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S622 - La récupération par l’immersion eau froide/eau chaude accélère la restauration de la capacité anaérobie chez le sportif élite

La récupération musculaire est un facteur clé de la performance. Actuellement, le monde sportif a considérablement progressé dans le domaine de la programmation des charges d’entraînement. Cependant, les modalités de récupération sont souvent laissées à la charge de l’athlète et leur absence régulière dans l’enchaînement des entraînements amène progressivement l’athlète dans le secteur de la surcharge (voire du surentraînement), liée à l’apparition de la fatigue. L’origine de la fatigue est multifactorielle et se traduit par l’incapacité à soutenir un effort maximal ou escompté (Edwards, 1983). Suite à un exercice physique intense, de nombreuses modifications, au niveau musculaire, caractérisent cet état de fatigue avec, notamment, des microlésions, des altérations de l’intégrité des membranes plasmatiques et une accumulation de métabolites issus de la dégradation de l’ATP. Certains indices tels que les concentrations plasmatiques en myoglobine, créatine kinase (CK), acide urique et lactate déshydrogénase (LDH) permettent alors d’estimer indirectement les dommages musculaires.

Pour améliorer la récupération et restaurer plus rapidement les capacités initiales, plusieurs techniques comme les massages, la course à pied et l’immersion dans l’eau sont régulièrement utilisées par les praticiens du sport. Toutefois, sur le plan scientifique, certaines techniques, comme la récupération par immersion, suscitent encore un grand nombre de questions. En effet, la grande diversité des protocoles de fatigue et de récupération utilisés ne permet pas d’aboutir, aujourd’hui, à un consensus quant à l’utilisation de l’hydrothérapie par immersion en vue de mieux récupérer. Ces différences sont principalement visibles sur la température de l’eau, la durée d’immersion et le niveau du corps immergé. De plus, la durée, l’intensité et les modalités (contraction excentrique, concentrique, isométrique ou pliométrique) de l’exercice fatigant varient fortement d’une étude à l’autre. Enfin, si la plupart des études s’intéressent aux modifications biologiques, très peu s’intéressent aux effets de ce type de récupération sur la restauration des performances anaérobies notamment chez des sportifs de haut niveau.

L’étude présentée ici s’est intéressée à l’ensemble des modalités de récupération par immersion (à savoir : eau froide, eau tempérée ou en alternant eau chaude/eau froide), en les comparant à un groupe contrôle ayant réalisé le même exercice intermittent fatigant.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Quarante et un sujets sportifs de haut niveau (football, rugby, volley-ball) ont participé à cette étude. Les sujets ont d’abord réalisé un exercice intermittent comportant deux cycles de 10 minutes d’exercice intermittent, entrecoupés de 10 minutes de repos passif. Chaque cycle comprenait 30 secondes de rameur à 70 % de la puissance moyenne déterminée au préalable, 30 secondes de repos puis 30 secondes de saut en contre-mouvement, et de nouveau 30 secondes de repos. Après l’exercice fatigant, les sujets étaient placés aléatoirement dans l’une des quatre situations de récupération : immersion jusqu’à la crête iliaque en eau froide (COLD, 8-10 °C), en eau tempérée (TEMP, 36 °C), en eau contrastée froide/chaude (CWT, 10 °C/42 °C) ou dans le groupe contrôle (CONT) qui récupérait passivement assis sur une chaise.?Les performances anaérobies ainsi que l’activité enzymatique musculaire ont été mesurées avant l’exercice fatigant (Pré), immédiatement après (Post) ainsi qu’une heure (Post 1h) puis 24 heures après (Post 24h). Lors des tests de performance, la capacité de production de force lors d’une contraction maximale volontaire isométrique (CMV), la force explosive lors d’un saut en contre-mouvement (CMJ), ainsi que la capacité anaérobie lors d’un test maximal de 30 secondes sur rameur de type Wingate (Pmoy), ont été mesurées. Des mesures indirectes du niveau de souffrance musculaire ont été effectuées à partir de dosages sanguins des enzymes créatine kinase (CK) et lactate déshydrogénase (LDH).

