T11 - L’observation et les statistiques permettent de choisir une stratégie pour gérer le profil des joueurs et pour définir et créer des réponses tactiques
En sports collectifs en général et en volley ball plus particulièrement, l’utilisation conjointe d’un logiciel et de la vidéo pour l’observation du match et des entraînements permet de créer des rapports de force efficaces et spécifiques . L'équipe entière doit étudier le montage vidéo au moins deux fois avant le match. L’étude doit être approfondie par petits groupes, selon les rôles et le fonctionnement de chacun. Cette démarche permet une utilisation personnalisée et précise des informations sélectionnées.
Au volley ball, les systèmes de contre, les positions de départ, les seuils de performance (un seuil de performance peut être défini comme étant la moyenne statistique qui permet de déterminer une probabilité de résultat dans tous les compartiments du jeu) et les priorités doivent être observés en profondeur. Il faut étudier et évaluer l'utilisation des individus à l'intérieur des systèmes. Qui contre où ? Comment réagir contre le 1er tempo ? Il faut isoler les indices à l'intérieur de chaque rotation pour créer le meilleur plan de rotation possible. Qui peut faire quoi ? et avec quel degré d'efficacité ? Quels seuils permettent de tout gagner ?
Ainsi, dans l’observation de la première rotation (passeur au poste 1), il faut analyser les combinaisons qui impliquent tous les attaquants. Par exemple, on a, sur cassette vidéo, 40 répétitions de la rotation 1 au cours de laquelle la combinaison notée 1 par l’entraîneur a été utilisée 23 fois. Dans la rotation 2 où deux joueurs changent leurs actions, elle est utilisée 10 fois. Le couloir arrière est utilisé de façon plus systématique sur réception du joueur numéro 11.
Il faut noter chaque combinaison. Chaque fois qu'il y a une modification, c'est une autre combinaison. Il faut analyser en détail tout ce qui se passe dans cette rotation. Il faut déterminer le nombre de ballons par attaquant et par combinaison, mais aussi la direction de l'attaque, la vitesse de la passe, la vitesse de la balle (entre l'impact de l'attaquant et la traversée du filet, entre le toucher de balle par l'attaquant et le contact avec la défense ou le sol).
On sait que, par exemple, dans les 23 répétitions de la combinaison notée 1, le joueur n°12 (attaquant sur balles rapides) a 2 ballons, le n°15 (attaquant à droite) a 6 ballons et le n°7 (attaquant à l'aile) en a reçu 15. Il faut vite trouver la logique de cette distribution.
Pour la combinaison notée 2, le n°12 a 1 ballon, le n°15 (attaquant en croix) a 1 ballon et le n°7 en a 8.
Pour la combinaison notée 3, le n°7 et le n°15 n'ont pas reçu de ballon, le n°12 en a 3 et le n°9, 4.
Les tendances sont très claires. Il faut donner le poids approprié à chaque choix, et surtout pénétrer les causes du changement. Une bonne utilisation de l'information permet l'élaboration d'un système de contre/défense performant. Il faut mettre en valeur les indices clés pour créer les meilleurs rapports de force possible. Il est impossible de défendre contre toutes les options et demeurer efficace.
Au volley-ball, tous les savoir-faire sont liés, c'est pourquoi les indices du contreur sont liés à la qualité et à la stratégie du service. Par exemple, quand le joueur n° 9 réceptionne, son équipe utilise presque exclusivement la combinaison notée 1 avec une balle un peu plus accélérée en 4 pour le n°7 qui attaque à 80% la diagonale.
L'utilisation de ces clés permet l'utilisation du bon système et la fermeture des angles appropriés. L'entraîneur doit définir les actions importantes, les priorités absolues, où et quand il faut rechercher une supériorité numérique sur une option donnée. Il faut s’opposer à l'attaque adverse de façon intelligente, tenir compte des probabilités de choix, de direction, de vitesse et de puissance. Par exemple, quand le joueur n°10 réceptionne, il utilise la combinaison notée 3 à 80%, et plus de 50% des ballons sont attaqués aux 3 mètres du poste 1, direction ligne. Dans la combinaison 3, les ballons sont attaqués sur le côté droit de l'attaque. Le contre doit bien lire la direction du service pour établir les probabilités d'attaque et il doit très vite déterminer les indices qui déclenchent la combinaison 3.
Le système défensif doit prendre en compte le niveau des attaquants, surtout la puissance qui se traduit par la vitesse que l’attaquant donne à la balle et le danger que cela représente pour l’adversaire. Il faut établir une hiérarchie de niveau pour les attaquants A1, A2, A3 etc. tout en sachant que leur valeur relative et leur utilisation peuvent varier avec la rotation, la combinaison, la situation. Il faut aussi étudier les tendances, le style, les habitudes et les possibilités du passeur.
Par exemple, le passeur passe toujours à l'opposé du mouvement de la fixation. Un bon système de contre/défense, lié à une bonne tactique de service, peut influencer les décisions et le jeu du passeur et tout au moins, le rendre plus prévisible. Il faut très vite analyser les raisons du succès et de l'échec de l'attaque précédente, c'est une « gâchette », un déclencheur pour la prochaine action.
Les joueurs doivent recevoir de l’entraîneur un rapport détaillé des options possibles pour chaque rotation.
Ces informations permettent de créer des systèmes efficaces tant défensifs qu'offensifs. Elles doivent constamment être mises à jour, comparées et évaluées.
Source primaire
Les fondamentaux de l'école américaine des sports collectifs. L'exemple du volley-ball - La Ligue des Flandres de Volley-ball Ralph HIPPOLYTE 1998
Rédacteur
Ghislaine Quintillan
Docteur en Sciences de l’Education. Diplômée Insep. Internationale de volley ball
Éditeur
Frédéric Aubert
Enseignant-formateur à l’INSEP,Professeur Agrégé d’EPS, diplômé de l’INSEP
Mots-clés
Observation, Stratégie, tactique, Analyse de la performance, préparation à la performance.
Lectures suggérées
Bill Walsh « FINDING THE WINNING EDGE » Sport publishing INS 1999