S40 - Les mesures anthropométriques, et les tests de puissance et de force peuvent ils prédire la performance en sprint ?
Pour détecter des qualités de sprinters, on utilise d’ordinaire des tests classiques de force et de puissance ainsi que les mesures standard anthropométriques. Il s’agit de tester l’existence d’une corrélation entre les capacités de force et de puissance, les caractéristiques anthropométriques et la performance en sprint. Cette dernière est estimée par la vitesse moyenne dans les phases 0-15 m (phase d’accélération) et 15-30 m (phase de maintien de la vitesse).
MATÉRIEL ET MÉTHODE
Population :
Vingt-quatre sujets sains et bénévoles issus de spécialités différentes, (tous étudiants en éducation physique -âge M = 20.1 ±0.9 ans-) sont retenus pour l’expérimentation.
Paramètres :
- Les forces maximales isométriques des extenseurs du genou, de la hanche ainsi que celles des fléchisseurs de la hanche sont mesurées au moyen d’un dynamomètre. Rapportées au poids de corps, on obtient alors les forces relatives.
- La puissance maximale des jambes est évaluée à partir d’un saut avec contre mouvement et la puissance moyenne est calculée sur la base d’une série de sauts effectués en 15 secondes Ces tests se réalisent au moyen du tapis de Bosco.
- Le poids, la masse grasse et la masse maigre (différence entre le poids corporel et la masse grasse) sont calculés.
Protocole :
Les sujets suivent un entraînement régulier de course de sprint à raison de deux fois par semaine pendant quatre semaines. Ils ont à travailler plus particulièrement les phases d’accélération et de maintien de la vitesse maximale. À l’issue de cette période d’entraînement, un test à vitesse maximale sur 30 m est effectué. Le chronométrage électronique, entre 0,5 et 15 m et entre 15 et 30 m autorise le calcul d’une vitesse moyenne dans ces deux phases (phase initiale d’accélération et phase de vitesse maximale). Chaque sujet bénéficie de deux essais espacés de 7 minutes.
RÉSULTATS ET DISCUSSION
Les moyennes dans les phases initiales et de vitesse maximale sont respectivement de 5.8 ±0,21 ms-1 et 8.05 ±0,24 ms-1. L’analyse statistique démontre une seule corrélation (r = 0.48, P < 0.05) entre la vitesse de la seconde phase du 30 m et le saut en contre mouvement (voir tableau: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=687&fichier=S40_tableau1.doc ). Il y aurait donc peu de lien entre les valeurs anthropométriques individuelles d’une part, les qualités de forces et de puissance d’autre part, et la performance en sprint.
De nombreuses études démontraient déjà la faible relation entre les performances dynamiques, tel le saut ou le sprint, et la force maximale isométrique (1*). Même s’il est connu que des particularités dans la morphologie sont prérequises pour la performance athlétique, il reste toutefois incertain qu’elles influencent directement la performance dans un groupe d’athlètes relativement homogène (2*). Néanmoins, les faibles corrélations des sauts et de la puissance des extenseurs des genoux avec la performance en sprint semblent difficiles à admettre. Le saut et le sprint, en tant que mouvement dynamique, requièrent tous deux une puissance musculaire importante. Il faut sans doute prendre en compte le fait que les sauts choisis pour les tests (sans surcharge) ne correspondent pas aux intensités d’exercices où sont notées traditionnellement les puissances musculaires maximales (c’est-à-dire aux environs de 1/2 IRM). D’autre part, les auteurs reconnaissent que l’homogénéité de l’échantillon des sujets testés est peu comparable avec la population générale, ce qui pourrait expliquer en partie ces résultats.
EN CONCLUSION
Contrairement aux résultats d’auteurs précédents qui avançaient des corrélations plus fortes (1*, 3*), cette dernière étude indique que la plupart des indicateurs standard de morphologie, force et puissance musculaires seraient de faibles prédicateurs de la performance dans les phases d’accélération et de vitesse maximale en sprint. Les auteurs proposent de prendre en compte les mesures de force développées pendant la course elle-même (grâce à une plate-forme de forces par exemple) (4*), le pourcentage de fibres rapides (5*) et la vitesse de développement de la force maximale du groupe musculaire actif (1*).
Source primaire
KUKOLI M. , ROPRET R., UGARKOVIC D., . JARIC S. Journal of Sports Medicine and Physical Fitness 39 : 120-122, 1999.
Rédacteur
C. Delemer
Professeur de sport, BE3 en pentathlon moderne
Éditeur
Chantalle Thépaut-Mathieu
Docteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP http://sciences.campus-insep.com
Mots-clés
Caractéritiques anthropométriques, course de vitesse, épreuve d'effort, force musculaire, performance, puissance musculaire, préparation à la performance
Lectures suggérées
WILSON GJ, MURPHY AJ. The use of isometric tests of muscular fonction in athletic assessment. Sports Med 1996; 22:19-37.
VAN INGEN SCHENAU GJ, DE KONING JJ, BAKKER F.C., DE GROOT G Performance-influencing factors in homogeneous groups of top athletes:a cross-selectional study Med Sci Sports Exerc 1996;28:1305-10.
BARR SI, MCCARGAR LJ, CRAWFORD SM Practical use of body composition analysis in: sport. Sports Med 1994;17:277-82.
YOUNG W, MC LEAN B, ARDAGNA J. Relationship between stength qualities and sprinting performance J Sports Med Phys Fitne 1995; 35:13-9.
MERO A, KOMI PV, GREGOR RJ Biomechanics of sprint running Sports Med 1992; 13:376-92.