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S139 - L’entraînement en force explosive amène un gain en puissance musculaire et en économie de course qui se traduit en une amélioration de la performance sur 5 km

Alors que l’entraînement en endurance améliore particulièrement les fonctions du système cardiorespiratoire ainsi que la capacité oxydative et les réserves de glycogène musculaires, l’entraînement en force provoque davantage des adaptations neurales ainsi que de l’hypertrophie musculaire. Un type d’entraînement en force, l’entraînement en force explosive, amène, quant à lui, des adaptations neurales spécifiques telle que l’augmentation du taux d’activation des unités motrices, mais très peu d’hypertrophie musculaire. Il a déjà été suggéré que l’entraînement simultané de la force musculaire et de l’endurance pouvaient, en quelque sorte, entrer en conflit ce qui pouvait alors se traduire en une limitation du développement de la force. Toutefois, les études sur lesquelles étaient basées ces observations avaient été réalisées sur des sujets non entraînés et l’on a démontré qu’avec un entraînement en force adéquat, il était possible d’améliorer la force musculaire chez des athlètes d’endurance en entraînant simultanément la force musculaire et l’endurance. Au sein d’une population d’athlète homogène, l’économie de course et la vitesse maximale sur tapis roulant s’avèrent de meilleurs paramètres afin de prédire la performance que le VO2max. Conséquemment, la recherche s’est alors penchée sur les caractéristiques neuromusculaires ainsi que la capacité anaérobie des athlètes d’endurance et il a été démontré que les caractéristiques du systèmes anaérobie pouvaient expliquer la différence de performance d’individus entraînés en endurance et qu’un entraînement en puissance (heavy-resistance strenght training) pouvait amener une amélioration de la performance en endurance chez des athlètes sans modifier leur VO2max.

Le but de cette étude était d’évaluer les effets d’un entraînement en force explosive et en endurance sur la performance réalisée lors d’une course de 5 km. Deux groupes de sujets, qui ont suivi un entraînement en endurance (9 semaines) dont le volume d’entraînement était identique, ont été comparés. 32 % et 3 % du temps d’entraînement était dévolue à de l’entraînement en force explosive (sprints 20-100 m, sauts ainsi qu’extensions des jambes à vitesse maximale avec une charge légère, etc.) respectivement pour le groupe force-explosive (FE) et le groupe témoin (T). Les résultats démontrent que la performance sur 5 km, l’économie de course ainsi que la vitesse maximale aérobie sur tapis roulant se sont significativement améliorées chez le groupe FE mais non chez le groupe T. La vitesse maximale atteinte à 20 m et la distance parcourue après 5 sauts consécutifs étaient significativement augmentée chez le groupe FE et significativement diminuée chez le groupe T. Le VO2max s’est accru chez le groupe T et est demeuré inchangé chez le groupe FE. La conclusion de cette étude est donc que l’entraînement simultané de la force explosive et de l’endurance permet des adaptations au niveau de l’appareil neuromusculaire (hypothétiquement, un meilleur recrutement des unités motrices, l’acquisition de réflexes facilitant le mouvement des segments...) qui se répercutent en une amélioration de la performance sur 5 km sans modification du VO2max. En dépit du fait que la force explosive ne soit pas considérée par beaucoup comme un déterminant majeur de la performance sur 5 km, il est donc démontré que l’entraînement de cette qualité permet d’améliorer la performance. Il ne faut pas conclure pour autant que tous les athlètes de disciplines d’endurance devraient s’entraîner uniquement en force explosive ! À noter que la dominante de l’entraînement du groupe FE était toujours un entraînement en endurance et que ces athlètes étaient déjà bien pourvus au point de vue aérobie puisqu’ils affichaient un VO2max moyen d’environ 64 ml·kg-1·min-1 avant la tenue de l’étude. L’étude suggère donc que le travail de la force explosive chez les athlètes déjà entraînés en endurance peut s’avérer bénéfique.

Source primaire

Paavolainen L, Häkkinen K, Hämäläinen I, Nummela A et Rusko H J. Explosive-strength training improves 5-km running time by improving running economy and muscle power.  Appl Physiol 1999; 86(5):1527-33.

Rédacteur

François Désy
Ph. D. Département de kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur



Mots-clés

Caractéristiques neuromusculaires, entraînement en endurance, Analyse de la performance

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Sports ciblés

Athétisme, sports cycliques

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