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T23 - Séance de vitesse : séance anaérobie alactique ?

Les séances de vitesse sont caractérisées au plan physiologique par le terme anaérobie alactique en référence à la filière énergétique principalement mobilisée. Depuis les travaux de Saltin et al. (1971) et Mercier et al. (1990), il est admis que la glycolyse anaérobie est également sollicitée, et ce, dès début de l’exercice. Quelques études conduites sur ergocycle au cours de tests " charge-vitesse " montrent que la production d’acide lactique est notable. En ce qui concerne la course, où une plus grande masse musculaire est mobilisée, peu de données semblent disponibles. Aussi, les auteurs de cet article se sont-ils intéressés à l’évolution de la lactatémie au cours d’une séance de vitesse classiquement utilisée sur les stades afin d’en mesurer l’impact énergétique et d’appréhender dans quelles proportions le métabolisme anaérobie lactique participe à la resynthèse d’ATP.

Protocole

Cinq sprinters masculins spécialistes de niveau national de sprint court ou prolongé ont accepté de participer à cette étude. Ils se sont engagés à ne participer à aucun entraînement intense 48 heures avant le déroulement de l’expérimentation qui a toujours eu lieu à la même heure. La séance proposée consistait à répéter des 50 mètres de course à intensité maximale entrecoupés d’une récupération passive de 4 minutes. La séance était stoppée quand le temps réalisé sur la distance se dégradait de plus de 3 dixièmes de seconde. Un prélèvement sanguin était effectué 3 minutes après la période d’échauffement puis 3 minutes après chaque 50 mètres.

Résultats

Le temps réalisé par les athlètes sur la distance était voisin des 6 secondes. Onze sprints successifs ont pu être réalisés par chacun des athlètes sans dégradation de performance. Les auteurs observent (Figure 1) que les valeurs de lactatémie qui sont d’environ 4 mmol. l-1 en fin d’échauffement, augmentent significativement dès la fin du premier sprint pour atteindre 7.4 mmol. l-1. Les valeurs augmentent alors progressivement pour atteindre 14 mmol. l-1 dès le quatrième sprint, puis stagnent jusqu’à la fin de la séance.

Discussion

À ce jour, il est courant dans les milieux de l’entraînement de suggérer que, du fait de l’inertie du métabolisme anaérobie lactique, seule la filière alactique est sollicitée sur des efforts de sprint court. Or, les résultats de cette étude montrent que la lactatémie augmente de façon significative malgré la brièveté des efforts qui ne dépassent pas 6 secondes. Ces résultats confirment ceux de Saltin et al (1971) et Mercier et al (1990) obtenus en laboratoire et montrent que, lors d’exercices brefs en course à pied, la production d’énergie s’effectue aussi par la voie glycolytique et ce, dès les premières contractions musculaires. Les auteurs ne discutent pas les raisons qui font que la lactatémie stagnent dans la seconde partie de la séance.

Conclusion

Comme l’ont signifié Hirvonen et al (1987) ainsi que Schnabel et al (1983), cette étude confirme le fait que les séances de sprint contribuent à développer les systèmes lactiques et alactiques. La répétition d’efforts de 6 secondes en course élève la lactatémie vers des valeurs de 14 mol. l-1, et ce, dès la 4e répétition. Du fait de la stagnation de la lactatémie dans la seconde partie de la séance, il pourrait être intéressant de connaître aussi les valeurs de fin de récupération après chaque 50 m, ce qui permettrait de quantifier la participation du métabolisme anaérobie lactique à chaque 50 m et, ainsi, de mieux appréhender l'impact de l'entraînement.

Source primaire

Effet d'une séance de vitesse sur la lactatémie chez des sprinteurs de niveau national. ZOUHAL H ; FORICHER J.-M., Moussa E. ; DELAMARCHE P. Revue de l'AEFA (association des entraîneurs français d’athlétisme) 164,38-40, (2001).

Rédacteur

Christine Hanon
D.E.A – Diplôme INSEP, BE3 tronc commun. Laboratoire de Biomécanique et de Physiologie, INSEP

Éditeur

Jean-Michel Leveque
Doctorat STAPS, Membre du Laboratoire de biomécanique et physiologie INSEP

Mots-clés

Course entraînement, lactatémie, Vitesse, préparation à la performance.

Lectures suggérées

HIRVONEN et al Breackdown of high energy phosphate compounds and lactate accumulation during short supramaximal exercise Eur J Appl Physiol 56 : 253-59, 1987.

JACOBS et al Lactate in human skeletal muscle after 10 and 30 secondes of supramaximal exercises J Appl Physiol 55 : 365-367, 1983.

SALTIN et al Metabolic and circulatory adjustment at onset of maximal work ; In : Onset of exercise, edited by A. Gibert and P. Guile, Toulouse, France Univ of Toulouse Press 63-67, 1971.

SCHNABEL A., KINDERMANN W. - Assessment of anaerobic capacity in runners. Eur J Appl Physiol 52 : 42-46, 1983.

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