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S148 - La consommation de Coca-Cola pendant l’effort améliore la performance en sports d’endurance

INTRODUCTION

De nombreuses études ont permis de démontrer les effets bénéfiques de l’ingestion de caféine sur la performance lors d’efforts sous maximaux et prolongés. Les mécanismes proposés pour expliquer ces bénéfices ont été notamment l’utilisation accrue des acides gras libres et/ou des triglycérides intramusculaires, ainsi que l’activation accrue du système nerveux central et/ou une amélioration de la fonction neuromusculaire.

La plupart de ces études ont été menées en utilisant des protocoles de tests sous maximaux, peu représentatifs de la réalité du réel effort de compétition. A ce jour, seule l’étude de Kovacs et al (1998), a permis de démontrer qu’une amélioration de la performance lors d’un effort maximal chronométré pouvait être constatée après l’ingestion d’une solution caféinée avant et pendant l’effort.

La présente recherche a nécessité deux études différentes et poursuivait les objectifs suivants:

Étude A

1)      Comparer les effets d’un protocole où l’ingestion de caféine à dose conventionnelle (6 mg/kg de poids corporel) a été réalisée 60 minutes avant le début de l’effort, aux effets d’un protocole où la caféine est ingérée tout au long de l’effort.

2)      Comparer les effets de l’ingestion de Coca-Cola dégazéifié consommé en fin d’effort avec ceux induits par l’ingestion de caféine tout au long de l’effort.

3)      Déterminer si l’ingestion de caféine à dose conventionnelle résulte en une concentration de caféine urinaire de 12 µg/mL, niveau à partir duquel la caféine était considérée comme produit dopant par le CIO.

Étude B

Dissocier les effets sur la performance de la caféine contenue dans le Coca-Cola de ceux provoqués par son fort contenu glucidique, à l’aide d’un protocole à double insu. En effet, il est de pratique courante chez les athlètes évoluant en sports d’endurance de consommer du Coca-Cola en remplacement des boissons d’effort conventionnelles. La présente étude visait une vérification de l’efficacité de cette stratégie.

SUJETS ET MÉTHODE

Douze cyclistes et triathlètes entraînés ont participé à l’étude A (âge = 27,1 ± 1,3 ans; poids =  76,6 ± 1,8 kg;  VO2max = 66,4 ± 1,3 mL/kg/min, volume d’entraînement en cyclisme > 250 km/semaine). Huit cyclistes et triathlètes entraînés de profils similaires ont participé à l’étude B (âge = 27,8 ± 2,1 ans; poids = 69,4 ± 1,1 kg;  VO2max = 71,2 ± 2,2 mL/kg/min.)

Lors des tests préliminaires chaque sujet a réalisé un test maximal progressif sur cycloergomètre à résistance électromagnétique. Lors de chaque test la consommation d’oxygène, le VO2max, la puissance aérobie maximale ont été mesurés ainsi que les différents paramètres ventilatoires. Les résultats obtenus lors des tests préliminaires ont été utilisés par la suite pour définir les intensités de travail lors des essais expérimentaux.

L’apport alimentaire ainsi que la consommation de caféine ont été standardisés et contrôlés lors des 48 heures précédant chaque essai expérimental. Chaque essai était précédé d’une collation standardisée à forte teneur glucidique (2 g CHO/kg). Durant l’effort, chaque sujet avait accès à une boisson sportive commerciale dont la composition était contrôlée (6,3 % glucides; 18 mmol/L sodium).

PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

Chaque essai expérimental consistait à réaliser 120 minutes sur cycloergomètre à une puissance équivalente à 70 % de VO2max. Ensuite, après une pause de 3 minutes, chaque sujet devait réaliser une épreuve chronométrée réalisée à une puissance minimale de 7 kJ/kg (~30 minutes).

Les sujets de l’étude A ont ingéré soit une solution contenant 6 mg/kg de caféine 1 heure avant le début de l’exercice, soit un placebo, soit 1 mg/kg de caféine chaque 20 minutes de l’épreuve, soit 2 x 5 mL de Coca-Cola entre les minutes 100 et 120 de l’épreuve sous maximale et lors de l’épreuve chronométrée.

