S751 - Le traitement prolongé aux anti-inflammatoires non stéroïdiens ne semble pas favoriser la guérison suite à une blessure musculaire
L’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), des médicaments analgésiques disponibles en vente libre, est extrêmement répandue chez les athlètes de tous les niveaux. Ces médicaments sont fréquemment utilisés suite à une blessure musculaire accidentelle ou de surutilisation, ou même de façon préventive. Mais peu d’études cliniques ont évalué leur efficacité et on connait mal les effets de ces médicaments sur le tissu musculaire.
L’évaluation des effets des AINS sur le tissu musculaire est difficile, puisqu’il existe diverses classes d’AINS et que leurs effets peuvent différer selon le type de blessure musculaire (claquage, contusion, micro-déchirures, etc.) et le moment d’administration du médicament.
Certaines études ne révèlent aucun effet de l’administration d’AINS sur la guérison d’une blessure musculaire, mais plusieurs autres font ressortir une diminution des dommages et dysfonctions musculaires peu de temps après la blessure. Toutefois, les études qui ont suivi la réparation musculaire sur une plus longue période suggèrent toutes que les effets positifs relevés à court terme ne sont pas maintenus à long terme. Certaines études révèlent même une détérioration de la force et de la réparation du tissu musculaire.
Cela serait du à l’effet inhibiteur des AINS sur la croissance des cellules satellites et des macrophages, deux cellules participant à la réparation musculaire. Toutefois, les études sur ce sujet sont parfois contradictoires.
L’administration d’AINS n’aurait pas plus d’effet sur la guérison des os, tendons et ligaments. Certaines études indiquent même un effet négatif à long terme sur la guérison de fractures et entorses.
Le traitement prolongé aux AINS supprimerait l’adaptation des tissus conjonctifs connecteurs (tendons) à l’exercice, les rendant ainsi plus sensibles aux microtraumatismes.
Alors qu’un traitement aux AINS permet de diminuer la perte de masse musculaire en réduisant l’inflammation chez les personnes âgées, des études suggèrent que sur un muscle jeune, les AINS pourraient réduire la réponse à l’entraînement, en diminuant la synthèse des protéines musculaires.
Bien que plus d’études soient nécessaires, il n’est pas certain que les AINS soient toujours indiqués en cas de blessure, il semble que leur consommation prolongée ne permette pas de prévenir les blessures et qu’ils aient des effets secondaires non négligeables.
Source primaire
Mackey AL et coll. (2012) Rehabilitation of muscle after injury – The role of anti-inflammatory drugs. Scand J Med Sci Sports 22(4):e8-e14. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22449131
Rédacteur
Myriam Paquette
B.Sc., étudiante à la maîtrise en physiologie de l’exercice
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Paoloni JA et coll. (2009) Non-steroidal anti-inflammatory drugs in sports medicine: Guidelines for practical but sensible use. Br J Sports Med 43(11):863-5.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19546098
Ziltener JL et coll. (2010) Non-steroidal anti-inflammatory drugs for athletes: An update. Ann Phys Rehabil Med 53(4):278-82, 282-8.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20363203