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S419 - L'entraînement en résistance améliore le développement physique général des joueurs de soccer à l'adolescence

Il est bien connu que la pratique d’un sport (à un niveau compétitif ou autre) par les jeunes adolescents améliore leurs qualités physiques et techniques en soi. Toutefois, nul ne connaît les effets de l’intégration d’un entraînement musculaire dans le cadre de la pratique sportive sur ces mêmes qualités physiques et techniques. L’ajout d’une composante musculaire à l’entraînement sportif des jeunes adolescents en fait-il des meilleurs joueurs, des joueurs plus performants?

L’étude a porté sur la réponse de jeunes adolescents subissant un programme d’entraînement musculaire d’une durée de 16 semaines. Pour ce faire, trois groupes de sujets âgés entre 12 et 15 ans furent comparés : neuf joueurs de soccer (football) qui ont subit un programme d’entraînement de soccer (cinq pratiques par semaine) combiné avec un programme d’entraînement en résistance avec des poids libres et des machines à raison de deux séances de 45 minutes par semaine (groupe STR), neuf autres joueurs n’ayant pas subit le programme de musculation en question (groupe SOC) et enfin huit jeunes adolescents ne jouant ni au soccer ni ne participant au programme d’entraînement (groupe CON). Notons que les joueurs sollcités sont issus d’une équipe régionale de soccer au niveau compétitif avec environ quatre ans d’expérience (4,3 ± 1,9 ans).

Les jeunes qui s’entraînaient avaient reçu un programme d’initiation d’une durée de quatre semaines, avant le début du programme, dans le but d’apprendre les bonnes techniques d’entraînement. Ensuite, ils effectuaient 2 à 3 séries de 8 à 15 répétitions d’exercices à 55% de 1RM au début du programme pour se rendre progressivement jusqu’à 80% de 1RM. Il est important de noter qu’une période d’échauffement de dix minutes précédait chaque séance, incluant des exercices aérobies à intensité faible ou modérée, ainsi qu’une minute d’exercices d’étirement au début de la séance et cinq minutes à la fin. Un entraîneur certifié en techniques de musculation supervisait les séances d’entraînement.

Plusieurs caractéristiques anthropométriques, physiques et techniques des trois groupes ont été mesurées à trois reprises lors de l’étude : avant l’application du programme d’entraînement, après la huitième semaine du programme et finalement à la fin du programme (seizième semaine). Pour mesurer les paramètres en question, plusieurs tests étaient effectués, dont le leg press et le bench press pour évaluer la force maximale des membres supérieurs et inférieurs. Ensuite, il y avait le squat jump et le countermovement jump pour déterminer le gain en puissance des membres inférieurs au niveau des fléchisseurs de la hanche. Par la suite, l’endurance anaérobie était mesurée par un test de sauts répétés pendant 30 secondes où la hauteur moyenne était calculée. Un autre test effectué était la flexion du tronc pour évaluer la flexibilité de l’athlète. Deux tests de sprint, un de 10m et l’autre de 30m, étaient utilisés pour mesurer la vitesse de course. Un test navette comportant cinq allers-retours de 5m évaluait l’agilité des jeunes. Enfin, un test de dribble visait à évaluer leur performance technique.

Tous les groupes ont subit une augmentation de la taille et du poids, mais cela serait attribuable à la croissance. Le groupe contrôle (CON) a seulement amélioré sa force maximale des membres inférieurs, et cela serait encore attribuable à la croissance. Pour le groupe SOC, des changements significatifs étaient observés pour la force maximale des membres inférieurs, le test des sauts répétés, le temps pris pour parcourir le test navette et le test technique. Finalement, le groupe STR a mieux performé dans tous les tests sauf à la vitesse de course, où l’accélération au 10m était semblable à celles des deux autres groupes malgré une vitesse plus grande. De plus, ce groupe démontrait une diminution de la performance au test de flexibilité.

L’amélioration dans les sauts verticaux du groupe STR serait liée à l’amélioration de la force musculaire, cette dernière ayant un effet sur la puissance musculaire. On ne peut pas déterminer l’amélioration de la vitesse de course par l’entraînement de soccer ni en résistance. Pour améliorer cette facette de façon significative, il faudrait envisager de combiner un entraînement en résistance à un entraînement en vitesse. L’amélioration de l’agilité affecte les deux groupes de soccer parce que l’entraînement est spécifique, donc un entraînement en salle aurait seulement un effet mineur sur cette qualité physique. La flexibilité a diminué chez le groupe STR, surtout au niveau des ischio-jambiers et des muscles du bas du dos, puisque les exercices d’étirements semblaient trop spécifiques pour des adolescents en développement, surtout que l’intensité de l’entraînement ou bien la combinaison de l’entraînement de soccer et de résistance a peut-être joué avec la flexibilité. Finalement, l’entraînement en résistance n’avait pas d’effet sur l’aspect technique des jeunes athlètes. En effet, les aspects techniques, tels le dribble du ballon et les réflexes, seraient peu affectés par un entraînement en résistance comparativement à un entraînement axé sur le développement de la performance motrice.

Ces résultats suggèrent donc qu’un entraînement de soccer combiné avec un entraînement en musculation améliore le développement complet des capacités physiques chez l’adolescent. En somme, l’entraînement en musculation s’avère peu concluant pour les aspects techniques alors que du point de vue physique, tout porte à croire qu’un entraînement en résistance serait des plus bénéfiques, notamment pour le développement des membres supérieurs, ceux-ci n’étant pas nécessairement sollicités au soccer. Il faut s’assurer que la charge utilisée en musculation n’interfère pas avec le développement moteur, car une charge trop élevée risque d’affecter le système neuromusculaire du jeune athlète, sans compter le stress mécanique qu’il ne pourrait pas tolérer. Un entraînement en résistance bien structuré ne se concentrant pas sur la performance, mais bien sur le développement moteur, optimisera ces facteurs. Cette recherche suggère aussi que les entraîneurs devraient mettre plus d’emphase sur des exercices d’étirements quand un entraînement de soccer est combiné avec un entraînement en résistance; en effet, ceux-ci réduirait l’effet néfaste de l’entraînement en musculation sur la flexibilité d’un jeune durant sa croissance.

Source primaire

Christou M Smilios, I Sotiropulos K Volaklis K Pilianidis T et Tokmakidis SP. Effects of resistance training on the physical capacities of adolescent soccer players, Journal of Strength and Conditioning Research; 20(4): 783–791, 2006.

Rédacteur

Albert Hippolyte (albert_the_great@hotmail.com), Junior Mentor (juniortrotter@hotmail.com), Kathlee
étudiants en kinésiologie, Département de kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

Adolescence, croissance, entraînement de musculation, qualités physiques, soccer, football

Lectures suggérées

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