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S350 - L’extension isocinétique du genou et le saut vertical : sont-ils reliés ?

Lorsqu’il est question de prédire la performance d’un athlète, plusieurs types de tests peuvent être utilisés. Il est important de pouvoir choisir les tests qui se rapprochent le plus du sport pratiqué. Pour la puissance des membres inférieurs, la plupart des entraîneurs utiliseront soit le saut vertical ou l’extension du genou sur appareil isocinétique. Est-ce que le test d’extension du genou pourra prédire aussi bien que le saut vertical la performance d’un athlète? Cette recherche propose d’examiner les différences mécaniques de l’extension du genou entre ces deux tests et d’établir la relation entre la puissance développée au niveau de l’articulation du genou lors de l’extension du genou et du saut vertical. En comparant ces deux tests, il fût établi qu’il existe une relation significative entre le saut vertical et l’extension du genou sur appareil isocinétique seulement à une vitesse angulaire spécifique.

L’étude utilisa cinq athlètes âgés ente 20 -26 ans, mesurant entre 1.75 -1.99 m et pesant entre 65 – 92 kg. Tous ces sujets n’avaient jamais eu de problèmes musculaires et s’entraînaient au moins trois fois par semaine dans leur discipline respective. Ils furent tous testés de la même façon.

TEST ISOCINÉTIQUE DU GENOU

Après un échauffement d’environ 5 minutes, les sujets devaient effectuer cinq extensions du genou gauche, de nature concentrique et ce à quatre vitesses angulaires différentes. Une période de repos de deux minutes était allouée entre chaque extension du genou. Quatre méthodes de calcul différentes furent utilisées pour déterminer la puissance articulaire du genou. Ces méthodes donnent des valeurs de puissance de pointe différentes selon les valeurs de force et de vitesses utilisées pour calculer la vitesse de pointe. Ces quatre puissances de pointe ont été mesurées à quatre vitesses angulaires variant de lente à rapide (0.52, 1.57, 3.14, et 5.23 rad · s/1 ).

TEST DU SAUT VERTICAL

Les athlètes étaient positionnés sur une plaque de force. Après un échauffement de cinq minutes, les participants devaient effectuer trois sauts verticaux à partir d’un angle de flexion du genou de 90° et en ayant les bras croisés au niveau de la poitrine. L’utilisation d’un élan (pré saut) était interdite et les sauts non conformes ne furent pas comptabilisés. Une période de repos d’une minute était allouée entre chaque saut. Le meilleur saut fut utilisé pour les analyses.

Pour le test du saut vertical, il est présumé que les deux jambes contribuent également à la poussée. Puis, pour comparer les deux tests, les résultats du saut vertical on été divisés par deux. Les différences entre les moments de puissance, sont calculées par les quatre méthodes de calcul à chaque angle du test isocinétique. La relation entre les puissances développées et calculées par les 4 méthodes du test isocinétique et celle du test du saut vertical sera calculée par le coefficient de corrélation de Pearson et par comparaison des valeurs moyennes obtenus au moyen d’une analyse de variance.

La puissance du saut vertical est plus élevée (2255 ± 434 W) que celle du test isocinétique (771 ± 81 W). La vitesse de pointe du mouvement articulaire du genou est aussi plus rapide durant le saut vertical par rapport à la vitesse de pointe du test isocinétique réalisé à vitesse élevée. De plus, le saut vertical a produit un moment plus grand que celui du test isocinétique (231 ± 41 N·m  vs 159 ± 35 N·m ) en ne respectant pas le protocole de la procédure des tests en terme de vitesse et d’angles.  

Lors du test sur appareil isocinétique, aucun des athlètes ne furent capable d’atteindre la vitesse angulaire qu’ils atteignirent lors du saut vertical. Une forte corrélation fut observée entre les moments de puissances du saut vertical et de l’extension du genou sur appareil isocinétique avec la quatrième méthode de calcul à la vitesse angulaire la plus élevée (5.23 rad · s/1).

Lors du test du saut vertical, l’effet de saut active tous les muscles des membres inférieurs et leurs articulations. L’habileté de l’athlète à sauter sera influencée par l’action bi articulaire des muscles. Ceci causant un transfert d’énergie entre les articulations, ce qui affectera le rendement mécanique de l’articulation du genou. Du même coup, la puissance sera augmentée. Par opposition, le test isocinétique a un effet stabilisateur sur les articulations et seuls les muscles extenseurs du genou seront mis à contribution. Le test isocinétique limite la vitesse angulaire du genou  en comparaison au saut vertical. Durant le saut vertical, les deux jambes sont utilisées pour le saut, ce qui auraient peut-être eu comme effet de masquer les asymétries puisque qu’une seule plaque de force était utilisée.

Le test isocinétique peut être très utile en réadaptation et pour l’analyse de muscles isolés. Il devrait être utilisé seulement pour prédire les performances fonctionnelles des athlètes. Il est important de tenir compte des différences musculaires et articulaires spécifiques à chaque activité. Le test isocinétique ne devrait pas être utilisé à des vitesses lentes pour prédire la performance au saut vertical. Les vitesses élevées démontrent une meilleure corrélation entre les deux tests à condition que la bonne méthode de calcul de la puissance pour le test isocinétique soit utilisée, c’est-à-dire celle où la puissance est calculée à partir de la vitesse angulaire constante (excluant les phases d’accélération et de décélération en début et fin de mouvement) et la force la plus élevée durant cette phase (méthode IV).

Le saut vertical utilise les deux jambes et implique plusieurs muscles des membres inférieurs. De plus, la vitesse angulaire du genou n’est pas limitée et il y a transfert d’énergie entre les articulations.

Source primaire

Iossifidou, A., Baltzopoulos, V., & Giakas, G. (2005). Isokinetic knee extension and vertical jumping : Are they related? Journal of Sports Sciences, 23, 1121-1127.

Rédacteur

Vicky Bouffard, Geneviève Gosselin et Olivier Versailles
Étudiants en kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

saut vertical, puissance, extension des genoux, articulations

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Iossifidou, A., Baltzopoulos, V. (1998). Inertial effects on the assessment of performance in isokinetic dynamometry. International Journal of Sports Medecine, 19, 567-573.

Iossifidou, A., Baltzopoulos, V. (2000). Peak power assessment in isokinetic dynamometry. European Journal of Applied Physiology, 81, 158-160.

Jameson, T. D., Knight, K. L., Ingesoll, C. D., & Edwards, J. E. (1997). Correlation of isokinetic, isometric, isotonic strenght measurements with one-leg vertical jump. Isokinetics and Exercice Science, 6, 203-208.

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