Les douleurs thoraciques après l'entraînement ne sont pas rares. Elles sont le plus souvent diffuses et musculaires (petit et grand pectoral, grand dorsal), et peuvent parfois provenir de dérangement vertébral de type ostéopathique. On évoque ainsi le diagnostic rassurant mais non précis de douleurs intercostales. Néanmoins, lors de la pratique régulière de l'aviron (comme dans certains autres sports : golf, base-ball, haltérophilie ...), il est nécessaire de s'intéresser plus particulièrement aux côtes.

Les circonstances de survenue de la douleur

Il s'agit aussi bien de jeunes hommes que de jeunes filles entre 19 et 33 ans, pratiquant l'aviron et la musculation spécifique à la discipline depuis plusieurs années et de façon quotidienne.

La douleur apparaît progressivement, sans aucun traumatisme direct, lors d'effort mobilisant la cage thoracique, que ce soit en bateau ou pendant les séances de musculation. D'abord ressentie comme une gêne diffuse, la douleur va s'accentuer avec la poursuite de l'entraînement, pour devenir au bout de quelques jours tout à fait invalidante. Bien qu'elle ait tendance à disparaître progressivement à l'arrêt de l'effort, il persiste une région thoracique globalement endolorie, que le sportif ressent comme une contracture musculaire.

La poursuite des entraînements aboutit peu à peu à la permanence de cette douleu, même au repos, empêchant tout travail en bateau ou en musculation, et gênant les gestes de la vie courante : tourner un volant, tousser, marcher en balançant les bras, changer de position dans son lit.

La fracture de stress de côte

Devant l'apparition, puis l'évolution de cette douleur thoracique, le médecin doit penser à l'existence d'une fracture de contrainte localisée à une côte. Pour cela, la palpation lente progressive et suivie de chaque côte doit permettre de retrouver un point exquis douloureux. Des manoeuvres de compression latérale et antéropostérieure de la cage thoracique réveillent la douleur. Il en est de même de la mobilisation de la côte de haut en bas et inversement.

Pour aider au diagnostic, le médecin utilisera plutôt la tomodensitométrie osseuse (scanner) ou encore la scintigraphie osseuse au technicium 99. Les radiographies simples sont toujours normales les 2 premières semaines.

La plus grande partie de ces fractures siègent entre la 5e et la 10e côte, au niveau de leur partie postérieure ou moyenne. Cela correspond aux zones d'insertion du muscle serratus anterior (grand dentelé), fixateur de l'omoplate, ce muscle est donc très sollicité lors du coup d'aviron et pendant les exercices de musculation (tirade rowing, développer coucher).

La guérison

Elle est toujours obtenue, avec un seul et indispensable traitement : le repos sportif. Celui-ci doit être total au niveau de la cage thoracique, et doit se prolonger sur 4 à 6 semaines.

Le retour au meilleur niveau de compétition a toujours été le cas, et n'a jamais empêché la progression ultérieure. Cependant, il peut apparaître en d'autres endroits d'autres fractures de stress, mais jamais au niveau du cal de consolidation de l'ancienne fracture.

La prévention

Quelques principes simples peuvent être respectés en guise de prévention :

augmentation progressive des charges de musculation et de kilométrage en bateau;

respect d'une alimentation riche en calcium (1,5 g/j);

renforcement du grand dentelé (serratus antérior) par antépulsion de l'omoplate et étirements;

bon positionnement du thorax et de l'appui sternal, lors des exercices de tirade-rowing.