Les consommations d’oxygènes, paramètres ventilatoires, concentrations plasmatiques et fréquences cardiaques ont été mesurées.

Lors de l’épreuve chronométrée, les athlètes ont consommé, soit 5 mL/kg d’une boisson riches en électrolytes et glucides, soit du Coca-Cola dégazéifié, selon la nature de l’essai expérimental. Les athlètes ont été encouragés verbalement et financièrement à produire la meilleure performance possible. Aucun prélèvement respiratoire ou sanguin n’a été réalisé durant cette épreuve.

Les huit sujets ayant participé à l’étude B ont été soumis au même protocole que ceux participant à l’étude B mais ont eu la possibilité de consommer du Coca-Cola dégazéifié durant les dernières 40 minutes et pendant toute la durée de l’épreuve chronométrée. Les volumes consommés étaient laissés à la discrétion des sujets.

RÉSULTATS

- L’ingestion totale de glucides à l’effort a été de 151 g chez les sujets ayant consommé des boissons contenant un placebo ou de la caféine et de 187 g chez les sujets ayant consommé du Coca-Cola.
- L’ingestion totale de caféine a été de 6 mg/kg chez les sujets ayant consommé des boissons caféinées et de 1,3 mg/kg dans le cas des sujets ayant consommé du Coca-Cola.
- Les concentrations urinaires post effort n’ont jamais dépassé la concentration limite de 12 µg/mL, peu importe la boisson consommée.
- Les taux d’oxydation des lipides et des glucides n’ont pas été affectés par l’ingestion de l’une ou l’autre des boissons.
- La perception subjective de l’effort de sujets ayant ingéré les boissons caféinées pendant l’effort a été inférieure à celle mesurée chez les autres sujets.

Tous les traitements caféinés auxquels ont été soumis les athlètes de l’étude A ont provoqué les mêmes améliorations de performance (~3%) lors de l’épreuve contre la montre. L’ingestion de Coca-Cola à permis d’améliorer la performance à un niveau identique à celui des autres boissons plus fortement caféinées.

LIMITES DE L'ÉTUDE

Cette étude ne permet pas d’identifier les mécanismes qui pourraient expliquer les améliorations de performance constatées après ingestion de boissons caféinées. Elle ne permet également pas de déterminer si les améliorations de performance sont le fruit de l’effet de la caféine sur les muscles sollicités à l’effort ou sur celui de son action sur le système nerveux central ou d’une modification des acides gras libres. Par ailleurs, une seule boisson gazeuse a été utilisée (Coca-Cola).

CONCLUSION

Cette recherche permet de tirer les conclusions suivantes:

- L’ingestion de caféine en concentration conventionnelle (6 mg/kg) avant ou pendant un effort de 120 minutes, permet d’améliorer la performance lors d’un effort maximal subséquent de 30 minutes.
- La consommation de Coca-Cola permet d’obtenir les mêmes effets bénéfiques sur la performance qu’une ingestion de caféine de 6 mg/kg, malgré une teneur en caféine moindre (1,3 mg/kg.)
- L’effet ergogène de la caféine semble se manifester à des dosages bien moindres que ceux utilisés jusqu’alors.
- L’ingestion de caféine dans les conditions proposées par les différents protocoles décrits dans cette étude ne permet pas de dépasser la concentration qui était autorisée par les règlements antidopage du Comité International Olympique, la caféine ayant été récemment retirée de la liste des substances interdites.

Source primaire

Cox GR et coll. Effect of different protocols of caffeine intake on metabolism and endurance performance J Appl Physiol 93:990–9, 2002.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Stratégie alimentaire, glucide, Caféine, endurance, ultra-endurance, ergogènes, Cyclisme, technologies appliquées à la performance sportive, santé de l'athlète

Lectures suggérées

Effect of caffeinated drinks on substrate metabolism, caffeine excretion, and performance J Appl Physiol 85(2):709-15, 1998.

Hogervorst E et coll. Caffeine improves cognitive performance after strenuous physical exercise Int J Sports Med 20(6):354-61, 1999.

Sports ciblés

Activités d’endurance, ultra-endurance, cyclisme, triathlon

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