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S720 - Les sportifs de haut niveau ne sont pas enclins à développer des troubles psychopathologiques, mais ils ne sont pas épargnés pour autant

De nombreux travaux scientifiques révèlent les effets bénéfiques des activités sportives sur la santé psychique (et notamment sur les épisodes dépressifs, l’anxiété…), procurant une amélioration de la qualité de vie des patients. Cependant, la pratique intensive des sportifs de haut niveau nécessite une vigilance de même qu’un suivi particulier et spécifique sur le versant somatique et psychique. Les bilans psychologiques sont obligatoires depuis l’arrêté du 16 juin 2006 dans le cadre du suivi médical longitudinal. Au département médical de l’INSEP, la passation du bilan psychologique a permis de savoir que 58 % des sportifs de l’INSEP présentaient des troubles psychopathologiques. L’anxiété généralisée et les épisodes dépressifs majeurs sont les pathologies les plus recensées de ce bilan

Voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=3&fichier=S720_figure1.doc

Elles sont, évidemment, défavorables à la performance. L’anxiété généralisée est générée par des soucis excessifs (attente avec appréhension) concernant plusieurs événements ou activités de la vie du sportif. Non seulement le sujet éprouve de la difficulté à contrôler ses préoccupations, mais il peut également présenter des symptômes tels qu'agitation, fatigabilité, difficultés de concentration, irritabilité, tension musculaire et perturbation du sommeil. Néanmoins, la dimension anxiogène n’est pas uniquement liée aux compétitions : elle tient à un ensemble de paramètres (d'ordre personnel, familial, social, scolaire ou professionnel, sportif ou liés à la santé physique).

La caractéristique essentielle de l’épisode dépressif majeur est une perte d’intérêt ou de plaisir pour presque toutes les activités. Le sujet doit de surcroît présenter au moins quatre des symptômes suivants : - changement d'appétit ou variation de poids ; - trouble du sommeil et de l’activité psychomotrice ; - réduction d'énergie ; - idées de dévalorisation ou de culpabilité ; - difficultés à penser, à se concentrer ou à prendre des décisions ; - idées de mort récurrentes, idées suicidaires, plan ou tentatives de suicide.

En outre, cet épisode s'accompagne de grandes souffrances ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants. L'arrêté du 16 juin 2006 impose donc l’obligation, pour les sportifs de haut niveau, de réaliser un bilan psychologique (deux fois par an pour les sportifs mineurs et une fois par an pour les sportifs majeurs). Celui-ci permet de construire et d’élaborer des stratégies de prévention et de soins adaptées et spécifiques aux besoins et demandes des athlètes de haut niveau. Le psychologue peut accompagner ce sportif de haut niveau et veiller à ce qu’il s’engage et préserve une qualité de vie nécessaire à son épanouissement et à son équilibre : on ne naît pas athlète de haut niveau, on le devient. C'est dans un positionnement à la limite de l'équilibre psychique et physique que se situe l’athlète de haut niveau. Ce contexte crée les conditions de l’émergence de la pathologie. D’autant plus que les sportifs sont nombreux à masquer cette souffrance. Le monde des champions considère que seules les plaintes somatiques sont acceptables. Les fragilités psychiques donnent le sentiment d’être en danger et vulnérable. Tous les acteurs engagés dans l’accompagnement du sportif ont un rôle et des missions spécifiques en fonction de leurs compétences. D’autant plus qu’il paraît important de souligner qu’à aucun moment le sport ne crée la pathologie, mais qu’il s’agit plutôt de la rencontre entre une personnalité, un sport et un contexte donné qui crée les conditions d’émergence de la pathologie. Toute la communauté sportive doit être informée, sensibilisée et formée sur ces questions. Il s’agit d’une nécessité incontournable pour préserver la santé des athlètes.

Source primaire

Salmi M, Pichard C, Jousselin E. Psychopathology and high level sport. Science & Sport 2009;25:1-10.

Rédacteur

Régis Blanconnier
maîtrise en Staps, spécialité « Expertise Performance Intervention », UFR Staps, université de Nantes, Nantes Atlantique Universités

Éditeur

Meriem Salmi
psychologue au service médical de l’INSEP.

Mots-clés

Psychopathologie, sport de haut niveau, entraîneurs, prévention, bilans psychologiques

Lectures suggérées

American Psychiatric Association. Diagnostic and statistical manual of mental disorders. Washington, DC: American Psychiatric Press, 2000.

Rapport Inserm. Activité physique. Contextes et effets sur la santé, 2008.

Levêque M. Psychologie de l’athlète. Radiographie d’une carrière de sportif de haut niveau. Paris: Vuibert, 2008

Bauche P. Les héros sont fatigués. Sport, narcissisme et dépression. Paris: Payot, 2004.

Carrier C. Le champion, sa vie, sa mort, Psychanalyse de l’exploit. Paris: Bayard, 2002.

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