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S151 - La fatigue et la douleur ne sont pas des stimuli essentiels à l’augmentation de la force

Il est bien connu que l’entraînement en résistance (musculation) augmente le développement de la force. On sait aussi que les contractions musculaires à haute intensité engendrent de grandes concentrations de métabolites musculaires (p. ex. acide lactique, ions H+), qui seraient associées aux phénomènes de fatigue et de douleur musculaires. Certains travaux laissent donc entendre que l’accumulation de métabolites durant l’entraînement en résistance serait un important déterminant du développement de la force et de l’hypertrophie musculaire.

La présente étude visait donc à déterminer si la fatigue et la douleur musculaires ainsi que l’accumulation de métabolites ont une réelle incidence sur le développement de la force. Deux protocoles d’entraînement ont été élaborés et administrés à deux groupes de volontaires non athlètes mais physiquement actifs. L’entraînement était réparti sur 9 semaines, à raison de 3 fois par semaine, et était axé sur le développement de la force du quadriceps à l’aide d’un appareil d’extension de la jambe à intensité variable. Les participants du protocole de basse fatigue (LF) devaient compléter 40 répétitions entrecoupées d’une période de repos de 30 secondes, ceci dans le but de minimiser l’accumulation de métabolites et la sensation de fatigue. Le groupe du protocole de haute fatigue (HF) devait compléter 4 séries de 10 répétitions avec un repos de 30 secondes entre les séries. La charge des deux protocoles était déterminée en fonction de la charge maximale (1 RM), et était évaluée et ajustée à chaque semaine. La charge de chacune des séances était établie à 75 % du 1 RM. Le groupe HF n’était pas en mesure de terminer les séances avec une telle charge. Pour permettre aux participants de compléter les séances, et ainsi maximiser l’accumulation de métabolites et la sensation de fatigue, la charge était diminuée lorsque cela s’avérait nécessaire. Ces diminutions de charge répétées ont abaissé la charge moyenne du protocole du groupe HF à 71,8 % du 1 RM.

L’écart le plus important entre les résultats des deux groupes a été observé à mi-chemin de l’étude (4,5 semaines), où le gain en force isométrique du groupe LF atteignait 8,9 %, tandis que le groupe HF présentait une augmentation de 13,3 %. Si le groupe HF a présenté une augmentation initiale plus rapide, ce taux n’a pu être maintenu, si bien qu’à la fin des 9 semaines d’étude, le groupe LF présentait une augmentation de 14,5 %, et le groupe HF de 18,2 %. Pendant la première semaine, le groupe HF a ressenti de vives douleurs musculaires alors que le groupe LF n’en a eu aucune. Par ailleurs, le 1 RM moyen du groupe LF est passé de 80 à 112 kg, et celui du groupe HF de 85 à 114 kg, respectivement des augmentations considérables de 40 % et 34 %.

Finalement, il n’y avait pas de différence significative entre les gains de force du groupe HF et ceux du groupe LF. On conclut que la fatigue et l’accumulation de métabolites ne s’avèrent pas des stimuli essentiels dans l’augmentation de la force et que des gains en force, comparables à ceux obtenus par des protocoles de haute fatigue, peuvent être atteints à l’aide de programmes d’entraînement incorporant de longues périodes de repos entre les répétitions, minimisant ainsi fatigue et douleur musculaires. Qui plus est, comme le groupe LF aurait pu compléter son protocole avec une charge supérieure à 75 % du 1 RM, ceci laisse croire qu’une charge supérieure, mais n’engendrant toujours pas de fatigue, de douleur, ou d’accumulation de métabolites, pourrait produire des gains supérieurs à ceux observés.

Ces résultats contredisent ceux d’une étude dont les résultats ont été publiés en 1994 (Rooney, Herbert et Balnave). Dans le cas d’athlètes qui se préparent pour des épreuves où l’un des déterminants de la performance est la capacité anaérobie, il faut peut-être tout de même mettre l’accent sur des séances où les répétitions et les séries sont organisées de sorte que le degré de fatigue soit élevé.

Source primaire

Folland JP et al. Fatigue is not a necessary stimulus for strength gains during resistance training British Journal of Sports Medicine 2002; 36:370-374.

Rédacteur

Xavier Bonacorsi
étudiant en kinésiologie, Université Laval

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

développement de la force, fatigue musculaire, Lactate, Entraînement en résistance, préparation à la performance

Lectures suggérées

Rooney KJ, Herbert RD, Balnave RJ. Fatigue contributes to the strength training stimulus. Medicine & Science in Sports & Exercise 1994; 26(9):1160-4.

Pincivero DM, Lephart SM, Karunakara RG. Effects of rest interval on isokinetic strength and functional performance after short-term high intensity training. British Journal of Sports Medicine 1997; 31(3):229-34.

Folland JP et al. Acute muscle damage as a stimulus for training-induced gains in strength.  Medicine & Science in Sports & Exercise 2001; 33(7):1200-5.

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