S22 - Les squats sur surface instable offrent un stimulus d’entraînement des muscles du tronc
Il est connu que l’exécution d’exercices musculaires sur surface instable (ballons suisses, planches instables) stimule davantage le système nerveux que les méthodes traditionnelles d’entraînement en résistance. L’avantage de ce type d’entraînement tient aux adaptations neuronales qui l’accompagnent. Plusieurs recherches ont prouvé que l’adaptation neuronale joue le plus grand rôle dans les gains de force qui apparaissent au début d’un programme de musculation (Behm, 1995 et Sale, 1988). L’adaptation neuronale spécifique qui apparaît avec l’entraînement n’augmente pas le recrutement ou l’activation des unités motrices, mais améliore la coordination des muscles agonistes, antagonistes (y compris les muscles stabilisateurs). Depuis quelques années, les chercheurs utilisent l’électromyographie de surface pour mesurer l’activité des muscles à l’effort. Par contre, très peu d’études ont examiné l’effet d’exercices de musculation avec surface instable sur l’activation et la force des muscles.
Dans cette étude, les chercheurs présentent les différences dans l’enregistrement électromyographique des muscles soléaire, vaste externe, biceps fémoral, stabilisateurs de l’abdomen, érecteur du rachis lombaire supérieur et érecteur du rachis lombo-sacré au cours de squats effectués dans des conditions variables de stabilité et de résistance. Ils stipulaient que plus la stabilité diminue, plus l’activité musculaire du tronc augmente.
Quatorze jeunes hommes (25,2 ± 6,2 ans; 175,3 ± 6,5 cm; 82,6 ± 9,7 kg) membres d’équipes compétitives (hockey, soccer, squash), ayant un vécu en entraînement en résistance (moyenne de 7,8 ± 6,4 ans) et participant à un programme d’entraînement en musculation avec poids libres, machines à résistance et exercices avec instabilité, ont participé à l’étude. Six des sujets utilisaient des ballons suisses pour les exercices d’endurance du tronc (sit-ups).
Avant la collecte des données, deux semaines de séances de familiarisation ont été données aux sujets durant lesquelles ils ont effectué des squats sur surface stable et instable (disques d’instabilité) en utilisant uniquement le poids corporel pour trois séries de 10 répétitions à six occasions. Tous les tests furent effectués en une séance. La stabilité a été modifiée lors des squats : - condition très stable : squats sur un appareil de marque Smith; - condition relativement stable : squats libres; - condition instable : squats avec disques d’instabilité sous les pieds.
Trois intensités ont été utilisées : - aucune résistance externe (masse corporelle); - 29,5 kg (poids de la barre de l’appareil Smith); - 60 % de la masse corporelle.
Les sujets suivaient à l’aide d’un métronome un rythme de mouvement de type 1-1-1, c’est à dire une seconde pour descendre à une flexion au genou de 90 degrés, une seconde de transition en bas et une seconde pour remonter. Deux minutes de pause étaient allouées aux sujets entre les répétitions pour réduire l’effet de fatigue.
L’activité des muscles soléaire, stabilisateurs de l’abdomen, érecteur du rachis lombaire supérieur et érecteur du rachis lombo-sacré (mesurée à l’aide d’électrodes de surface) était significativement plus élevée lors de la condition instable (disques d’instabilité) et plus faible lors de la condition stable (appareil Smith), à p < 0,005. De plus, l’activité électromyographique était supérieure lors de la descente que lors de la montée. L’augmentation de l’activité électromyographique de ces muscles est probablement due à leur rôle postural et de stabilisation.
Les squats sur des surfaces instables semblent offrir un stimulus d’entraînement pour les muscles du tronc qui soutiennent la colonne vertébrale (érecteur du rachis) et pour les muscles qui contribuent au maintien de la posture.
Source primaire
Anderson K et Behm DG. Trunk muscle activity increases with unstable squat movements. Can J Appl Physiol 2005; 30(1):33-45.
Rédacteur
Fabien Morand
B.Sc., kinésiologue
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
électromyographie, musculation, Force, stabilisateurs, préparation à la performance
Lectures suggérées
Behm D et al. Muscle force et neuromuscular activation under stable and unstable conditions.J Strength Cond Res 2002; 9:264-274.