La flexibilité et la force explosive sont deux qualités physiques primordiales dans plusieurs sports, et plus particulièrement la gymnastique, d’où l’intérêt de chercher à optimiser ces qualités pendant l’échauffement.
Or, des exercices effectués sur une plateforme vibrante peuvent s’accompagner d’une augmentation de la flexibilité (Gerodimos et coll., 2010) et de la force explosive des membres inférieurs (Cormie et coll., 2006) chez des adultes sédentaires, ainsi que chez des personnes âgées.
Par ailleurs, Bressel et coll. (2010) ont montré que la transmissibilité des vibrations (des chevilles à la tête) générées par une plateforme vibrante était comparable chez les enfants et les adultes, ce qui suggère que les effets bénéfiques des vibrations peuvent se manifester à tout âge.
L’objectif de l’étude de Dallas, Kirialanis et Mellos (2014) était d’examiner l’effet momentané d’exercices effectués sur plateforme vibrante sur la flexibilité et la force explosive de sportifs prépubères.
Méthode
Trente-quatre gymnastes dont 15 garçons (âge = 9,2 ± 1,3 ans, masse corporelle = 30,3 ± 4,4 kg, taille = 133 ± 5 cm, masse grasse = 17,3 ± 4,1 %) ont été réparti de manière aléatoire dans deux groupes : un groupe avec vibrations et un groupe sans vibrations.
Les participants s’entraînaient depuis cinq ans et avaient trois ans d’expérience en compétition. Au moment où débutait la recherche, ils s’entraînaient trois heures par jour, six jours par semaine. Aucun des sujets n’avait préalablement expérimenté l’entraînement sur plateforme vibrante.
L’exposition aux vibrations (fréquence de 30 Hz, amplitude de 2 mm) était de 2 min (4 séries de 30 s), pendant lesquelles les sujets effectuaient des exercices dynamiques : contractions excentriques et concentriques.
Les deux groupes avaient les mêmes quatre exercices de 30 s à réaliser (avec une période de récupération passive de 30 s entre chaque exercice). Les exercices 1 et 2 étaient identiques et consistaient à faire un demi-squat toutes les 4 s (phases concentrique et excentrique de 2 s chacune). Puis s’enchaînaient les exercices 3 et 4 : demi-squats sur une jambe, puis sur l’autre (30 s ; mêmes consignes que pour les exercices 1 et 2).
Tous les exercices se faisaient sur une plateforme vibrante. Elle vibrait dans la situation expérimentale, et ne vibrait pas dans la situation témoin.
Pour évaluer les effets potentiels des vibrations, les sujets des deux groupes ont effectuée plusieurs tests d’évaluation de la flexibilité et de la force explosive à différents moments : avant de faire les exercices (pré-test), juste après avoir fait les exercices (post) et 15 min après la fin des exercices (post 15). Pour apprécier la flexibilité, le test Sit and reach était réalisé, tandis que la force explosive était mesurée à l’aide d’un Squat jump, d’un Counter movement jump et de squats sautés sur une jambe.
Résultats
Comme l’indique le
Tableau, les résultats font ressortir une augmentation significative (p < 0,05) de la flexibilité pour les deux groupes avec un maintien des performances après 15 min, mais l’amélioration était supérieure pour le groupe qui avait fait les exercices avec vibrations.
Pour la performance au Squat jump, seul un gain était observé juste après la période d’exercices avec vibrations. En revanche, aucune amélioration significative n’était observée pour les autres variables, quel que soit le groupe (p > 0,05).
Bien que la flexibilité puisse s’améliorer avec des exercices ordinaires (sans vibrations), les résultats montrent que les vibrations permettent une amélioration encore plus importante, et ce, pour une durée d’au moins 15 minutes. De plus, la force explosive, telle qu’appréciée à l’aide du test Squat jump, est plus grande immédiatement après avoir réalisé les exercices sur plateforme vibrante, mais pas 15 min après.
Ces résultats sont en accord avec ceux d’autres études. En effet, on peut améliorer la flexibilité à l’aide de vibrations. L’amélioration constatée dans la présente étude (6 %) est légèrement plus faible que celles observées par Cochrane et Stannard (2005) et par Fagnani et coll. (2006), soit 9 % et 13 %, respectivement. Toutefois, les participants de ces deux études étaient de femmes plus âgées et la durée d’exercice était plus importante. On peut faire l’hypothèse que des gymnastes féminines adultes pourraient bénéficier d’améliorations plus prononcées avec un exercice un peu plus long sur plateforme vibratoire.
D’autre part, l’augmentation de la performance lors du Squat jump immédiatement après l’exercice avec vibrations (7,5 %) va dans le même sens que les résultats d’Armstrong et coll. (2010). Il faudra mener d’autres études pour cerner les conditions qui permettraient d’accroître davantage la force et de la maintenir plus longtemps : durée des exercices, fréquence et amplitude des vibrations, etc.
Dans les sports où la flexibilité et la force explosive sont d’importants déterminants de la performance, par exemple la gymnastique, il pourrait donc être avantageux de faire des exercices d’échauffement sur plateforme vibrante.
Il faudrait mener d’autres travaux pour tenter de généraliser ces résultats à d’autres groupes cibles, pour optimiser le protocole (fréquence, amplitude, etc.) et pour apprécier les effets à long terme des vibrations sur d’autres variables (vitesse, équilibre, etc.).