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S20 - Les athlètes enceintes ayant une grossesse sans problème peuvent suivre un entraînement intensif et maintenir leur forme physique

Cet article traite des effets de l’exercice de forte intensité pendant et après la grossesse chez des athlètes de haut niveau. L’hypothèse vérifiée lors de cette recherche est que la poursuite de l’entraînement à un niveau d’intensité suffisamment élevé pendant la grossesse peut maintenir le niveau de condition physique des athlètes. Une deuxième hypothèse est que l’entraînement à un niveau d’intensité élevé ne présente pas de risque pour la mère et le fœtus. Le but premier de cette recherche est de définir un régime d’entraînement sécuritaire pour les athlètes enceintes afin de conserver leur niveau de condition physique. Des études antérieures ont démontré que l’exercice modéré est sécuritaire pendant la grossesse. Il a aussi été démontré qu’une intensité d’entraînement plus élevée n’est pas dommageable pour la mère et le fœtus chez des femmes déjà bien entraînées. Certaines études ont aussi démontré que l’entraînement pendant la grossesse peut s’accompagner d’une amélioration de l’aptitude aérobie.

Pour cette étude, 41 athlètes en bonne santé qui faisaient de l’exercice régulièrement avant la conception ont été suivies de la 17ième semaine de grossesse jusqu’à la 12ième semaine suivant l’accouchement. Certains des sujets faisaient partie de l’élite mondiale dans leur discipline. Les athlètes ont été divisées en deux groupes. Le premier groupe a suivi un programme à grand volume d’entraînement (n = 20; 8,4 h/sem) et le deuxième groupe, un programme à plus petit volume (n = 21; 6h/sem). Le programme contenait trois composantes, soit un entraînement musculaire (endurance musculaire avec le poids du corps), un entraînement en anaérobie par intervalles (ergocycle, course, marche ou ski de fond) et un entraînement en aérobie en continu (marche rapide, ergocyle ou ski de fond). L’entraînement musculaire était le même pour les deux groupes. Il était composé de trois séries de 20 à 40 répétitions pour 18 exercices couvrant tous les grands groupes musculaires. La routine durait environ 72 minutes et était effectuée deux fois par semaine. Pendant l’entraînement par intervalles, les deux groupes devaient maintenir leur fréquence cardiaque entre 170 et 180 bpm. L’entraînement était de 10 minutes pour le groupe à petit volume et de 15 minutes pour le groupe à grand volume. Cet entraînement était aussi fait deux fois par semaine. La première fois, on alternait 15 secondes d’effort et 15 secondes de repos. La deuxième fois, on alternait 45 secondes d’effort et 15 secondes de repos. L’entraînement d’endurance cardiovasculaire en continue était fait deux fois par semaine et était de 1,5 h pour le groupe à petit volume et de 2,5 h pour le groupe à grand volume. Différents tests ont été administrés pendant la durée de l’étude pour mesurer la fréquence cardiaque, la consommation d’oxygène et la concentration plasmatique de lactate à différentes intensités de travail. La fréquence cardiaque au repos, la consommation maximale d’oxygène ainsi que le poids corporel ont aussi été mesurés pendant toute la durée de l’expérimentation.

L’étude démontre que les deux groupes d’athlètes enceintes qui au départ avaient des différences au niveau de l’aptitude aérobie, ont réagi de façon similaire à l’exercice pendant et après la grossesse. Les changements physiologiques pendant la grossesse n’ont pas dépassé l’ordre de 15 % par rapport aux valeurs de départ. La conclusion générale est qu’il est possible de maintenir une excellente condition physique pendant la grossesse en suivant un entraînement adéquat. Selon l’auteur, les résultats de cette étude pourraient servir de fondement pour guider l’élaboration de programmes d’exercices vigoureux pendant la grossesse. Il serait cependant difficile de proposer un régime d’entraînement spécifique pour les athlètes enceintes en raison des exigences physiques différentes pour chaque discipline sportive. L’étude permet tout de même de conclure qu’une charge d’entraînement relativement élevée est appropriée, n’a pas d’effet négatif sur la santé de la mère ou du fœtus et permet de maintenir la forme physique à son niveau initial. Ce genre d’entraînement pourrait donc faciliter le retour à la compétition et à une vie active après l’accouchement. Les athlètes enceintes ayant une grossesse sans problème et ayant une forme physique comparable aux athlètes du groupe à grand volume pourraient donc, selon l’auteur, entreprendre un tel entraînement ou un équivalent avec une dépense énergétique semblable.

Source primaire

Kardel K.Effects of intense training during and after pregnancy in top-level athletes. Scand J Med Sci Sports 2005; 15(2):79-86.

Rédacteur

Antoine Bonicalzi
Étudiant en kinésiologie à l’Université du Québec à Montréal

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Grossesse, condition physique

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