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S458 - Un traitement  de 6 min en immersion par contraste de température entraîne une diminution plus grande du lactate sanguin qu'une simple immersion en eau froide ou récupération passive sans pour autant affecter le lactate et la performance à répéter d

Dans le domaine sportif, une des préoccupations primaires est d’optimiser les périodes de récupération afin de conserver un maximum de performance et ce, surtout en compétition, moment au cours duquel les temps de repos sont parfois très limités.

Durant l’entraînement, il y a accumulation de lactate au niveau du muscle squelettique. La croyance populaire veut que l’accumulation de lactate sanguin entraîne une production d’ions H+ faisant diminuer le pH sanguin, soit à la base de la fatigue musculaire. Ceci  aurait pour effet d’entraîner une diminution de la performance. Il a déjà été démontré qu’une récupération active à 35% du VO2max est plus avantageuse qu’une récupération passive ou d’intensité supérieure. Par contre, on ne connaît pas les impacts d’une récupération par immersion sur l’élimination du lactate sanguin.

Le but de cette recherche était de comparer trois méthodes de récupération soit la méthode passive, l’immersion dans l’eau froide ainsi que celle par contraste de température. Chacune des méthodes furent expérimentées auprès de joueuses de Netball. Ce sport comporte de brèves périodes de sprints. L’intérêt de ces manipulations était donc de constater les effets physiologiques que ces différentes méthodes de récupération auraient sur le sort du lactate sanguin immédiatement après le traitement et sur la capacité à répéter des sprints 2h plus tard.

L’expérimentation a été réalisée auprès de 20 femmes d’une même équipe de Netball en période de pré-compétition. Celles-ci étaient divisées aléatoirement en trois groupes : 5 récupéraient de façon passive (6 min), 8 avaient les membres inférieurs immergés dans l’eau froide (8-10ºC) et les 7 autres avaient les membres inférieurs immergés en alternance dans l’eau froide (8-10ºC) et sous douche chaude (38ºC) 3 fois par période de 1 min sur 6 minutes.

Toutes les femmes avaient suivies les même recommandations préalables c’est-à dire de ne pas consommer d’alcool ni de caféine et de ne pas faire d’exercice intense au cours des 24 heures précédant les tests. Pour débuter l’expérimentation, les sujets ont tous complété la même séance d’échauffement soit 6 minutes de course à 6,8km/h suivi de 2 minutes d’étirements. Par la suite, le test aérobie progressif de de course navette de 20-m était réalisé. Quinze minutes plus tard, après un effort sous-maximal pour se familiariser avec les sprints, les participantes ont débuté leur effort maximal en complétant une série de sprints dont les départs se faisaient aux 30 secondes. La procédure allait comme suit : chaque joueuse courait sur une distance de 5, 10 et 15 mètres en effectuant des allées/retours pour un total de 6 sprints et une distance cumulative de 60m. Les temps étaient enregistrés à l’aide d’un système de cellules photoélectriques.

Après le traitement aléatoire, les participantes étaient appelées à s’asseoir et rester calme jusqu’à leur prochaine performance. La concentration du lactate sanguin était mesurée au repos, 3 minutes après la première série de sprints, après le trainement de 6 min et 2 heures après la récupération. De plus, les joueuses remplissaient à différents moments, un questionnaire sur leur perception de fatigue. Outre la méthode subjective, la fatigue fut également estimée et convertie en pourcentage à l’aide de données relatives à la performance de chaque groupe.

Les résultats obtenus démontrent que le lactate augmente comme prévu après la 1e série de sprints, qu'il diminue davantage immédiatement après le traitement pour le groupe ayant été soumis à des contrastes de températures froides et chaudes, mais que cette différence disparaît 2 h plus tard (Fig 1). En ce qui concerne la capacité à répéter des sprints (Fig 2), les différences observées entre le pré et post test, ainsi qu’entre les traitements ne sont pas significatives.

Pour conclure, l’immersion par contraste de température engendre une diminution plus marqué du lactate sanguin quelques minutes après le traitement que la méthode passive ou l’immersion en eau froide seulement. Par contre, les effets des trois méthodes après une récupération de 2 heures sont similaires pour le lactate et la capacité à répéter des sprints.

Concrètement, cette méthode pourrait être utilisée par des entraineurs de haut niveau désirant optimiser la performance de leurs athlètes dans des sports utilisant la puissance maximale des membres inférieurs ainsi que la vitesse et où les périodes de repos sont limités (moins de 2 heures). Toutefois, elle ne serait pas nécessaire pour l’entraînement des autres types de populations.

Or, les effets physiologiques engendrés par cette technique requièrent davantage d’investigations et la grande variation des différentes mesures prises chez les sujets fait place à une multitude d’interprétations qui rendent difficile l’établissement d’une conclusion certaine. Cette étude serait plus convaincante si les mêmes sujets avaient été successivement soumis aux trois traitements (schème pairé). Il aurait aussi été préférable de faire la deuxième série de sprints immédiatement après le traitement pour vraiment connaître l'efficacité de ces traitements. Une comparaison avec récupération active serait aussi souhaitable. Enfin les auteurs présentent la baisse de résultats en % dans les pré et post tests, la moindre fatigue observée chez deux des trois groupes peut s'expliquer par une performance moindre dès le premier sprint pour ensuite moins diminuer lors du dernier sprint. Il eut été préférable de simplement comparer le temps moyens des 6 sprints des pré et post tests.

Source primaire

Hamlin MJ. The Effect of Recovery Modality on Blood Lactate Removal and Subsequent Repetitive Sprint Performance In Netball Players. New Zealand Journal of Sports Medicine 2007; 34 (2): 12-17.

Rédacteur

Marie-Eve Gallant, Stéphanie Labonté, Josée-Anne Paquette
étudiants 1er cycle en kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

performance, acide lactique, récupération, contraste de température, fatigue

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Hamlin MJ. The effect of contrast temperature water therapy on repeated sprint performance. J Sci Med Sport 2007; doi:10.1016/j.jsams.2007.01.002.

Sanders J. Effect of contrast-temperature immersion on recovery from short-duration intense exercice, Unpublished thesis, Bacherlor of applied Science, University of Canberra. 1996

Cochrane DJ. Alternating hot and cold water immersion for athlete recovery: a review, Physical Therapy in Sport 2004; 4 (1): 26-32.

Sports ciblés

Netball et tout autre sport impliquant des périodes de sprints répétées

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