S795 - La contribution de la scapula dans la rotation axiale de l’épaule chez les athlètes-lanceurs.
Le complexe de l’épaule est composé de trois segments osseux (clavicule, scapula, humérus) reliés ensemble par autant d’articulations (sternoclaviculaire, acromioclaviculaire, glénohumérale). La qualité des gestes sportifs impliquant l’épaule, tels que les tâches de lancer, dépend de la coordination de ces trois grandes articulations. Ainsi, un positionnement idéal de la scapula permettrait d’optimiser les longueurs musculaires et ainsi de maximiser la performance lors d’un lancer tout en assurant la stabilité de l’articulation glénohumérale. Certaines différences ont été notées au niveau de la position de repos de la scapula des athlètes pratiquant des sports de lancer lorsque comparée à celle de sujets normaux. Selon certains auteurs, de telles modifications dans l’orientation de l’épaule peuvent provenir d’une adaptation en vue de protéger l’articulation de l’épaule, tandis que d’autres associent ces changements à des processus dégénératifs de l’épaule des lanceurs. L’objectif de cette étude est d’analyser la contribution cinématique de la scapula chez les lanceurs de niveau élite lors d’amplitudes extrêmes de rotation axiale, similaires à celles rencontrées lors des tâches de lancer. La cinématique des athlètes est ensuite comparée à celle de sujets normaux. Si la cinématique des athlètes de lancer constitue une adaptation positive, les protocoles de réadaptation devraient être orientés dans le but de conserver celle-ci après la blessure.
MÉTHODE
Vingt-six sujets ont été recrutés pour cette étude. La moitié de ceux-ci étaient un groupe d’athlètes de handball d’une équipe d’élite. Ces derniers devaient avoir joué au niveau élite depuis plus de six ans, à raison de cinq pratiques hebdomadaires. L’autre moitié du groupe consistait de sujets normaux, sans historique de blessures ni chirurgies à l’épaule. Les sujets étaient assis sur une chaise avec l’humérus supporté à 90° d’abduction par un mécanisme permettant la rotation axiale. Les sujets devaient accomplir des rotations internes et externes de l’humérus à amplitude maximale. La vitesse de mouvement était contrôlée par un métronome. Les mouvements au niveau de chaque articulation ont été mesurés avec l’aide de capteurs électromagnétiques permettant de déterminer les coordonnées locales de chaque segment (thorax, humérus et scapula) (Ascension Technology, USA). La cinématique du groupe d’athlètes d’élite a été comparée à celle des sujets contrôles par t-test.
RÉSULTATS
Les athlètes de handball avaient une amplitude significativement inférieure que celle des sujets contrôles en rotation externe de l’humérus (par rapport au thorax). Malgré ceci, la scapula des athlètes était d’avantage en position de rétraction et de bascule arrière lorsqu’en rotation externe maximale. Une telle adaptation pourrait être de nature protective puisque la rétraction scapulaire permet d’augmenter l’espace sous-acromial et de réduire les risques de comprimer les structures musculaires entre l’humérus et la scapula. De plus, un tel positionnement de la scapula optimise la relation force-longueur de plusieurs muscles agissant à l’épaule.
À l’opposé de la rotation externe, les athlètes avaient une plus grande amplitude de mouvement lors de rotations internes maximales de l’humérus par rapport au thorax. Cette augmentation de l’amplitude de mouvement s’explique entièrement par une mobilité supérieure en rétraction et en bascule avant de la scapula lors de la rotation interne de l’humérus.
CONCLUSION
La scapula agit comme point d’attache de muscles stabilisateurs ainsi que de muscles agonistes au mouvement de l’humérus (coiffe des rotateurs, deltoïde, biceps et triceps brachial, grand dorsal, etc). La plus grande amplitude de mouvement de la scapula des athlètes de handball permet d’optimiser le bras de levier de ces muscles afin de maximiser la performance du lancer tout en assurant la stabilité de l’épaule. Les protocoles de réadaptation et les exercices de renforcement devraient ainsi être orientés de manière à promouvoir de telles adaptations cinématiques dans le but d’améliorer la performance lors des tâches de lancer et de prévenir les blessures.
Source primaire
Ribeiro A, Pascal AG. (2012) Scapular contribution for the end-range of shoulder axial rotation in overhead athletes. Journal of Sports Science and Medicine. 11:676-81.
Rédacteur
Patrick Marion
B. Sc. Kinésiologie, Étudiant M. Sc. Biomécanique, Université de Montréal
Éditeur
Jonathan Tremblay
Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal
Mots-clés
épaule, technique de lancer, cinématique, prévention de blessures, lancer
Sports ciblés
Water-polo, athlétisme (lancer du javelot), handball