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S196 - L’utilisation d’un disque plus léger à l’entraînement altère t-elle la technique gestuelle ?

INTRODUCTION

Pour performer au lancer du disque, l’athlète doit réaliser, dans un cercle de 2,50 m de diamètre, un mouvement complexe associant simultanément un déplacement en translation et en rotation du système “ athlète – disque ”. De manière conventionnelle, ce geste peut être décomposé en 5 phases (Lindsay, 1991; Stepanek et Susanka, 1986) : la phase de départ en double appui (t1da) au cours de laquelle l’athlète est opposé à la direction du lancer, la phase de “ pivot ” en simple appui (t1sa), la phase aérienne (volte,ts), la phase finale en simple appui (t2sa), la phase finale en double appui (t2da) qui est associée au mouvement d’antépulsion de l’épaule (voir figure 1A: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=534&fichier=S196_figure1A%2bB.doc ). Ce type de mouvement complexe permet d'obtenir une vitesse d’éjection du disque très importante (Barlett, 1990). Les athlètes couronnés de succès dans ce sport, sont capables de tourner très vite à l’intérieur du cercle de lancer, ce qui permet d'augmenter la vitesse du disque, pendant toute la durée du mouvement (Barlett, 1990). Afin d’optimiser cette technique, le lanceur multiplie le nombre de lancers effectués à l’entraînement. C’est pourquoi, pour limiter les risques de blessures, beaucoup d'entraîneurs préconisent l’utilisation d’un disque plus léger (1,7 kg) lors de certaines séances d’entraînement. Néanmoins aucune donnée expérimentale n'a démontré la complémentarité de la technique utilisée avec un disque plus léger comparativement à un disque de compétition (2 kg).

Nous présentons ici les résultats d’une étude concernant l’influence de la masse du disque (1,7 vs. 2 kg) sur le pattern gestuel du lanceur en général et sur l’évolution des paramètres cinématiques et électromyographiques, l’analyse électromyographique permettant d’étudier le niveau d'activation des principaux muscles sollicités au cours des différentes phases du lancer (Finanger In Barlett, 1990) (voir figure 1B: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=534&fichier=S196_figure1A%2bB.doc ).

MATERIEL ET METHODES

Quatre lanceurs de haut niveau (âge : 23 ± 3 ans, poids : 108 ± 19 kg, taille : 190 ± 6 cm) ayant une performance personnelle d’environ 57 ± 3 m, ont participé à l'étude. Au cours d’une même session, ils ont exécuté dans un ordre aléatoire 12 jets successifs (six avec chacun des disques de 1,7 et 2kg). L’expérimentation s’est déroulée dans un stade couvert. Le lâcher s’effectue dans un filet de sécurité disposé à une quinzaine de mètres devant le lanceur, et de ce fait, la distance de jet à été calculée en fonction de la vitesse d’éjection, de la hauteur et de l'angle de lâcher du disque. Seuls les jets dont la distance était supérieure à 80 % de la meilleure performance individuelle étaient pris en compte dans cette analyse. Méthodes : L’enregistrement des données cinématiques était réalisé au moyen de 3 caméras numériques, permettant de reconstruire le mouvement en 3 dimensions par une méthode de DLT (Direct Linear Transformation, Marzan and Karara, 1975). L’activité électromyographique de surface (sEMG) était enregistrée (appareil “ embarqué ”) sur 9 muscles côté lanceur (Biceps Brachii, Biceps Femoris, Deltoideus Anterior et Medialis, Latissimus Dorsi, Obliquus Externus, Pectoralis Major, Trapezius pars descendens, Triceps Brachii, Vastus Lateralis) et 2 muscles côté non lanceur (Erector Spinae, Obliquus Internus). Le signal sEMG a été intégré (EMGi) et normalisé par rapport à l'activité sEMG maximale recueillie préalablement au cours d'un test spécifique à chaque muscle étudié.

RESULTATS

La vitesse d’éjection et la distance parcourue par le disque après le lâcher sont plus importantes pour le disque léger (respectivement 21,12 ± 1,06 m.s-1 et 47,75 ± 0,99 m avec le disque de 1,7 kg ; 19,62 ± 0,46 m.s-1 et 42,66 ± 2,88 m avec le disque de 2 kg). Cette différence semble liée à une variation de la vitesse du disque plus importante pendant la phase finale en double appui (t2da) ; (12,93 ± 1,36 m.s-1 avec le disque de 1,7 kg et 11,04 ± 1,01 m.s-1 avec le disque de 2 kg). En outre, concernant les 4 phases précédentes, l’analyse cinématique ne montre aucune influence de la masse du disque sur la variation de vitesse ou sur leur durée (voir tableau 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=534&fichier=S196_figure1A%2bB.doc ). La durée totale du mouvement reste la même quelle que soit la masse du disque (1,40 ± 0,25 s et 1,42 ± 0,24 s avec les disques de 1,7 ou 2 kg). La sommation de quantités électriques (iEMG) pour l’ensemble des muscles analysés semble être plus importante pour les lancers réalisés avec le disque léger (voir tableau 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=534&fichier=S196_tableau1.doc ) et en particulier pour les muscles qui ont été activés pendant la phase (t2da) : (Deltoideus Anterior et Biceps Brachii).

DISCUSSION ET CONCLUSION

Ces résultats ont montré que la gestion de la vitesse du disque, est la même pour les deux conditions de lancer. La chronologie de la mise en action des muscles semble être identique pour tous les muscles analysés et ce, indépendamment de la masse du disque. Il a été remarqué, que pour un disque d’une masse de 2 kg, l’activité électromyographique (iEMG) est toujours plus importante pour le Deltoideus Anterior, (DA) pendant la phase (t2da). Au contraire pour le Deltoideus Medialis (DM), l’activité iEMG, semble plus grande pendant la phase (t1sa). Ces résultats suggèrent qu’un disque plus léger peut être utilisé à l’entraînement sans altération de la technique gestuelle. Cette pratique peut permettre de diminuer le stress dû aux contraintes mécaniques d’un disque lourd et le risque de blessure pendant les stages d’entraînement, particulièrement pour des débutants engagés dans un processus d'apprentissage.

Source primaire

Évolution des paramètres cinématiques et electromyographiques Dinu, D., Levêque, JM., Natta, F., Vandewalle, H., Portero, P. 2004 Sciences et Sport, 19(4) : 189-192.

Rédacteur

Daniel Dinu
Ingénieur d’Etudes, Doctorant en Biomécanique : Mécanique des Systèmes Biologiques

Éditeur

Jean-Michel Leveque
Doctorat STAPS, Membre du Laboratoire de biomécanique et physiologie INSEP

Mots-clés

biomécanique, cinématique, électromyographie, Technique, Analyse de la performance

Lectures suggérées

Bartlett, R.M. The biomechanics of the discus throw. 1990 Proceedings of the First International Conference on Techniques in Athletics, Vol. 1, pp. 126.

Lindsay, M. Biomechanical analysis of the discus. 1991 In: Report on the 1990 Championship in Athletics, vol. 1, (pp. 47-53): The throws (Ed), Bartlett, R.M.; Alsager : Crewe and Alsager College of Higher Education.

Marzan, T. et Karara, H. M. Direct linear transformation from comparator coordinates into object space coordinates. 1975 In "Close-range photogrammetry". Proceedings of the Symposium on Close Range Photogrammetry, 1-18.

Stepanek, J. et Susanka, P. Discus throw : Results of a biomechanics study. 1986 New Studies in Athletics, 1,25-36.

Sports ciblés

Athlétisme, lancer de disque

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