaut-il mieux utiliser un repère de fréquence cardiaque ou de concentration sanguine de lactate pour déterminer l’intensité d’un exercice aérobie des membres supérieurs ?

En théorie, l’intensité optimale pour l’entraînement en endurance doit se situer entre le seuil aérobie et le seuil anaérobie. Un exercice réalisé dans cette gamme d’intensité induit une stimulation importante du métabolisme oxydatif des muscles squelettiques, accompagnée seulement d’une faible contribution du métabolisme anaérobie. Différents paramètres métaboliques sont généralement utilisés pour déterminer ces deux intensités, et notamment la concentration de lactate sanguin ([La-]) et/ou la fréquence cardiaque (FC). Ces références métaboliques sont généralement établies lors d’un test triangulaire (test constitué d’une succession d’efforts réalisés à intensité croissante). Mais, existe-t-il une étroite relation entre ces paramètres mesurés dans des conditions particulières et l’intensité d’effort maintenue pendant un exercice d’intensité constante des membres supérieurs ?

Pour répondre à cette question, 16 kayakistes ont réalisé 3 sessions d’épreuves sur un ergomètre de kayak validé par ailleurs (cf. fiche "Savoir-Sport" : L’ergomètre de kayak est-il un bon simulateur de la pratique normale ?).

Un test triangulaire (TT) lors duquel, la puissance a été augmentée de 25 watts toutes les 5 minutes. Durant cet exercice, outre FC, [La-] a été mesurée avant et pendant la période d’une minute de récupération séparant chaque palier. Le VO2 a été mesuré pendant les deux dernières minutes de chaque palier.

Un exercice continu de 20 minutes réalisé à une intensité correspondant à l’inflexion de [La-] mesurée pendant TT (Ex1). Cette inflexion correspond à la première augmentation de [La-] (seuil aérobie) et est considérée comme un indicateur de l’intensité minimale pour l’entraînement extensif du métabolisme aérobie.

Un exercice continu de 20 minutes réalisé à une intensité correspondant au seuil lactique (ou seuil anaérobie) mesuré pendant TT (Ex2). Ce seuil est considéré comme un indicateur de l’intensité maximale pour l’entraînement intensif du métabolisme aérobie.

Avant, à 10 minutes et à la fin de Ex1 et Ex2, [La-], FC et VO2 ont été mesurés.

Les résultats montrent que lors de Ex1, les valeurs moyennes des paramètres mesurés ne sont pas différentes de celles établies pendant TT (voir tableau 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=672&fichier=S56_tableau1.doc ). Toutefois, des différences individuelles sont observées, notamment concernant [La-]. Pendant Ex2, les valeurs moyennes de FC et de VO2 sont comparables aux valeurs cibles déterminées pendant TT (voir tableau 2: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=672&fichier=S56_tableau2.doc ). Toutefois, [La-] mesurée pendant Ex2 est significativement supérieure à la valeur cible déterminée pendant TT.

Cette étude montre que la FC, déterminée à partir d’un test triangulaire réalisé avec des paliers de 5 minutes permettant un état stable de [La-] à la fin de chacun des paliers, est un indicateur valide de l’intensité correspondant aux seuils aérobie et anaérobie. La même observation est constatée concernant le VO2. Les valeurs de FC mesurées pendant Ex1 et Ex2 ne sont pas différentes des valeurs cibles déterminées lors de TT, même si une dérive pulsative peut être observée pendant Ex1. Cette dérive, souvent observée au cours d’exercices réalisés à intensité constante, pourrait expliquer une augmentation de la température corporelle et de l’activité du système nerveux autonome (Coyle et Gonzalez-Alonso 2001).

À l’inverse, d’importantes variations individuelles de [La-] sont mesurées entre la valeur déterminée pendant TT et celle mesurée pendant Ex1. De plus, les valeurs moyennes de [La-] mesurées pendant Ex2 sont significativement différentes des valeurs cibles déterminées pendant TT.

En conclusion, outre l’aspect pratique, l’entraîneur doit préférentiellement utiliser un repère de FC par rapport à une valeur de [La-] pour déterminer une intensité cible lors d’un exercice continu aérobie sollicitant les membres supérieurs.

Source primaire

The validity of physiological variables to assess training intensity in kayak athletes. BISHOP D 2004 International Journal of Sports Medicine 25 : 68-72.

Rédacteur

Anne Michaut
Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives - Laboratoire de biomécanique et de physiologie - INSEP

Éditeur

Chantalle Thépaut-Mathieu
Docteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP
http://sciences.campus-insep.com

Mots-clés

entraînement, Aérobie, fréquence cardiaque, Lactate, membres supérieurs, métabolisme énergétique, Physiologie, préparation à la performance

Lectures suggérées

COYLE E.-F., GONZALEZ-ALONSO J. Cardiovascular drift during prolonged exercise : new perspectives. 2001 Exercise and Sport Sciences reviews 29 : 88-92.

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