Classiquement, l’amplitude articulaire maximale (maximal range of motion : ROM) est utilisée comme un indice de souplesse chez l’homme. Pour réaliser cette mesure, l’articulation testée est mobilisée selon ses degrés de liberté (i.e. Kapandji), jusqu’à des amplitudes limitées par l’apparition de la douleur. Dès lors, différents tissus (capsule articulaire, tendon, muscle et peau) se trouvent étirés et, de ce fait, opposent une force résistante qui croît avec l’amplitude de l’étirement. Il a pu être suggéré que cette force résistante pouvait constituer un facteur limitant à la souplesse.

Cette fiche se propose de décrire l’évolution de cette force résistante au cours d’une manœuvre d’étirement passif et lors du maintien statique de l’articulation en position d’allongement maximal, et ainsi de décrire le comportement mécanique du système musculo-tendineux soumis à un étirement maximal. Le but de ce travail est de mieux cerner la relation qu’il existe entre une notion de terrain comme la "souplesse " et des notions plus proprement mécaniques, telles que la raideur musculaire, la viscosité musculaire et l’énergie stockée au cours des phases de l’étirement.

Cette étude porte sur la chaîne musculaire postérieure de la cuisse. Ainsi, l’étirement imposé affecte principalement les muscles ischio-jambiers. Le test comprend 2 phases :
- une phase dynamique, au cours de laquelle l’articulation du genou est ouverte lentement, provoquant l’allongement du complexe musculo-tendineux des ischio-jambiers. Cet allongement est poursuivi jusqu’à la limite de la douleur. Pendant cette manipulation, la tension passive résistante est enregistrée ainsi que l’angle d’ouverture du genou. Dans ces conditions, une relation entre le couple résistant et l’angle articulaire peut être établie. L’activité musculaire électrique (EMG) des muscles ischio-jambiers est enregistrée.

- une phase statique, au cours de laquelle l’ouverture du genou est maintenue en position d’étirement maximal, durant 90 secondes. Pendant toute la durée de cette phase, la tension passive résistante est enregistrée ainsi que l’EMG des muscles ischio-jambiers.

RÉSULTATS

Lors de la phase dynamique d’étirement, la tension passive s’accroît avec l’amplitude de l’allongement de façon non-linéaire (figure 1), pour atteindre une valeur maximum au moment où la plus grande longueur musculaire est atteinte. Il faut noter que l’activité musculaire (EMG) des ischio-jambiers reste très faible pendant cette phase d’étirement dynamique, de sorte que l’augmentation de la tension résistante peut être attribuée aux propriétés mécaniques élastiques des tissus étirés.