S821 - Dans un contre-la-montre de 20 km, est-ce plus avantageux de pédaler à puissance constante?
Selon plusieurs recherches, dans des contre-la-montre cyclistes où la distance est supérieure à 4 km, une distribution uniforme de la puissance de pédalage serait la meilleure stratégie. Certains auteurs affirment, au contraire, qu’une telle stratégie mènerait à l’apparition d’une fatigue précoce, donc à une moins bonne performance. Le but de cette étude était d’évaluer les effets d’une puissance de travail uniforme ou non sur la performance au contre-la-montre de 20 km.
Les 15 cyclistes bien entraînés qui ont participé à cette étude (VO2max = 4,80 L/min) ont d’abord effectué trois contre-la-montre de 20 km simulés en laboratoire, avec pour consigne de parcourir la distance le plus rapidement possible. La puissance moyenne du meilleur test a été retenue pour les deux tests subséquents. Dans l’un de ces tests, les sujets devaient essayer de tenir cette puissance moyenne sur au moins 20 km, sans avoir la possibilité de varier leur puissance de pédalage (ils avaient toutefois la possibilité de changer de cadence comme bon leur semblait). Dans l’autre test, les sujets devaient viser globalement la puissance moyenne de leur meilleur test préalable et ils pouvaient varier leur puissance de pédalage tout au long du test. On a mesuré le travail cardiorespiratoire, la lactatémie et la perception de l’effort.
Résultats
Neuf des quinze participants n’ont réussi à faire que 51 % à 83 % des 20 km à la puissance imposée, et ces mêmes sujets ont aussi échoué au test où ils étaient libres de varier leur puissance de pédalage, d’où l’intérêt de cerner de profil d’évolution de l’intensité de ceux qui ont réussi ou qui ont échoué. Ceux qui ont complété l’épreuve avaient opté pour une stratégie plus conservatrice au début du test : globalement, ils ont effectué les 6 premiers kilomètres à une puissance 1 % à 4 % inférieure à la puissance moyenne visée. Au contraire, ceux qui ont échoué avaient misé sur un départ à intensité supérieure à l’intensité moyenne visée : les 6 premiers kilomètres parcourus à une puissance 1 % à 2 % supérieure à la puissance moyenne visée.
Les auteurs affirment que ces résultats jettent un doute sur la valeur de la stratégie consistant à tenir la même intensité tout au long d’un contre-la-montre cycliste. On peut penser que pour une course d’une vingtaine de kilomètres sur un parcours plat et sans vent, les cyclistes auraient avantage à miser sur un départ conservateur, puis sur une allure permettant de légers changements de rythme. Chose certaine, sur un parcours vallonné ou venteux, il est préférable d’intensifier sensiblement l’intensité de pédalage en montée et en vent de face plutôt que de chercher à pédaler à une puissance fixe tout au long de l’épreuve.
Source primaire
Thomas K et coll. (2013) The effect of an even-pacing strategy on exercise tolerance in well-trained cyclists. Eur J Appl Physiol 113(12):3001-10.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=The+effect+of+an+even-pacing+strategy+on+exercise+tolerance+in+well-trained+cyclists
Rédacteur
Joanie Caron
B.Sc.,kinésiologie; étudiante à la maîtrise
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
vélo, contre-la-montre, gestion de course
Lectures suggérées
Renfree A et coll. (2012) Complex interplay between determinants of pacing and performance during 20-km cycle time trials. Int J Sports Physiol Perform 7(2):121-9.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22173069
Thomas K et coll. (2012) The effect of self- even- and variable-pacing strategies on the physiological and perceptual response to cycling. Eur J Appl Physiol 112(8):3069-78.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22194003