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S101 - L’entraînement de la puissance musculaire (musculation) améliore la performance dans les épreuves de fond en course à pied, en cyclisme et en natation

C’est surtout dans les sports où le principal déterminant de la performance est la capacité anaérobie qu’on a recourt à la musculation pour la préparation physique et la prévention des blessures. Mais est-ce que la musculation s’accompagne d’une amélioration de la performance dans des activités où le principal déterminant est l’aptitude aérobie, par exemple la course de fond, le cyclisme et la natation? C’est ce que les auteurs de cette revue de la littérature ont cherché à savoir.

Jusqu’à maintenant, peu de rapports de recherche ont été publiés sur cette question, mais on a démontré que la musculation, combinée à un entraînement en endurance chez les coureurs novices et expérimentés, augmente la force des jambes d’environ 30 à 40 % et les performances à court terme sur le tapis roulant ou le vélo de 10 à 15 %. Dans un des rapports de recherche recensés, on rapporte qu’un programme de musculation s’est accompagné d’une augmentation de 20 % du temps critique à 80 % de la consommation maximale d’oxygène (VO2max). Au cours d’une étude menée chez des sujets non entraînés, on a obtenu une augmentation de 33 % du temps critique à 75 % du VO2max. Il est à noter que ces augmentations ont eu lieu sans changement notable du VO2max, ce qui suggère que l’ajout d’un programme de musculation à l’entraînement aérobie améliore la performance dans les épreuves prolongées en augmentant l’endurance, mais pas la consommation maximale d’oxygène.

L’hypothèse proposée par les auteurs pour expliquer ces augmentations est que comme la musculation diminue la densité mitochondriale et a un impact minime sur la densité des capillaires, les réserves de substrat énergétique, l’activité des enzymes oxydatives et le VO2max, le mécanisme de ces augmentations pourrait être le grossissement des fibres musculaires et les changements associés à leurs propriétés contractiles. Ainsi, après entraînement en musculation, pour une puissance absolue donnée de travail, chaque contraction musculaire se ferait à un pourcentage moins élevé de la force maximale, d’où les trois possibilités suivantes :

- chaque fibre musculaire serait sollicitée à un degré moindre;
- un moins grand nombre d’unités motrices seraient recrutées pour effectuer le travail requis;
- une moins grande proportion de fibres de type II (moins aptes aux contractions répétées pendant très longtemps) par rapport aux fibres de type I seraient recrutées.

Chez les nageurs, la musculation augmente la force et la puissance anaérobie des membres supérieurs, sans améliorer la performance dans les épreuves dites d’endurance. Les meilleurs gains de performance ont été obtenu par la combinaison de l’entraînement en natation et de l’entraînement musculaire spécifique dans l’eau. Ces résultats s’expliqueraient du fait que la mécanique des mouvements de nage est hautement technique : les exercices de musculation hautement spécifiques au style de nage se démarqueraient des exercices de musculation plus traditionnels, mais moins spécifiques.

En conclusion, les entraîneurs en course de fond et en cyclisme auraient avantage à ajouter, au programme d’entraînement de l’aptitude aérobie de leurs athlètes, un programme de musculation, car cela pourrait s’accompagner d’une augmentation de l’endurance, c’est-à-dire de l’habileté à maintenir pendant longtemps une puissance donnée de travail. Mais les données sont insuffisantes pour conclure avec certitude que cet effet bénéfique se manifestera aussi bien chez les athlètes d’élite que chez les non athlètes et les athlètes de niveau moyen. On peut croire que la musculation demeure un complément utile à l’entraînement de l’aptitude aérobie, particulièrement en période hors saison. Les athlètes de sports où l’on doit supporter son poids contre la gravité devraient éviter de faire trop de musculation, au point d’hypertrophier des groupes musculaires au détriment de la performance.

Source primaire

Takata H, Swenson T. Impact of resistance training on endurance performance. A new form of cross training ? Sports Med 1998; 25(3):191-200.

Rédacteur

Éric Deschênes
Kinésiologue

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

musculation, cross training, endurance, puissance anaérobie, capacité anaérobie, enzymes oxydatives, préparation à la performance

Lectures suggérées

Burke EB. Improved cycling performance through strength training. Natl Strength Cond Assoc J 1983; 5(3) : 6-7, 70-71.

Abernethy PJ, Jurimae J, Logan PA, et al. Acute and chronic response of skeletal muscle to resistance exercise. Sport Med 1994; 17(1):22-38.

Sports ciblés

Course à pied, cyclisme et autres sports d’endurance

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