Recherche avancée
Mes favoris


S74 - Comment préparer un record du monde en cyclisme sur piste ?

INTRODUCTION

Le cyclisme sur piste, et plus particulièrement la poursuite par équipe, est l’une des disciplines olympiques dont la performance peut être modélisée avec précision.

De nombreuses recherches ont porté sur l’évaluation des exigences physiologiques du cyclisme sur piste et la modélisation de la performance et, s’il existe à ce jour une quantité importante de connaissances théoriques applicables à la préparation de la performance, les aspects pratiques d’une telle préparation sont toujours peu connus.

L’objectif de cette recherche était de proposer une revue des connaissances théoriques concernant la performance en cyclisme sur piste et de décrire de façon concrète les aspects pratiques (systèmes d’entraînement, tests, utilisation de données issues d’observations en compétition, etc.) qui ont mené à la réalisation du record du monde de poursuite par équipe par l’équipe allemande lors des Jeux olympiques de 2000.

FONDEMENTS THÉORIQUES

L’utilisation d’un modèle mathématique récent (Broker, 1999) a permis d’estimer la puissance de pédalage devant être produite par chacun des membres de l’équipe pour réaliser le record. Ainsi, pour parvenir à une performance de 3:59,710 min:s (temps du record du monde), chaque cycliste devait produire une puissance moyenne de 520 watts.

Sur le plan physiologique, la poursuite par équipe requiert des aptitudes aérobie et anaérobie élevées. Toutefois, les résultats des tests physiologiques couramment utilisés dépendent de l’équipement et des protocoles utilisés. Leur utilisation en vue d’une prédiction précise de la performance en cyclisme sur piste demeure, par conséquent, aléatoire.

ASPECTS PRATIQUES

Plan d’entraînement :

Le plan d’entraînement adopté par l’équipe nationale allemande était orienté vers l’augmentation de la puissance aérobie maximale et la capacité anaérobie. L’entraînement était basé sur un fort volume d’entraînement général  (29 000 à 35 000 km/an de cyclisme sur route) et comprenait plusieurs courses à étape ainsi qu’un rappel régulier des techniques et intensités spécifiques à la poursuite par équipe, lors de séances de tests sur piste.

Le volume d’entraînement spécifique à la poursuite par équipe était très faible, même lors de la période pré-compétition. Ainsi, dans la période qui précédait les Jeux olympiques, seulement 8 séances d’entraînement sur piste spécifiques à la poursuite par équipe ont été effectuées.

L’intensité de l’entraînement sur piste était évaluée en comparant les concentrations plasmatiques de lactate mesurées lors des séances, à celles observées lors des compétitions précédentes.

Échauffement pré-compétition :

Avant chaque épreuve, une routine d’échauffement standardisée était effectuée par chaque cycliste :  ils roulaient à intensité moyenne pendant 20 minutes et faisaient deux périodes d’effort intense de 5 minutes. Les périodes d’effort étaient séparées de 20 minutes de récupération active. L’échauffement se terminait 20 minutes avant le départ de la course. A la fin de l’échauffement, les athlètes se reposaient ou continuaient à pédaler à faible intensité.

Données prélevées en compétition :

Lors des épreuves de sélection, l’analyse des temps au ½ tour permettait d’estimer la contribution de chaque coureur à la performance collective, ce qui facilitait ainsi les choix lors de la sélection des athlètes et de l’organisation de l’équipe en vue de la finale.

Optimisation du matériel et la position des coureurs :

Lors de l’établissement du record du monde, chaque cycliste utilisait un vélo aérodynamique dont la position était individualisée et optimisée à l’aide d’une série de tests sur piste, effectués plusieurs mois avant les Jeux olympiques. Au cours de ces tests, chaque cycliste devait, à plusieurs reprises, couvrir la distance de 800 m à vitesse imposée (40 et 45 km/h). La puissance de pédalage était mesurée à l’aide d’un ergomètre SRM. La position du cycliste était modifiée entre chaque répétition. La position qui permettait au coureur de rouler aux vitesses imposées aux puissances les plus basses était retenue.

Contrairement à la pratique traditionnelle consistant à utiliser des braquets identiques pour tous les coureurs, les développements utilisés ont été adaptés en fonction des préférences et aptitudes de chaque coureur (54 x 14 ou 53 x 14). Les cadences moyennes étaient de 120 à 124 rpm.

CONCLUSION

Cette recherche démontre qu’en cyclisme sur piste, un record du monde peut être préparé sur la base d’un plan d’entraînement concis, relativement simple et qui exploite au mieux les connaissances scientifiques et les technologies existantes.

Cette recherche est l’une des seules présentant de façon concrète et détaillée le programme d’entraînement cycliste ayant mené à un record du monde et, à ce titre, mérite que l’on s’y attarde.

On peut toutefois faire l’hypothèse qu’un programme consacrant plus de temps à l’entraînement spécifique ait pu s’accompagner d’une performance encore meilleure.

Source primaire

Schumacher YO, Mueller P. The 4000-m team pursuit cycling world record: Theoretical and practical aspects. Med Sci Sports Exerc 2002; 34(6):1029-36.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

préparation à la performance, gestion de la performance, poursuite, Vitesse, record

Lectures suggérées

Schumacher YO, Mueller P, Keul J. Development of peak performance in track cycling. J Sports Med Phys Fitness 2001; 41(2):139-46.

Broker JP, Kyle CR, Burke ER. Racing cyclist power requirements in the 4000-m individual and team pursuits Med Sci Sports Exerc 1999; 31(11):1677-85.

Sports ciblés

Cyclisme

Imprimer Version imprimable Ajouter à mes favoris Haut de page