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S157 - La performance au niveau de la mer de coureurs à pied de haut niveau est améliorée après un stage en moyenne altitude.

INTRODUCTION

S’il a déjà été démontré qu’une acclimatation à la moyenne altitude (1500-3000 m) accompagné d’un entraînement intensif réalisé en basse altitude, permet d’améliorer la performance d’athlètes d’endurance entraînés, les effets d’une telle stratégie d’entraînement sur des athlètes d’élite, n’ont pas été démontrés à ce jour.

La présente recherche poursuivait l’objectif de mesurer les effets d’un entraînement en altitude de type « HiHiLo » chez des athlètes de haut niveau en période de compétition, et identifier si ces effets étaient similaires à ceux observés chez les athlètes de niveaux inférieurs.

SUJETS ET MÉTHODE

Quatorze hommes (âge = 25 ± 3 ans; taille = 179 ± 5 cm; poids = 63,6 ± 5,2 kg) et huit femmes ( âge = 24 ± 3 ans; taille = 168 ± 5 cm; poids = 53,3 ± 4,9 kg), tous coureurs à pied de haut niveau ont participé à l’étude. Tous étaient de niveau national (États-Unis) sur des distances allant de 1500 m au marathon. La moitié d’entre eux avait participé aux épreuves de sélection des Jeux Olympiques de 1996.

Le protocole expérimental consistait à soumettre les athlètes à :

1)      Une série de tests, réalisés au niveau de la mer, lors de la semaine précédant et suivant le séjour en altitude. Ces tests comprenaient une épreuve chronométrée de 3000 m sur piste; un test maximal progressif sur tapis roulant au cours duquel étaient mesurés la consommation d’oxygène maximale (VO2max), la consommation d’oxygène (VO2), la saturation artérielle en oxygène (SAO2), la fréquence cardiaque et la ventilation minute (VE);
2)      Un suivi hématologique régulier. Des prélèvements sanguins ont été effectués 3 jours avant le séjour en altitude, après la première nuit passée à 2500 m, après 19 jours en altitude, et 20 h après le retour au niveau de la mer. Les concentrations de ferritine, d’érythropoïétine et de transferrine soluble ont été mesurées;
3)      Un stage d’entraînement en altitude de 27 jours où les séances intensives (séances par intervalles) ont été réalisées à 1250 m d’altitude, le reste des séances d’entraînement ayant été réalisé entre 2000 et 2800 m (protocole HiHiLo). Au cours de ce séjour, chaque athlète recevait des suppléments de fer par voie orale (5- 45 mL/jour), en fonction de sa concentration de ferritine plasmatique. Le contenu de l’entraînement était dicté par le plan d’entraînement mis au point par l’athlète et/ou par son entraîneur. Le séjour en altitude a débuté 1 semaine après le championnat national d’athlétisme, lorsque les athlètes étaient au pic de leur forme physique de la saison.

RÉSULTATS

Après 27 jours d’entraînement en moyenne altitude, les effets sur la performance, les paramètres physiologiques et biologiques ont été similaires chez les hommes et les femmes. Quatre athlètes ont abandonné en cours d’expérience (blessures et infections).

EFFETS SUR LA PERFORMANCE

La performance sur 3000 m a été améliorée de façon significative (- 5,8 s en moyenne). Trois athlètes ont amélioré leur performance jusqu’à 23 s et un a vu sa performance chuter de 18 s. Un tiers des athlètes ont réalisé leurs meilleures performances personnelles après le stage en altitude.

PARAMÈTRES PHYSIOLOGIQUES

Le VO2max a été augmenté de façon significative (72,1 ± 1,5 à 74,4 ± 1,5 mL/kg/min), de même que la ventilation minute maximale. Une relation positive entre le pourcentage d’augmentation du VO2max et celui de la ventilation minute maximale a été observée (r = 0,67). Une relation plus faible mais néanmoins significative a également été observée entre le pourcentage d’augmentation du VO2max et celui du temps de course sur 3000 m (r = -0,48). La fréquence cardiaque maximale, la saturation artérielle en oxygène et le temps de course jusqu’à l’épuisement n’ont pas été modifié par le stage en altitude.

PARAMÈTRES BIOLOGIQUES

La concentration en hémoglobine a augmenté dès l’arrivée en altitude, s’est maintenue élevée pendant toute la durée du stage et lors du retour au niveau de la mer (pré-stage 13,3 ± 1,1; post stage 14,3 ± 1,1 g/dL). L’hématocrite a également augmenté lors du stage et s’est maintenu à des valeurs significativement supérieures aux valeurs initiales lors du retour au niveau de la mer (pré-stage 41 ± 2,5; post stage 42,8 ± 2,8 %).

La concentration en ferritine plasmatique, n’a pas été significativement modifiée par le stage en altitude. Toutefois, une tendance à la réduction a été observée, malgré l’administration de suppléments de fer lors du séjour. La concentration en érythropoïétine plasmatique a doublé après une seule nuit passée à 2500 m mais était revenue au niveau initial le 19e jour du stage.

Les concentrations de transferrine soluble ont significativement augmenté après 19 jours passés en altitude et sont revenues au niveau initial dès le retour au niveau de la mer.

LIMITES DE L'ÉTUDE

Cette étude comporte plusieurs limites :

1)      L’absence d’un groupe contrôle, effectuant un stage similaire au niveau de la mer, ne permet pas de déterminer clairement si les effets constatés sont le fruit de l’altitude proprement dite ou simplement celui de l’entraînement réalisé lors du stage.
2)      Le contenu des programmes d’entraînement n’a pas pu être rigoureusement contrôlé, compte tenu de la réticence que peuvent avoir des athlètes de pointe à modifier leur programme d’entraînement de façon importante en cours de saison.
3)      L’augmentation parallèle du VO2max  et de la ventilation minute maximale après le séjour en altitude reste inexpliqué.
4)      La durée du maintien des adaptations positives une fois de retour au niveau de la mer n’est pas précisée.

CONCLUSION

Cette étude démontre qu’un stage en moyenne altitude de 4 semaines, où les séances intensives sont réalisées à une altitude de 1250 m et où celles d’intensités moindres sont réalisées à une altitude de 2500 - 3000 m, est un moyen efficace pour améliorer la performance au niveau de la mer, de coureurs à pied de haut niveau.

L’ampleur et les mécanismes provoquant ces effets positifs sont similaires à ceux observés chez des athlètes de niveaux inférieurs.

Source primaire

Stray-Gundersen J, Chapman RF et Levine BD “Living high-training low” altitude training improves sea level performance in male and female elite runners J Appl Physiol 91(3):1113-20, 2001.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

préparation à la performance, endurance, altitude, hématocrite, entraînement, puissance aérobie maximale

Lectures suggérées

Saunders P U et coll. Improved running economy in elite runners after 20 days of simulated moderate-altitude exposure J Appl Physiol 96:931–37, 2004.

Levine BD Intermittent hypoxic training: fact and fancy High Alt Med Biol. 3(2):177-93, 2002.

Sports ciblés

Tout sport d’endurance, course à pied

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