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S293 - L'application locale de froid améliore la récupération musculaire

Les douleurs musculaires d'apparition retardée ou DOMS (Delayed Onset Muscle Soreness) –que l'on appelle communément « courbatures » – sont fréquentes lors de la pratique du sport. Elles sont provoquées par des microdommages musculaires et apparaissent avec un délai variable de 12 à 48 heures, à la suite d'un travail musculaire excentrique et/ou inhabituel, altérant la performance de manière durable. Le froid est utilisé depuis de nombreuses années dans le traitement de pathologies musculaires. Son action est multiple. Outre son action antalgique, la réduction de la formation de l'œdème, il permet également de ralentir le métabolisme cellulaire permettant ainsi aux cellules saines limitrophes du traumatisme de survivre à l'hypoxie subséquente à ce dernier. Bien que l'ensemble de ces actions soit pertinent pour l'élaboration de programmes de récupération musculaire, une grande partie de ces études a été réalisée chez l'animal, rendant une éventuelle transposition chez l'Homme hasardeuse.

L’article de Yanagisawa et coll. propose donc d’évaluer l’effet du refroidissement musculaire post-effort sur la formation de l’œdème et les douleurs musculaires induites par les microdommages musculaires. Deux groupes de sept sujets ont été testés (i.e. groupe contrôle et groupe froid). Il a été demandé à chaque sujet de réaliser, sur un ergomètre spécifique, 5 séries de 12 répétitions (une minute de récupération entre les séries) de squats à 30 % de la force maximale (mesurée en concentrique), alternativement en concentrique et excentrique. Le but de cet exercice était d’induire des dommages musculaires importants au niveau du Triceps surae. L’œdème a été évalué par des Images par Résonance Magnétique (IRM) de la jambe, réalisées avant puis 24, 48, 96 et 168 heures après l’exercice. Les évaluations de la douleur musculaire ont été faites au cours d’un test de marche par l’intermédiaire d’une échelle visuelle analogique, aux mêmes moments que les mesures IRM. Environ 5 minutes après la fin de l’exercice musculaire fatigant, les sujets du groupe « froid » ont été immergés 15 minutes (jusqu’aux hanches) dans un bain d’eau froide (i.e. 5 °C). Bien que la perception de la douleur ne soit pas différente entre les groupes au cours des 168 heures suivant l’exercice, les mesures IRM mettent en évidence, 48 heures après la fin de l’exercice, la formation d’un œdème sur le Gastrocnemius medialis pour le groupe contrôle (figure 1) alors qu’aucun œdème n’est détecté pour le groupe « froid ».

Le travail ne s’intéresse pas directement à l’effet de la limitation de l’œdème sur la performance musculaire et sous-maximale. Et peut-être que d’autres techniques (i.e. massage, hydrothérapie, électromyostimulation, cryothérapie à air froid…) donnent de meilleurs résultats. Néanmoins ces résultats sont à prendre en compte parce qu’il a été démontré qu’un œdème important peut augmenter les dommages musculaires. Cette limitation du phénomène inflammatoire par l’application du froid présente un intérêt majeur pour la récupération musculaire (i.e. sportive).

Source primaire

Yanagisawa O et coll. Evaluations of cooling exercised muscle with MR imaging and 31P-MR spectroscopy. Med Sci Sports Exerc 2003;35(9):1517-1523.

Rédacteur

François Hug
Enseignant-chercheur, INSEP, département des sciences du sport, laboratoire de biomécanique et physiologie
https://extra.campus-insep.com/

Éditeur

Christine Hanon
Docteur et responsable de laboratoire au département des sciences du sport de l’INSEP

Mots-clés

IRM, œdème, courbature, excentrique, récupération

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