S17 - Quel type d’entraînement de musculation réaliser pour améliorer la performance en kayak ?
L’effet de différents types d’entraînement de musculation sur la performance dans des épreuves caractérisées par des sprints ou de brèves périodes d’effort maximal reste à déterminer. L’objet de l’étude, présentée ici, est d’établir l’influence d’une période d’entraînement de musculation "explosive" versus "lente" sur la performance en sprint en kayak.
MÉTHODE
Procédure :
Une période d’entraînement de musculation de 6 semaines à raison de 2 séances hebdomadaires a été effectuée. Chaque séance de musculation était composée de 3 séries de contractions menant à l’épuisement réalisées à 80 % de 1 répétition maximale en développé-couché (DC) et en tirade-planche (TP).
Population :
La population de kayakistes était divisée en 3 groupes :
- le groupe "lent" devait effectuer la phase concentrique du mouvement en 1,7 seconde,
- le groupe "explosif" devait effectuer la phase concentrique du mouvement de plus vite possible, en moins de 0,86 seconde,
- et le groupe contrôle qui n’a réalisé que les tests.
Après les 6 semaines d’entraînement, des tests de force maximale ont été réalisés en DC et en TP et une série de 5 sprints de 15 mètres en kayak, séparés de 2 minutes, a également été effectuée.
Les effets de l’entraînement ont été testés :
- lors d’un effort en sprint sur une distance de 15 m, départ arrêté. Pour ce faire, des cellules photo-électriques ont été placées à 0, 3,75, 7,5 et 15 mètres afin de distinguer les différentes phases du sprint : la phase d’accélération (de 0 à 3,75 mètres), la phase de transition (de 3,75 à 7,5 mètres) et la phase de maintien de la vitesse (de 7,5 à 15 mètres). en (DC) et (TP).
L’entraînement a induit des gains de force maximale de 8 à 15 % pour les deux groupes entraînés. Les gains de force maximale ont été supérieurs pour groupe "explosif" comparé au groupe "lent" (+7,9 % en DC et + 5,5 % en TP). L’entraînement a également induit une amélioration de la performance en sprint, de 3 % pour le groupe "lent" et de 2 % pour le groupe "explosif". Les améliorations ont essentiellement concerné la phase d’accélération (+7 % pour le groupe "lent" et +3 % pour le groupe "explosif"), et la phase de maintien de vitesse (+2 % pour le groupe "lent" et + 3 % pour le groupe "explosif") (voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=709&fichier=S17_figure1.docx ).
Alors que l’entraînement de type explosif induit les gains de force maximale les plus importants, l’amélioration de la performance en sprint est plus marquée à la suite de l’entraînement dit "lent". Ce dernier résultat peut paraître surprenant, puisque l’entraînement "explosif" a été montré plus efficace que l’entraînement dit "lent" pour les actions sportives explosives et les sprints. On pourrait donc penser que ce type d’entraînement conviendrait parfaitement à l’amélioration du départ en kayak. Seulement, la vitesse des segments (8 m s-1 pour le poignet) et le temps de contact (500 ms, pagaie immergée) sont nettement supérieurs en kayak, comparé à la course à pied (100 ms de temps de contact et une vitesse du pied aux alentours de 20 m s-1). Les caractéristiques spécifiques de l’activité kayak pourraient donc expliquer l’effet plus marqué d’un entraînement dit "lent" sur la performance en sprint et notamment la phase d’accélération par rapport à un entraînement explosif. L’entraînement explosif montre toutefois un intérêt concernant la phase de maintien de la vitesse. Une fois la vitesse maximale atteinte, le temps de contact (pagaie immergée) est réduit, la force exercée par le pagayeur atteint son pic après 220 ms puis diminue progressivement. Or, à l’issue d’un entraînement de type explosif, la force est développée rapidement, puis décroît progressivement. Ainsi, l’entraînement de type explosif représenterait un intérêt important pour maintenir élevée la vitesse du bateau.
CONCLUSION ET APPLICATIONS
Un entraînement de musculation réalisé à faible vitesse semble plus efficace pour améliorer l’accélération initiale qu’un entraînement de type explosif. À l’inverse, un entraînement explosif semble plus efficace pour améliorer le maintien de la vitesse lors d’un sprint court en kayak. Puisqu’en compétition, les courses de kayak se déroulent sur de plus longues distances (500 et 1 000 mètres) que celles retenues pour le test (15 m), il apparaît primordial non seulement d’atteindre une vitesse élevée du bateau, mais surtout de pouvoir maintenir cette vitesse le plus longtemps possible. Dans ce contexte, un entraînement de musculation de type explosif, associé à un entraînement d’endurance bien mené, représente un intérêt majeur pour les performances en kayak, et dans les autres activités aquatiques lors desquelles le temps de contact est relativement élevé.
Source primaire
Velocity specificity of weight training for kayak sprint perforamnce. LIOW D.-K., HOPKINS W.-G. 2003 Med. Sci. Sports Exerc. 35 : 1232-1237.
Rédacteur
Anne Michaut
Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives - Laboratoire de biomécanique et de physiologie - INSEP
Éditeur
Chantalle Thépaut-Mathieu
Docteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP http://sciences.campus-insep.com
Mots-clés
entraînement, musculation, préparation à la performance
Lectures suggérées
AITKEN D.-A., NEAL R.-J. An on-water analysis system for quantifying stroke force characteristics during kayak events. 1992 Int. J. Biomech. 8 : 165-173.
BEHM D.-G., SALE D.-G. Intended rather actual movement velocity determines velocity-specific training response. 1993 J. Appl. Physiol. 74 : 359-368.