RÉSULTATS

Après l’exercice intermittent fatigant (Post), on observe systématiquement une chute des performances (MVC et Pmoy) et une augmentation des concentrations plasmatiques en CK chez tous les sujets par rapport aux valeurs « Pré ».

Après la récupération, aucune différence n’est observée entre les groupes, que ce soit à Post 1h ou à Post 24h. En revanche, les cinétiques de restauration des différents paramètres mesurés varient selon le type de récupération utilisé. Ainsi, seul le groupe ayant été immergé en eau froide présente un retour aux valeurs initiales des concentrations en CK à Post 24h. Sur les paramètres de performance, seule la Pmoy est affectée significativement par le mode de récupération (voir figure 1 : https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=63&fichier=S622_figure1.doc ). En effet, le groupe ayant utilisé la récupération alternée restaure sa capacité anaérobie dès Post 1h, alors que, pour les autres groupes, celle-ci n’est atteinte qu’à Post 24h.

CONCLUSION

Comparativement à tous les autres groupes, l’immersion en eau froide a permis de diminuer les concentrations plasmatiques de la CK sans pour autant montrer un regain de performance. La diminution de la température corporelle par l’eau froide a engendré une diminution du diamètre des vaisseaux et capillaires sanguins, ainsi que de leur perméabilité aux cellules. Ces mécanismes ont donc contribué à diminuer le processus inflammatoire. De plus, en améliorant le retour du sang veineux vers le cœur et en favorisant les échanges métaboliques des cellules en direction de la circulation sanguine, l’immersion CWT a permis de récupérer un niveau de performance (Pmoy) comparable à celle réalisée lors de la première phase de test (pré-exercice) plus rapidement (Post 1h) qu’après utilisation des autres méthodes de récupération.

Limites : certains athlètes réagissent plus ou moins à la température froide selon leur pourcentage de tissus adipeux (graisse). Le froid induit également une diminution de la force de contraction, en association à une diminution de la conduction nerveuse. L’utilisation de l’immersion en eau froide peut donc être préconisée pour diminuer l’inflammation mais ne permettrait pas d’obtenir une restauration lors d’une performance subséquente (Post 1h).

L’eau chaude est à utiliser avec précaution, l’immersion prolongée en eau chaude ayant principalement des effets négatifs sur la fréquence cardiaque et le métabolisme.

Ouverture : si la durée entre les épreuves est suffisante, l’utilisation de l’immersion par contraste de température, immédiatement après l’exercice puis dans un deuxième temps de l’immersion en eau froide, pourrait apporter d’avantage de bénéfices que chacune de ces techniques de manière isolée.

Source primaire

Rowsell GJ, Coutts AJ, Reaburn P, Hill-Haas S. Effect of cold water immersion on physical performance between successive matches in high-performance junior male soccer players. J Sports Sci 2009 Apr;27(6):565-73.

Rédacteur

Hervé Pournot
M2 Staps, 1re année de thèse, Mission Recherche (INSEP)

Éditeur

François Bieuzen
docteur en physiologie appliquée. Mission Recherche (INSEP)

Mots-clés

Récupération par immersion, fatigue, performances anaérobies

Lectures suggérées

Crowe et coll. Cold water recovery reduces anaerobic performance. Int J Sports Med 2007 Dec;28(12):994-8.

Ispirlidis et coll. Time-course of changes in inflammatory and performance responses following a soccer game. Clin J Sport Med 2008 Sep;18(5):423-31.

Rowsell et coll. Effects of cold-water immersion on physical performance between successive matches in high-performance junior male soccer players. J Sports Sci 2009 Apr;27(6):565-73.

Wilcock et coll. Water immersion: does it enhance recovery from exercise? Int J Sports Physiol Perform 2006 Sep;1(3):195-206.

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