S775 - Un suivi des charges subies par le gymnaste à chaque entraînement peut aider à réduire le risque de blessures
Un des principaux problèmes rencontrés lors de la pratique gymnastique est le risque de blessures. Les études biomécaniques ont montré que ces blessures pouvaient être causées à la fois par des chocs insuffisamment contrôlés, notamment lors de chutes, ou par de trop nombreuses répétitions de certains gestes. La quantification et le suivi de l’ensemble de ces charges appliquées au corps du/de la gymnaste au cours de ses entraînements aideraient à ne pas dépasser leur capacité à absorber ces charges afin de réduire les risques de blessures. Dans ce but, le suivi des charges subies doit être basé sur les principaux facteurs de risques associés à chaque élément ainsi qu’aux caractéristiques propres au/à la gymnaste.
MÉTHODE
Différents paramètres du mouvement ont été mesurés lors de la réalisation de divers éléments gymniques sur différents tapis et agrès. Des appareils de mesures tels que des caméras vidéo, des accéléromètres ou des plateformes de force ont été utilisés afin d’estimer les charges subies par le corps du gymnaste au cours de l’entraînement. Des facteurs individuels pouvant affecter les facteurs de risque de blessure ont également été testés à l’aide de modèles musculo-squelettiques personnalisés.
RÉSULTATS
Les zones du corps les plus souvent blessées sont les chevilles (28%), les genoux (22%), les pieds (8%) ainsi que les poignets et les bras (6%).
Pour les membres inférieurs la plupart des blessures sont causées par les réceptions (70% en compétition). Ainsi, c’est au sol, au saut de cheval et lors des sorties d’appareils, qu’ont été recensées le plus de blessures. L’impact en flip arrière sur les mains et poignets cause également de larges forces de compressions allant jusqu’à 2,7 fois le poids de corps sur des structures qui ne sont à la base pas faites pour absorber de telles charges.
En outre, de nombreux paramètres du mouvement tels que des vitesses et hauteurs de chute élevées ou un mauvais alignement des segments souvent causé par un mauvais contrôle de la réception peuvent conduire à des forces de compression des os significativement plus importantes. Des facteurs secondaires comme la fatigue, un angle de flexion trop important, une réduction de la surface d’impact ou une rotation vers l’avant ont également été identifiés. L’accélération brusque lors des mouvements ainsi que des amplitudes articulaires proches des limites physiologiques sont souvent requises en gymnastique et constituent également des risques de blessures.
À l’inverse, l’utilisation de tapis de réception, de protection pour les poignets ou les chevilles et de stratégies de réception adéquate permettent de réduire les charges subies pendant les impacts. Par exemple, l’augmentation des propriétés amortissantes du tapis de 272% en diminuant sa rigidité de 0,5% par rapport au sol de compétition permet de diminuer de 12% les forces maximales de réaction appliquées au gymnaste.
Les gymnastes qui expérimentent leur pic de croissance sont également les plus à risque. Plusieurs autres facteurs de performance physique personnels comme la raideur musculaire ou la contribution asymétrique des jambes lors des réceptions peuvent favoriser l’apparition des blessures.
DISCUSSION
Actuellement aucun modèle prédictif ne prend en compte l’ensemble des facteurs de risques énumérés précédemment. Toutefois ces résultats suggèrent qu’un suivi du nombre d’impacts causés par des réceptions sur les pieds ou en appuis sur les mains devrait être effectué par les entraineurs. Les facteurs de risques les plus importants tels que la hauteur de la chute et le degrés de contrôle de la réception devraient également être pris en compte dans ce suivi en parallèle avec une évaluation régulière des qualités physiques des gymnastes notamment dans le but de repérer leur pic de croissance.
Source primaire
Bradshaw et coll. (2012) Biomechanical approches to identify and quantify injury mechanisms and risk factors in women artistic’s. J Sports Biomechanics 11(3) : 324-341.
Rédacteur
Diane Haering
M.Sc., sciences et techniques des activités physiques et sportives
Éditeur
Begon, Mickael
Ph.D. biomécanique et bio-ingénierie (Poitiers), Post-Doc (Université de Loughborough (UK), Professeur adjoint à l'Université de Montréal