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S402 - Les exercices de flexibilité n'ont pas d'effets négatifs sur la contraction maximale volontaire

La mode entourant les exercices de flexibilité a bien changé au fil des décennies. Mais qu’en est-il de leur influence sur la performance des sportifs? C’est ce qu’a tenté de savoir les chercheurs de cette étude en déterminant les effets des exercices de flexibilité statiques sur la contraction volontaire maximale.

Ces conclusions ont été obtenues en étudiant dix hommes âgés entre 18 et 21 ans, tous étudiants en science de l’activité physique. Spécifions qu’aucun d’entre eux n’avait eu de récente blessure au niveau des membres inférieurs. L’expérience consistait en dix minutes de jogging sur tapis roulant à 40% de la fréquence cardiaque maximale suivi, dans un premier temps, de la mesure de la force de contraction volontaire maximale et de l’activité électromyographique des principaux muscles du membre inférieur (ischio-jambiers, quadriceps, gastrocnémiens) et dans un deuxième temps, suivi d’une routine aléatoire de sept exercices d’étirements prédéterminés avant de prendre les mesures. Ces deux tests ont été faits à une semaine d’intervalle. La force maximale isométrique a été mesurée en position assise, avec un angle au genou de 120°, correspondant à la position optimale de force des sarcomères. Le sujet devait contracter les muscles des membres inférieurs le plus rapidement et le plus fort possible durant 3 secondes. Deux essais étaient effectués à un intervalle de 3 minutes et le meilleur résultat était compilé pour les statistiques.

Plusieurs variables ont été mesurées lors de l’étude dont la contraction maximale volontaire et le temps nécessaire à l’atteinte de la CMV ainsi que l’activité électromyographique de trois groupes musculaires soit les ischio-jambiers, les quadriceps et les gastrocnémiens.

La variation la plus significative se situe au niveau des résultats de l’activité électromyographique. Bien que peu d’écart soit remarqué pour les quadriceps et les gastrocnémiens, une différence de 21% a été enregistrée entre les deux tests pour les ischio-jambiers.

Il est certain que ces résultats sont directement attribuables au choix des exercices d’étirement et à la durée de la routine. D’ailleurs, les chercheurs ont utilisé les exercices les plus courants dans les sports et les programmes de réhabilitation. Le fait que le quadriceps soit le seul groupe musculaire à avoir été étirer plus d’une fois ne semble pas avoir d’incidence significative. Le facteur qui aurait contribué à l’obtention de ces résultats  est l’angle de flexion du genou lors des tests. Dans ce protocole, l’angle était de 120° car des études antérieures ont démontrées que ce serait la position optimale où les sarcomères peuvent engendrer leur force maximale.

Pour ce qui est de l’activité électromyographique, on explique que les exercices d’étirement peuvent changer le modèle de recrutement des unités motrices où les unités près de la surface du muscle seraient inhibées et où les unités  profondes seraient plus actives. Mais ces inhibitions ne changeraient en rien les résultats sur les CMV et le temps pour les atteindre.

Par contre cette étude a ses limites. Les résultats sont obtenus par des contractions isométriques, ce qui est fort peu pertinent lors d’une application spécifique dans les sports en général. En effet, peu d’activités demandent des contractions isométriques à un angle donné.

D'autre part, le fait que la majorité des paramètres n’aient pas subi de changements majeurs est important en réhabilitation car on sait qu’on ne cause pas de retard ou de dégradation de la force lorsque l’on travaille sur la flexibilité. Il est d’autant plus important dans ces situations de ramener toutes les qualités musculaires à leur plein potentiel afin d’optimiser le rendement du client.

Il serait bon de retenir que les exercices d’assouplissement, si pratiqués de façon modérée, ne diminue pas les performances dans les sports qui demandent force et puissance. Inclure une routine d’exercices d’étirement  contribuerait à augmenter une qualité musculaire souvent mise de côté, sans pour autant porter préjudice aux autres. Des exercices ciblés par groupe musculaire, répétés deux à trois fois pour une durée de 20 à 30 secondes n’auraient pas d’incidence sur les succès sportifs et la réhabilitation d’après cette étude.

Source primaire

The effect of static stretching on maximal voluntary contraction and force-time curve characteristics. C. Papadopoulos, V. Kalapotharakos, G. Noussios, K. Meliggas, E. Gantiraga, Journal of sport rehabilitation ; 15 : 185-94, 2006.

Rédacteur

Valérie Pinel
étudiante en Kinésiologie, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

flexibilité, contraction isométrique, réhabilitation

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