S871 - Contre-la-montre : leg press à l’échauffement pour améliorer la performance
On sait qu’ajouter un exercice favorisant la potentialisation par postactivation pendant l’échauffement peut améliorer la performance dans les sports de type explosif (saut, sprint, etc.). Dans cette étude, les auteurs ont voulu déterminer si une telle pratique pouvait aussi améliorer la performance dans un contre-la-montre de 20 km.
Onze cyclistes chevronnés ont effectué deux contre-la-montre de 20 km. Les deux tests étaient précédés d’un échauffement sur vélo composé de trois minutes à cadence et intensité libres, et de deux minutes à 80 tours/minute à une puissance de 100 watts. Dans l’un des deux contre-la-montre, 10 minutes avant la période d’échauffement, les cyclistes ont effectué 4 séries de 5 RM d’un exercice de leg press.
Résultats
À la suite de l’échauffement incluant le protocole expérimental de postactivation, on a observé une amélioration de 6,1 % de la performance au contre-la-montre (26,6 min contre 28,1 min), ainsi qu’une augmentation de la puissance moyenne de 3,0 % (254,9 watts contre 247,4 watts). De plus, les valeurs de consommation d’oxygène mesurées durant les deux minutes à cadence et à puissance imposées lors de l’échauffement ont fait ressortir une meilleure efficacité de pédalage (21,3 ± 8,7 ml/kg/min contre 18,6 ± 2,5).
Sans pouvoir mettre en lumière les mécanismes métaboliques en jeu, les auteurs concluent que l’ajout d’un exercice court et intense de musculation des membres inférieurs avant l’échauffement permet d’améliorer substantiellement la performance au contre-la-montre de 20 km sans modifier la stratégie de cadence de pédalage.
Il faudra d’autres études pour déterminer si l’amélioration de la performance pourrait être plus prononcée si l’exercice de leg press était effectué moins de temps avant le contre-la-montre.
Mises en garde : les auteurs ne précisent pas à quelle intensité commençait l’échauffement (les trois minutes à cadence et intensité libres). Or, pour des cyclistes chevronnés, pédaler à seulement 100 watts comme les sujets le faisaient pendant les deux dernières minutes de l’échauffement de cinq minutes est nettement insuffisant (on s’attendrait plutôt à une intensité de 150-200 watts). L’effet ergogène de l’exercice de musculation aurait peut-être été moins prononcé si l’échauffement avait été effectué à intensité plus élevée.
Par ailleurs, pour au moins trois raisons, il faut se questionner sur la valeur des mesures d’efficacité de pédalage :
- la différence d’efficacité entre les deux conditions expérimentales est beaucoup plus élevée que celle à laquelle on peut s’attendre (2,7 points de pourcentage, soit 12,7 %);
- l’écart type est beaucoup plus élevé après l’exercice de musculation que dans le protocole sans musculation;
- il eut été préférable de mesurer l’efficacité non pas à 100 watts, mais à une puissance plus courante en compétition, par exemple 200 ou 250 watts.
Source primaire
Silva RA et coll. (2014) Acute prior heavy strength exercise bouts improve the 20-km cycling time trial performance J Strength Cond Res 28(9):2513-20.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24584047
Rédacteur
Xavier Bonacorsi
étudiant en kinésiologie, Université Laval
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
Potentialisation par postactivation, Échauffement, leg press
Lectures suggérées
Aisbett b et coll. (2009) Influence of all-out and fast start on 5-min cycling time trial performance Med Sci Sports Exerc 41(10):1965-71.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19727014
Bailey SJ et coll. (2015) Effects of priming and pacing strategy on VO2 kinetics and cycling performance Int J Physiol Perform (sous presse).
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26355418