T34 - L’oxygénation musculaire comme indicateur de performance en canoë-kayak de vitesse
En canoë-kayak de vitesse, la consommation maximale d’oxygène (VO2max) est un important déterminant de la performance, particulièrement dans les épreuves les plus longues (500 m et 1000 m). Est-ce que l’oxygénation des muscles squelettiques actifs est aussi un élément clé dans ce sport? On s’est peu penché sur cette question jusqu’à maintenant. Les buts de cette étude étaient donc :
1) de caractériser les changements de l’oxygénation musculaire appréciée à l’aide de la spectroscopie dans le proche infrarouge (NIRS) dans différents muscles actifs pendant un test progressif et maximal d’évaluation du VO2max et deux tests contre la montre (CLM : 200 m, et 500 ou 1000 m);
2) d’examiner le lien entre l’oxygénation musculaire et la performance.
Ainsi, 21 athlètes de canoë-kayak de vitesse (12 hommes : 8 kayakistes (HK) et 4 canoéistes (HC), 9 femmes : 4 kayakistes (FK) et 5 canoéistes (FC)) ont participé à trois séances de test :
1)un test d’évaluation du VO2max incrémenté sur un ergomètre de canoë ou de kayak;
2)un CLM de 200 m;
3)un CLM de 500 m (FK et FC) ou de 1000 m (HK et HC).
Des moniteurs NIRS ont été placés sur les muscles grand dorsal (GD), biceps (BB) et vaste externe (VE) au cours des trois séances d’évaluation, pour apprécier les changements de la saturation en O2 musculaire (SmO2, exprimée en % de la valeur de repos).
À la fin du CLM de 200 m, la SmO2 du BB (33 ± 15 %) était plus faible qu’au terme du test d’évaluation du VO2max (47 ± 15 %, p = 0,02), et plus faible que celle du GD pendant le 200 m (61 ± 21 %, p < 0,01) et du BB durant le CLM de 500 ou 1000 m (46 ± 18 %, p = 0,03). La SmO2 du BB était similaire à la fin des CLM de 500 ou 1000 m et du test VO2max, mais la SmO2 du GD était plus petite à la fin du test d’évaluation du VO2max (44 ± 20 %) comparativement aux CLM de 200 m (61 ± 21 %, p = 0,05) et de 500 ou 1000 m (71 ± 16 %, p < 0,01) (tableau 1).
Il y avait une corrélation forte entre la performance au 200 m et la SmO2 finale du GD (R = 0,70, p = 0,01), et une corrélation moyenne entre la performance au 200 m et la SmO2 finale du VE (R = 0,57, p = 0,02). La performance au 500 ou 1000 m était corrélée avec la SmO2 finale du VE (R = 0,50, p = 0,048) et avec le VO2max exprimé en L/min (R = - 0,47, p = 0,047).
Ces résultats suggèrent que la consommation musculaire d’oxygène diffère en fonction de la durée de l’événement et de la modalité d’exercice. Le VO2max est lié à la performance seulement dans les événements longs, mais la capacité d’extraire l’oxygène pendant l’effort semble être un déterminant de la performance autant pour les événements courts que pour les longs.
Bref, l’oxygénation musculaire semble être un déterminant important de la performance en canoë-kayak de vitesse. D’autres recherches seront nécessaires pour comprendre le type d’entraînement qui permet d’optimiser cette composante. On peut faire l’hypothèse que des séances d’entraînement par intervalles qui permettent d’accumuler plus de temps d’exercice avec une basse saturation musculaire en oxygène offriraient un stimulus approprié.
Myriam Paquette
B.Sc., étudiante à la maîtrise en physiologie de l’exercice
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
canoë-kayak, oxygénation musculaire, VO2max
Lectures suggérées
Michael JS et coll. (2008) The metabolic demands of kayaking : a review. J Sports Sci Med 7:2293-307.
www.jssm.org/vol7/n1/1/v7n1-1pdf.pdf
Borges TO et coll. (2015) Physiological characteristics of well-trained junior sprint kayak athletes Int J of Sports Physiol and Performance 10(5):593-9.
http://journals.humankinetics.com/doi/abs/10.1123/ijspp.2014-0292?journalCode=ijspp
Sports ciblés
canoë-kayak, autres sports cycliques de courte à moyenne durée