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S172 - Le temps requis pour atteindre l’épuisement sur ergocycle est semblable peu importe que le sujet ait réalisé un réchauffement actif, passif ou aucun réchauffement.

L’un des effets recherchés par les athlètes lors de l’exécution d’un réchauffement est l’augmentation de la température musculaire puisqu’on pense que cela prédispose favorablement le muscle à la réalisation d’un exercice d’intensité élevée. Il a déjà été démontré que l’augmentation de la température du muscle permettait une meilleure vitesse de contraction et améliorait par le fait même le temps requis pour générer une tension maximale. De plus, on a également rapporté une contribution plus importante du système aérobie lors d’un exercice à haute intensité réalisé après un réchauffement actif, ce qui s’avère favorable pour l’athlète. En ce qui a trait à l’effet de l’intensité des réchauffements, la littérature présente des résultats équivoques. Ainsi, certaines études rapportent qu’une augmentation de la température musculaire obtenue passivement améliore la performance ou encore est sans effet. Lorsque l’épreuve est immédiatement précédée par un réchauffement actif de faible intensité (30-60 % du VO2max), la puissance maximale développée et le temps requis pour atteindre l’épuisement s’améliore alors que si le réchauffement est plus intense (70-1000 % du VO2max), ces valeurs diminuent. Toutefois, si une période de 5 à 6 minutes sépare le réchauffement de l’exercice, on obtient alors une augmentation de la puissance maximale mais aucun changement du temps requis pour atteindre l’épuisement.

De l’avis des auteurs, l’absence d’études adéquates sur le sujet limite nos connaissances et par le fait même limite possiblement la performance des athlètes. Le but de la présente étude était donc de comparer l’effet de 3 types de réchauffement:
1- actif ou traditionnel,
2- passif, où l’on parvient à augmenter la température du muscle sans le contracter et 3 aucun réchauffement sur la performance lors d’un exercice subséquent de haute intensité.

Pour ce faire, 8 hommes ont utilisé, en des occasions différentes et dans un ordre aléatoire, chacun des réchauffements suivants: Actif: ergocycle à 40 % du VO2max, pendant 5 min, suivi d’1 min de repos, suivi de 4 X 15 sec à 120 % du VO2max avec 15 sec de repos entre chaque 15 sec d’effort; Passif: les sujets demeuraient assis dans une chambre où la température était maintenue à 45 oC avec 70 % d’humidité pendant environ 15 min soit jusqu’à ce que la température musculaire augmente à un niveau semblable à celle obtenue lors du réchauffement actif soit environ 36,9 oC. Un volume d’eau équivalent à la perte sudorale leur était administré avant l’effort; Témoin: les sujets demeuraient tout simplement assis dans le laboratoire.

L’exercice de haute intensité réalisée 5 min après la période de réchauffement consistait en une épreuve sur ergocycle à 120 % du VO2max pour une durée de 30 sec suivie d’1 min de repos et ensuite du maintien à 120 % du VO2max de l’exercice le plus longtemps possible. Le critère d’arrêt était l’incapacité du sujet de maintenir la cadence imposée de 120 rév • min–1 pour plus de 3 sec malgré des encouragements verbaux.

Tableau 1

Tel qu’on le retrouve au tableau 1, les résultats indiquent que la température musculaire (vaste latéral) s’est élevée d’environ 33,8 oC à environ 36,7 oC avec les réchauffements actifs et passifs alors qu’elle est demeurée stable pour le groupe témoin. En ce qui a trait à la réalisation de l’épreuve de haute intensité, la consommation d’oxygène s’est avérée supérieure chez les groupes actif et passif comparativement au groupe témoin. La différence de lactatémie avant et après l’exercice s’est révélée moindre chez le groupe ayant réalisé le réchauffement actif. Finalement, aucune variation n’a pu être observée en ce qui concerne le temps requis pour atteindre l’épuisement, étant donnée le coefficient de variation de 4,6 % du test lui-même (ce qui signifie que des performances équivalentes peuvent varier de 2 sec en raison du test lui-même).

Les résultats suggèrent donc une augmentation de l’apport aérobie à la fourniture de l’énergie accompagnée d’une plus faible accumulation de lactate chez le groupe actif. Selon les auteurs, le fait que l’accumulation de lactate soit moins élevée chez le groupe actif pourrait s’expliquer par une oxydation accrue du lactate conséquente au réchauffement actif et qui aurait perduré pendant la réalisation de l’épreuve.

Le fait que des performances semblables aient été obtenues peu importe la modalité de réchauffement employée tend à minimiser l’influence d’un réchauffement et de la température musculaire sur la réalisation d’une performance subséquente de haute intensité. La conclusion à tirer de la présente étude n’est certainement pas qu’un réchauffement est inutile avant la réalisation d’une épreuve sportive. Il est vrai que dans les conditions expérimentales les diverses modalités de réchauffement se sont avérées sans effets. Toutefois, les réchauffements sont des pratiques bien ancrées chez les athlètes de tous niveaux et ils ont vraisemblablement leur raison d’être. Ce que la présente étude permet de suggérer c’est que le bien fondé d’un réchauffement avant la réalisation d’une épreuve sportive pourrait reposer davantage sur des aspects psychologiques ou psychomoteurs que physiologiques. Conséquemment, le réchauffement optimal apparaît être un élément dont la conception se doit d’être individualisée et au goût de l’athlète.

Source primaire

Gray S , Nimmo M. Effects of active, passive or no warm-up on metabolism and performance during high intensity exercise. J Sports Sci 2001; 19:693-700.

Rédacteur

François Désy
Ph. D. Département de kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

fatigue, Lactate, muscle, Analyse de la performance

Lectures suggérées

Inger F, Stromme SB. Effects of active, passive or no warm-up on the physiological response to heavy exercise. Eur J Appl Physiol 1979; 40:273-82.

Campbell SP, Constantin-Teodosiu D, Lambourne J, Greenhaff PL. Warm-up exercise results in a better matching of glycolytic flux and oxydative flux during subsequent intense exercise in humans. J Physiol 1999; 521:98.

Febbraio MA, Carey MF, Snow RJ, Stathis CG , Hargraeves M. Influence of elevated muscle temperature on metabolism during intense dynamic exercise.Am J Physiol 1996; 40:R1251-R1255.

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