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S168 - Le maintien d’une intensité modérée d’effort durant les 4 premières minutes d’une course cycliste contre-la-montre permettrait aux cyclistes d’améliorer leur performance.

INTRODUCTION

En cyclisme sur route, la course contre-la-montre est la seule épreuve où le cycliste roule seul et où la stratégie de gestion de l’effort individuel peut avoir une incidence déterminante sur la performance.

À ce jour, les rares travaux scientifiques portant sur l’optimisation de la gestion de l’effort en contre-la-montre n’avaient pas pour sujets des cyclistes entraînés, utilisaient des méthodes indirectes ou utilisaient des distances rarement rencontrées en compétition.

La recherche de Mattern et coll. poursuivait deux objectifs :

1) identifier une gestion de l’effort optimale pour les premières minutes d’une course cycliste contre-la-montre individuelle de 20 km et
2) cerner les mécanismes physiologiques permettant d’expliquer la stratégie optimale.

SUJETS ET MÉTHODE

Treize cyclistes masculins (âge = 22,7 ± 0,8 ans; poids = 77,1 ± 2,8 kg; pourcentage de
graisse = 8,3 ± 0,7 %; VO2max relatif = 64,2 ± 1,3 mL/kg/min; VO2max absolu = 4,9 ± 0,2
L/min; « seuil lactique » (SL) = 71,1 ± 1,4 % du VO2max) d’expérience et de niveau de
performance similaires ont réalisé une série de tests de laboratoire dont :

1) une mesure du VO2max, de la perception subjective de l’effort, de la lactatémie (LA) et de la fréquence cardiaque (FC) à chaque palier d’effort d’un test maximal progressif;
2) trois épreuves chronométrées de 20 km, réalisées à 3-7 jours d’intervalle, où la puissance lors des 4 premières minutes d’effort (environ 15 % de la durée totale de l’épreuve) était prédéterminée
et constante (puissance auto-régulée par le cycliste lors de la première épreuve (TT20AR),
puissance correspondant à + et – 15 % de la puissance auto-régulée pour les deux autres
épreuves TT20+15 et TT20-15). Une fois les 4 premières minutes de l’épreuve écoulées, le
cycliste devait compléter la distance restante le plus vite possible.

Les tests ont été réalisés sur le vélo de chaque cycliste, installé sur un simulateur de cycle (CompuTrainer™ RacerMate 8000). Les fréquences cardiaques ont été enregistrées à l’aide d’un cardiofréquencemètre Polar (Polar Electro Oy). Les mesures métaboliques (VO2, FR, QR, etc.) ont été enregistrées au moyen d’un analyseur Sensormedic et la lactatémie a été mesurée grâce à un analyseur portatif YSI Sports Lactate Analyser (Yellow Spring Instruments).

Les sujets devaient noter leur apport alimentaire quotidien ainsi que le type, le volume et l’intensité de l’entraînement réalisés et devaient faire en sorte que ceux-ci demeurent identiques pendant les 3 jours précédents chaque épreuve chronométrée. Les cyclistes avaient également pour consigne de considérer chaque test comme une compétition et s’abstenir d’effectuer des efforts intensifs au cours des deux jours précédant chaque test.

RÉSULTATS

Les durées d’effort nécessaires pour compléter les TT20AR, TT20-15 et TT20+15 n’étaient pas significativement différentes (respectivement 33,1 ± 0,38 min; 32,25 ± 0,38 min; et 32,7 ± 0,35 min). Toutefois, bien que les différences de performance observées entre les trois stratégies examinées n’aient pas été statistiquement différentes, 10 sujets sur 13 ont réalisé leurs meilleures performances lors du TT20-15. C’est lors de l’épreuve à allure auto-régulée que les cyclistes ont réalisé leurs moins bonnes performances.

Lorsque les performances réalisées lors des épreuves TT20-15 et TT20+15 sont comparées à celles du test TT20AR, et lorsque les différences observées sont exprimées en pourcentage, le TT20-15 (-2,54 ± 0,54 %) est significativement plus rapide que le TT20+15 (-1,15 ± 0,48 %).

La perception subjective de l’effort ainsi que les mesures métaboliques (VE, VO2, fréquence cardiaque à la minute 4 du test et lactatémie aux minutes 4 et 9) étaient tous inférieurs lors du TT20-15, comparativement au TT20AR et au TT20+15.

Les consommations d’oxygène absolues ainsi que celles exprimées en pourcentage du « seuil lactique » (mesurées lors des minutes 14, 19, 24 et 29 de l’épreuve) ont toutes été plus élevées lors du TT20-15 que lors du TT20AR et du TT20+15. Lors des 4 premières minutes d’effort, les cyclistes ont généré des puissances significativement différentes selon la stratégie utilisée (4,05 ± 0,17 watts/kg; 3,41 ± 0,09 watts/kg et 4,56 ± 0,11 watts/kg pour respectivement TT20AR, TT20-15et TT20+15). La puissance de travail aux minutes 9, 19 et 29 était plus élevée lors du TT20-15.

LIMITES DE L'ÉTUDE

Cette recherche comporte plusieurs limites :

1) le nombre de sujets n’est peut-être pas assez élevé pour révéler l’avantage d’une stratégie par rapport aux autres;
2) on ne sait pas si ses conclusions s’appliquent également à d’autres distances de course que 20 km;
3) on n’a pas vérifié quel serait l’effet de moduler de manière plus ou moins prononcée l’intensité de départ et ce, sur des durée plus ou moins grande que 4 minutes.

CONCLUSION

Cette recherche permet de croire que les cyclistes entraînés choisissent spontanément une stratégie de départ qui n’est peut-être pas la meilleure. Il apparaît également qu’un effort trop intense au cours des premières minutes d’une course cycliste contre-la-montre n’améliore pas la performance et peut provoquer une fatigue musculaire précoce. Pour s’assurer d’une performance optimale, il est peut-être préférable de maintenir un effort modéré lors des premiers moments d’une épreuve chronométrée. Il faudra toutefois démontrer l’efficacité d’une telle stratégie sur les distances les plus couramment rencontrées en cyclisme sur route.

Source primaire

Mattern C et al. Impact of Starting Strategy on Cycling Performance. International Journal of Sports Medicine 2001; 22(5):350-5.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Cyclistes, gestion de l’effort, puissance, seuil anaérobie, préparation à la performance

Lectures suggérées

Foster C et al. Pacing strategy and athletic performance. Sports Medicine 1994; 17(2):77-85.

Padilla S et al. Exercise intensity during competition time trials in professional road cycling. Medicine & Science in Sports & Exercise 2000; 32(4):850-6.

Sports ciblés

Cyclisme sur route, triathlon, duathlon, autres sports cyclistes

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