S879 - Le préconditionnement ischémique augmente la perfusion musculaire, l’extraction d’oxygène et la performance chez des hommes entraînés en force
En compétition, l’entraîneur doit souvent gérer plusieurs composantes pouvant affecter la performance de l’athlète et l’une d’elle est la routine de préparation. L’échauffement est un élément essentiel de cette préparation et peut être combiné à d’autres stratégies comme le préconditionnement ischémique (PCI). Le PCI est une méthode non invasive consistant à induire des épisodes brefs et répétés d’occlusion (restriction de l’apport en O2 aux tissus). La réponse physiologique qui s’ensuit permet d’améliorer la performance lors de différents efforts, par exemple des sprints de 100-200 m en natation et des contre-la-montre de 5 km en course à pied. Toutefois, les mécanismes sous-jacents sont encore mal compris. Cette étude avait pour objectif de caractériser les effets du PCI sur la fonction cardiorespiratoire et la performance lors de contractions maximales répétées.
Dans un devis croisé, 10 hommes entraînés en force ont réalisé 5 séries de 5 extensions maximales volontaires de la jambe droite. Ces séries étaient précédées aléatoirement du PCI (3 cycles de 5 minutes de gonflement à 200 mmHg d’un brassard placé autour de la cuisse droite et induisant une occlusion du débit artériel, suivies de 5 minutes sans gonflement), ou du placébo (gonflement à 20 mmHg). Les changements de concentration, dans le muscle vaste latéral, de l’hémoglobine totale (un indice de perfusion) et de la désoxyhémoglobine (un indice de la consommation d’O2) ont été mesurés par spectroscopie proche infrarouge. Les différences entre le PCI et le placébo ont été appréciées au moyen d’inférences quantitatives basées sur les tailles d’effet de Cohen (TE : différence entre deux moyennes, divisée par l’écart-type).
Résultats
Le PCI a clairement permis d’augmenter la perfusion sanguine dans le muscle (↑46,5 %, taille d’effet TE : 0,56) au repos et en période de récupération après la première (↑23,6 %, TE : 0,30) et la cinquième (↑25,1 %, TE : 0,32) série. Le PCI a aussi augmenté l’extraction musculaire d’O2 moyenne (↑15,8 %, TE : 0,36) pendant les efforts. Ces changements métaboliques ont pu accroître le travail total réalisé au cours des séries (↑12,6 %, TE : 0,47).
En somme, le préconditionnement permet d’optimiser la composante périphérique et, ainsi, d’accroître la force musculaire exprimée lors de contractions maximales. Les fibres musculaires rapides pourraient ainsi bénéficier d’une amélioration de leur efficacité de contraction grâce à une plus grande extraction de l’O2. Cette amélioration du potentiel énergétique musculaire serait à l’origine de la plus grande force ou vitesse de récupération. Il est également à noter que les effets ergogènes observés étaient présents chez l’ensemble des athlètes. Ceci souligne le potentiel de cette technique dans un contexte d’optimisation de la performance en compétition, mais aussi dans l’entraînement quotidien : elle permet d’augmenter la charge d’entraînement et les adaptations physiologiques chroniques.
Toutefois, d’autres recherches sont nécessaires pour préciser les effets bénéfiques possibles du PCI sur les adaptations à plus long terme, dans différents contextes de compétition.
Source primaire
Paradis-Deschênes P, Joanisse DR et Billaut F (2016) Ischemic preconditioning increases muscle perfusion, oxygen uptake, and force in strength-trained athletes. Appl Physiol Nutr Metab 41:938-944.
www-ncbi-nlm-nih-gov.acces.bibl.ulaval.ca/pubmed/275749
Rédacteur
Pénélope Paradis-Deschênes & François Billaut
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Bailey TG et coll. (2012) Effect of ischemic preconditioning on lactate accumulation and running performance. Med Sci Sports Exerc 44:2084-9.
Jean-St-Michel E et coll. (2011) Remote preconditioning improves maximal performance in highly trained athletes. Med Sci Sports Exerc 43:1280-6.
Sports ciblés
Haltérophilie, dynamophilie, sports de combat et tout autre sport où la force et la puissance sont des déterminants de la performance