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S887 - L'exercice peut-il affecter la fonction immunitaire et augmenter la sensibilité à l'infection?

Au début de l’année 2020, un collectif de spécialistes en immunologie et en pratique sportive s’est penché sur la question suivante : L’exercice physique peut-il affecter la fonction immunitaire et augmenter la sensibilité à l’infection?

Simple hasard du calendrier ou réaction aux premiers signes du COVID-19, cet excellent article était particulièrement d’actualité. La singularité de ce collectif de spécialistes est qu’il a réuni, dans un même article, des arguments scientifiques défendant deux positions : 1) OUI, l’exercice physique affecte la fonction immunitaire; 2) NON, il ne l’affecte pas.

L’objectif était de faire ressortir : 1) des points de consensus, si cela s’avérait possible; 2) les éléments nécessitant plus d’études.

Les deux groupes s’entendent pour affirmer qu’on a besoin de mener de nouvelles recherches sur les effets de l’exercice physique sur le système immunitaire, avec un meilleur contrôle du très grand nombre de facteurs confondants qui ont pu largement influer sur les résultats des études antérieures.

Les deux groupes soutiennent également que la sensibilité aux infections dépend d’une multitude de facteurs, comme le stress, le sommeil, la nutrition, le décalage des cycles circadiens par rapport aux cycles environnementaux, ainsi que les antécédents d’infection et de vaccination. Tous ces facteurs pourraient altérer l’immunité et, de ce fait, augmenter le risque d’infection, en particulier dans les situations où l’exposition aux agents pathogènes est plus probable. Ils reconnaissent aussi que les marqueurs permettant de mesurer la réponse immunitaire utilisés dans le passé sont aujourd’hui trop sujets à la critique. Il faut manifestement se tourner vers des techniques plus modernes!

Concernant l’activité physique en tant que telle, ils font consensus sur le point suivant :
• « Des séances régulières d’exercice physique d’intensité moyenne ou élevée sont bénéfiques au fonctionnement normal du système immunitaire, et contribuent probablement à réduire le risque d’infection et de maladie respiratoire. L’échange fréquent de cellules immunitaires entre le sang et les tissus à chaque exercice physique d’intensité moyenne ou élevée contribue probablement à un statut immunitaire renforcé, à une meilleure santé, et à un risque réduit de maladie ».

En revanche, il existe encore de nombreux points de désaccord ou de zones d’ombre que seules de nouvelles études pourront éclairer. En effet, nous n’avons pas de réponses claires aux questions suivantes :
• Les athlètes sont-ils plus sensibles aux maladies et aux infections que la population générale?
• Est-ce que l’exercice physique à une intensité très élevée se conjugue avec des facteurs de risque pour augmenter le risque de maladie?

Sur le plan méthodologique, deux questions menant à des désaccords sont plus particulièrement soulevées :
• Doit-on continuer à utiliser l’IgA salivaire comme biomarqueur déterminant le risque de contracter une infection?
• Doit-on utiliser des marqueurs globaux de l’immunité pour mesurer la capacité immunitaire?

En conclusion, les auteurs qui ont participé à ce débat font ressortir que nous en savons encore très peu sur le lien entre la charge d’entraînement et l’efficacité de la fonction immunitaire, et qu’il faut pour l’instant éviter de formuler des affirmations non étayées de données probantes. Ils soulignent également que l’une des questions centrales a trait au lien entre, d’une part, l’intensité et le volume (durée) d’entraînement (deux composantes centrales de la charge d’entraînement) et, d’autre part, le statut immunitaire et son lien avec le risque d’infection. Cette question n’est aujourd’hui qu’une problématique de recherche (et non un fait scientifique) qui demande à être mis à l’épreuve dans le cadre de nouvelles études.

À noter que cette fiche savoir-sport est, en quelque sorte, un complément aux fiches portant sur d’autres études, notamment celles citées plus bas sous «Lectures suggérées».

Source primaire

Simpson RJ et coll. (2020) Can exercise affect immune function to increase susceptibility to infection? Exerc Immunol Rev 26:8-22.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32139352

Rédacteur

François Bieuzen, Ph.D., physiologiste de l’exercice, INS Québec

Éditeur

Guy Thibault, Ph.D., Institut national du sport du Québec

Mots-clés

Coronavirus, COVID-19, Fonction immunitaire, Intensité d’entraînement, Pandémie, charge d’entraînement

Lectures suggérées

Blogue du British Journal of Sport Medicine : https://blogs.bmj.com/bsmj/

Campbell JP et JE Turner (2018) Debunking the myth of exercise-induced immune suppression: Redefining the impact of exercise on immunological health Across the lifespan. Front Immunol. https://doi.org/10.3389/fimmu.2018.00648.

Hull JH, M Loosemore et M Schwellnus (2020) Respiratory health in athletes: facing the COVID-19 challenge. Lancet Respir Med S2213-2600(20)30175-2.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32277869

Pyne DB et M Gleeson (1998) Effects of intensive exercise training on immunity in athletes. Int J Sports Med 19(Suppl 3):S183-91; discussion : S191-4.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9722284

Schwellnus M et coll. (2016) How much is too much? (Part 2) International Olympic Committee consensus statement on load in sport and risk of illness. Br J Sports Med 50:1043-52.

Walsh NP et SJ Oliver (2016) Exercise, immune function and respiratory infection: An update on the influence of training and environmental stress. Immunol Cell Biol 94:132-9.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26563736

Walsh NP (2018) Recommendations to maintain immune health in athletes. Eur J Sport Sci 18:820-31.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29637836

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