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S718 - Il existe des liens entre relations sociales, perceptions de soi et désordres alimentaires chez les athlètes d'élite féminines

Les désordres alimentaires (DA), ou attitudes alimentaires déséquilibrées, désignent l’ensemble des attitudes inadaptées liées à l’alimentation et des comportements de contrôle du poids, s'étendant des restrictions sérieuses jusqu’aux habitudes de consommation qui aident à perdre du poids ou à maintenir un corps mince (Hobart & Smucker, 2000). L’adolescence apparaît comme une période particulièrement propice à l’émergence des DA, à laquelle les jeunes sportifs n’échappent pas (Petrie & Greenleaf, 2007). Ces sportifs sont particulièrement soumis à ces déséquilibres de par des restrictions inadaptées en lien avec des croyances contraires aux processus diététiques et une problématique liée au volume des aliments. La recherche de perte de masse grasse est toujours conduite chez ces sportifs dans une perspective de performance. Le rôle respectif des différents acteurs (i. e. parents, médias et pairs) dans l’émergence des désordres alimentaires a été examiné chez les adolescents tout-venant ; cependant, aucune étude similaire n’a été conduite, à ce jour, dans le contexte des activités physiques et sportives. L’objet de cette étude a donc consisté à tester un modèle hypothétique examinant les liens entre des variables interpersonnelles et les DA, par le biais des perceptions de soi.

Méthode: L’échantillon était constitué de 227 sportives d’élite volontaires âgées de 12 à 18 ans (Mâge = 15,75 ; écart type = 3,00), pratiquant un sport esthétique.

Ces adolescentes pratiquaient depuis au minimum sept années (M = 8,78 ; écart type = 1,12), à un niveau national. Les 22 danseuses ont été écartées des analyses car elles ne présentaient pas un profil de réponse semblable aux autres sportives. Les participants ont rempli quatre questionnaires :

(a) Le Sport Friendship Quality Scale (SFQS) de Scoffier et al. (2009) ; (b) L’adaptation du SFQS aux entraîneurs ; (c) Quatre sous-échelles du Self Description Questionnaire (Marsh, 1990) pour mesurer la qualité de la relation avec les parents, l’acceptation sociale des pairs, l’habileté physique perçue et l’apparence physique perçue ; et (d) L’Eating Attitude Test de Garner, Olmsted, Bohr et Garfinkel (1982).

Résultats: Le modèle testé a présenté des indices d’ajustement aux données acceptables (khi² = 342,77 ; N = 205 ; ddl = 303, p < .01 ; CFI = .92 ; TLI = .91 ; RMSEA = .068). Les résultats obtenus montrent :

(a) des relations négatives entre la qualité de la relation avec les parents et l’intensité des DA (bêta = .09, p < .05), et entre l’acceptation sociale des pairs et l’intensité des DA (bêta = .13, p < .05) ;

(b) que la qualité de la relation avec l’ami en sport (bêta = .23, p < .05) et avec l’entraîneur (bêta = .17, p < .05) est positivement reliée à l’habileté physique perçue, elle-même étant positivement associée à l’intensité des DA (bêta = .37, p < .05).

Discussion: La présente étude a permis de mettre en évidence une relation négative entre la qualité de la relation avec les parents, l’acceptation sociale des pairs et les désordres alimentaires ; une relation positive entre la qualité des relations avec l’entraîneur et l’ami en sport et l’habileté physique perçue elle-même positivement reliée aux désordres alimentaires (voir figure 1 : https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=5&fichier=S718_figure1.doc ). Cette recherche met donc en évidence des liens intéressants et paradoxaux concernant l’influence de la qualité des relations avec l’entraîneur et l’ami en sport qui pourraient constituer des facteurs indirects de risque des désordres alimentaires, tandis que la qualité de la relation avec les parents et l’acceptation sociale des pairs constituent un facteur protecteur des désordres alimentaires. Les liens entre la qualité des relations sociales et les désordres alimentaires, peu explorés à ce jour, méritent donc d’être l’objet de recherches plus approfondies. Ceci devrait enrichir nos connaissances relatives à la prévention des désordres alimentaires chez les sportifs et avoir des retombées dans le domaine de la formation des sportifs eux-mêmes aux processus diététiques et à l’autorégulation des comportements alimentaires. Cette étude pourrait aussi compléter la formation à la compétence diététique, à l’accompagnement des entraîneurs et des cadres sportifs des fédérations françaises sportives concernées, à la préparation mentale et à la préservation de la santé des sportifs.

Source primaire

Scoffier S, Maïano C & Arripe-Longueville F. The effects of social relationships and acceptance on disturbed eating attitudes in elite adolescent female athletes: The mediating role of physical self-perceptions. International Journal of Eating Disorders 2009;DOI 10/1002/eat20597.

Rédacteur

Stéphanie Scoffier
CTN sports de glace et doctorante à l’université de Nice Sophia Antipolis (UFR STAPS), France

Éditeur

Véronique Rousseau
diététicienne à l'INSEP et Christophe Hausswirth, chercheur à l'INSEP

Mots-clés

Amitié, acceptation sociale, habileté perçue, attitudes alimentaires, sport de haut niveau

Lectures suggérées

Petrie TA & Greenleaf CA. Eating disorders in sport: From theory to research to intervention. In G. Tenenbaum (Eds.), Handbook of Sport Psychology, 3rd Edition (pp. 352-378). New York: Wiley & Sons, 2007.

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