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S354 - Une combinaison d’entraînement en explosivité et en résistance de haute intensité améliore les performances des cyclistes de haut niveau

Les entraîneurs et les chercheurs qui travaillent avec des athlètes pratiquant des disciplines d’endurance comme le cyclisme sur route ont étudié et appliqué plusieurs méthodes d’entraînement afin de tenter d’augmenter la performance de leurs athlètes. Outre l’entraînement spécifique en endurance, les deux méthodes d’entraînement sur lesquelles ils ont le plus porté d’attention ont été celles en résistance de haute intensité afin de travailler le côté anaérobie lactique et de l’entraînement en explosivité pour améliorer la puissance. Plusieurs études récentes démontrent que des athlètes en sports d’endurance ont obtenu des gains intéressants dans leur performance lorsqu’une partie de leur entraînement durant la saison morte comportait soit un entraînement en résistance de haute intensité ou bien en explosivité. Étonnamment, aucune étude expérimentale n’avait porté sur une combinaison de ces deux méthodes d’entraînement intégrées dans l’entraînement habituel en endurance des cyclistes durant la partie compétitive de l’année. En réalisant cette étude, il fût clairement établi que ce type d’entraînement avait des effets bénéfiques sur plusieurs paramètres de performance et sur des mesures physiologiques importantes des athlètes d’endurance comme les cyclistes sur route.

Pour en arriver à ces résultats, 18 cyclistes sur route ayant un minimum de trois ans d’expérience en compétition ont été divisés au hasard en deux groupes de 9. Un groupe a poursuivit son entraînement régulier tandis que l’autre a remplacé 30 minutes de son entraînement régulier par une combinaison d’entraînement à haute intensité et d’explosivité. Pour le groupe expérimental, la nouvelle partie de leur entraînement était constitué de 12 séances de 30 minutes échelonnées sur une période de 4 à 5 semaines avec une fréquence de 2 à 3 fois par semaine dépendamment des disponibilités de chacun. Pour chaque séance, la partie explosivité était constituée de 3 séries de 20 sauts à une jambe (20 jambe gauche /20 jambe droite). Pour la partie de résistance à haute intensité, les cyclistes étaient soumis à 3 séries de sprint de 5 répétitions où chaque répétition durait 30 secondes à une vitesse de  60-70 rpm. Ils ont eu droit à 30 secondes de récupération entre chaque série. Les séries explosivité/résistance à haute intensité se déroulait en alternance avec 2 minutes de récupération entre les séries.

Plusieurs mesures ont été prises afin d’évaluer les effets de ce type d’entraînement. Les tests ont été réalisés sur une période de 4 jours, soit 2 jours pour les tests pré-entraînements et 2 pour les tests post-entraînements. Les tests étaient les mêmes avant et après l’entraînement. Tous les cyclistes devaient se soumettre à 4 différents tests, deux le premier jour et deux le deuxième. Lors du premier jour, il y avait le test de pic de puissance afin de déterminer la puissance maximale. Vingt minutes après ce test, il y avait un contre la montre de 4 km pour mesurer la puissance moyenne. Le lendemain, les cyclistes devaient se livrer à un test sous-maximal à 2 niveaux (60 et 80 % de leur pic de puissance) pour déterminer le coût en oxygène ainsi que le profil de lactate. Puis, vingt minutes après ce test, il y avait le 1 km contre la montre également pour mesurer la puissance moyenne.

Dans l’analyse des résultats, on a comparé le pourcentage d’amélioration des tests post-entraînements versus les tests pré-entraînements. On a noté une différence marquante entre le groupe expérimental et le groupe contrôle. La puissance moyenne du groupe expérimental a augmenté de 8.7 % en moyenne pour le contre la montre de 1 km et de 8.4 % en moyenne pour celui de 4 km. Pour ce qui est de la puissance maximale, elle a fait un bond de 6.7 % en moyenne. Au niveau des mesures physiologiques, le coût en oxygène a diminué de 3.2 % en moyenne et le profil de lactate a augmenté de 5.5 % en moyenne pendant que toutes ces mesures ne fluctuaient pas de façon significative chez le groupe contrôle.

Voici le tableau des résultats en % de changement : https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=371&fichier=S354_tableau1.docx

Selon les auteurs, ces résultats s’expliquent en partie par le fait que le seuil de lactatémie soit repoussé provoquant une diminution du coût en oxygène. Selon eux, le seul mécanisme pouvant expliquer une augmentation de la performance en endurance est une économie d’oxygène, ce qui expliquerait l’augmentation de 8.4 % en moyenne lors du contre la montre de 4 km. Toutefois, l’augmentation de performance lors du 1 km serait attribuable à une adaptation de l’activation neuromusculaire. Il serait possible que l’entraînement en explosivité produise une augmentation de la fréquence de décharge des unités motrices musculaires.

Ces résultats démontrent que remplacer une partie de l’entraînement habituel en cours de saison par 12 sessions d’entraînement combinées d’intervalle de résistance à haute intensité et d’explosivité produit des effets bénéfiques sur les mesures laboratoires de sprints et d’endurance de cyclistes déjà bien entraînés. Cette augmentation de performance semble être partiellement due à une augmentation de l’efficacité à l’exercice et serait très profitable pour les cyclistes ou tout autre athlète d’endurance lors d’un contre la montre et lors d’étape où il devra effectuer plusieurs efforts de courte durée à très haute intensité.

Source primaire

CD. Paton, WG Hopkins, Combining explosive and high-resistance training improves performance in competitive cyclists. Journal of Strength and Conditioning Research; p.826-30, vol. 19, 2005.

Rédacteur

Louis-Philippe Sauvé, Éric Arseneau
Étudiants en kinésiologie, Département de kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

Athlète, efficacité, endurance, puissance, Cyclisme

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Sports ciblés

Sports sollicitant l’explosivité et l’endurance, cyclisme

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