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S113 - Comment harmoniser le sommeil et le décalage horaire

CHRONOBIOLOGIE ET DÉCALAGE HORAIRE - PRINCIPES DE BASE

À la suite de longs et rapides déplacements transméridiens pour participer à des compétitions, certaines contre-performances peuvent être attribuées aux effets néfastes du décalage horaire, responsable d'une désynchronisation des rythmes biologiques et de troubles du sommeil.

Un sommeil perturbé va se traduire par des altérations des capacités psychomotrices et cognitives ainsi que des capacités physiques. Des difficultés à se concentrer, à maintenir son attention, à mémoriser des faits nouveaux vont apparaître. L'absence ou les privations répétées de sommeil agissent également sur l'humeur (irritabilité, agressivité, phobie...) en la dégradant. L'effet négatif sur les performances physiques est moins clair, mais tous les mécanismes de l'adaptation à l'effort sont loin d'être connus. Il semblerait, par exemple, que les capacités cardiovasculaires, ventilatoires et hormonales puissent être altérées par une réduction de la durée habituelle du sommeil chez des athlètes d'endurance de haut niveau après une épreuve d'effort difficile. De même, le rythme circadien de la température corporelle est modifié après les privations de sommeil, ce qui peut pénaliser les réponses thermiques provoquées par un effort nécessitant une dépense énergétique importante. Les troubles du sommeil peuvent également induire des diminutions de la concentration dans les myofibrilles des principales enzymes de la contraction musculaire ou encore des perturbations de l'endocrinologie à l'effort (catécholamines, cortisol, hormone de croissance).

Les effets néfastes des désynchronisations vont se trouver amplifiés ou réduits selon le sens du déplacement en fonction de la caractéristique matin-soir. Les travaux récents de chronobiologie permettent d'envisager des solutions pour prévenir ces effets néfastes. Le recours à la lumière, dans des conditions bien déterminées, est en effet très efficace pour décaler en avance ou en retard de phase, les rythmes circadiens. Son effet s'observe à partir de 2500 lux et la synchronisation est obtenue en 3 jours pour un déplacement vers l'Ouest qui nécessite un allongement des cycles et entre 5 à 6 jours pour un déplacement vers l'Est impliquant un raccourcissement des cycles. Pour un allongement des cycles, l’exposition à la lumière (>=2500 lux) est à programmer en début de nuit. Son effet, au bout de 3 jours, se traduit par un décalage de la production de mélatonine sur la période du matin qui va correspondre à la nuit du site de séjour après le voyage vers l’Ouest.

Le raccourcissement est obtenu en éclairant pendant 5 jours, en fin de nuit, pour avancer la production de mélatonine sur la période nocturne du site de séjour après le voyage vers l’Est. De cette manière la production de mélatonine s'est, dans les deux cas, synchronisée avec la nouvelle période de sommeil. Ce dernier est alors de bonne qualité et de durée suffisante. Enfin, l'efficacité est optimale pour les performances mentales pendant la période d'activité. En complément de son effet de synchronisation des rythmes biologiques, il convient de noter que la lumière à partir de 1000 lux, est également utilisable pour provoquer un effet immédiat sur l'éveil et, en conséquence, sur les performances mentales à réaliser à bref délai.

En s'appuyant sur ces acquis expérimentaux, des recommandations pratiques d'exposition à la lumière dans les jours précédant le départ ont été élaborées au Département Médical de l'INSEP à l'attention des sportifs de haut niveau. Elles ont montré leur efficacité lors de différents déplacements transméridiens. Les sommeils des sportifs ont été préservés, tant pour la période de préparation au départ que lors du séjour sur le site de compétition. Ces principes ont été repris dans les fiches de recommandations éditées par le CNOSF pour les JO d'Atlanta, de Nagano et de Sydney.

Source primaire

Appropriate use of bright light promotes a durable adaptation to night-shifts and accelerates readjustment during recovery after a period of night-shifts. BOUGRINE (S.) ; MOLLARD (R.) ; IGNAZI (G.) ; COBLENTZ (A.). Work and Stress. vol.9, n°2, 3, pp. 314-326, 1995.

Rédacteur

Régis Mollard
Physiologiste. Docteur es Sciences. Professeur des Universités . Université Paris V et Département Médical INSEP

Éditeur

Jean-François Stein

Mots-clés

Décalage horaire, rythmes biologiques, Sommeil, gestion de la compétition, préparation à la performance

Lectures suggérées

BOUGRINE (S.) ; CABON (P.) ; IGNAZI (G.). Phase delay of rhythm of 6-sulfatoxy-melatonin-excretion by bright light improves sleep and performance. Y. TOUITOU, J. ARENDT and P. PEVET (eds), Melatonin and the Pineal-Gland : From Basic Science to Clinical Application (Elsevier, Amsterdam). pp. 219-223, 1993.

BOUGRINE (S.) ; MOLLARD (R.) ; IGNAZI (G.) ; COBLENTZ (A.). Appropriate use of bright light promotes a durable adaptation to night-shifts and accelerates readjustment during recovery after a period of night-shifts. Work and Stress. vol. 9, n°2, 3, pp. 314-326, 1995.

BOUGRINE (S.) ; MOLLARD (R.) ; IGNAZI (G.) ; COBLENTZ (A.). Days off and bright light : effects on adaptation to night work. International Journal of Industrial Ergonomics. n°21, pp. 187-198, 1998.

MANFREDINI (R.) ; MANFREDINI (F.) ; FERSINI (C.) ; CONCONI (F.). Circadian rhythms, athletic performance, and jet lag. International Journal Sport Medecine. n°32, pp. 101-106, 1998.

DAVENNE (D.). Sommeil et activités physiques et sportives. Bulletin Veille-Sommeil. pp. 5-9, février 1993.

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