S52 - Stratégie d'intervention psychologique auprès des athlètes surentraînés
Actuellement, les stratégies de périodisation de l'entraînement permettent d'exposer les athlètes à de hauts niveaux de charge de travail, tant en volume qu'en intensité. Il en résulte que les athlètes sont sollicités tout au long de l'année, sans périodes bien identifiées de relâchement et de repos. Tout ceci contribue à augmenter les facteurs de charge de travail et peut conduire les athlètes à des états de fatigue psychologique et, plus largement, à un stress se manifestant par une moindre adhésion aux objectifs de l'entraînement, à un dégoût progressif, voire à un abandon momentané de la pratique.
Les aspects psychologiques du surentraînement réfèrent donc à des charges qui sont trop intenses pour que les individus s'y adaptent. Lorsque cette sollicitation constante et sévère se prolonge trop longtemps, diverses perturbations apparaissent caractérisant un état d’épuisement général. L’épuisement à l’entraînement (phénomène paradoxal !) est un syndrome complexe qui se caractérise par des perturbations de nature psychophysiologique et de l’aversion pour une activité en réponse à un stress excessif ou à de l'insatisfaction. Globalement, l’épuisement émotionnel en sport peut être considéré comme une combustion interne (burnout) des énergies individuelles, causée par un stress non surmonté.
Si, au plan biologique et médical, un suivi planifié accompagne souvent l'entraînement, il n'est pas encore clairement envisagé un suivi de l'état psychologique des athlètes confrontés à de fortes sollicitations. Cet article veut donc expliquer les causes de l’épuisement psychologique en sport et proposer un certain nombre de moyens pour l’éviter et le prévenir.
Les diverses recherches sur les causes de l’épuisement psychologique permettent d’avancer un ensemble de facteurs pour en expliquer l’apparition. Elles concernent des aspects individuels liés à la personnalité de l’athlète, mais aussi des facteurs liés aux situations vécues. Il est important de souligner que, d'un point de vue psychologique, le comportement est influencé par l'interprétation que la personne fait de la situation vécue. Les répercussions de l’épuisement psychologique vont concerner autant les aspects psychologiques, comportementaux que biologiques et se manifester à ces différents niveaux.
Les signes comportementaux se manifestent par un comportement rigide, inapproprié et souvent exagéré par rapport à l’événement vécu. On note aussi une augmentation de la consommation de substances médicamenteuses, des troubles gastro-intestinaux et des douleurs musculaires et tendineuses. L’athlète se dit constamment fatigué, et ceci s’accompagne d’une perte d'appétit et de poids associée à des troubles du sommeil.
Les signes psychologiques de l’épuisement psychologique se manifestent par une perte d'intérêt et de motivation pour le sport pratiqué, une baisse du désir de jouer, et des chutes d'attention. Ils se manifestent également par une diminution de l'estime de soi, un sentiment de résignation et de perte de contrôle, un rejet de son environnement et une sensibilité émotionnelle exacerbée. Ces troubles importants de l'humeur et l’augmentation de l'anxiété peuvent annoncer des états de dépression conséquents.
Après avoir caractérisé les symptômes psychologiques liés à la surcharge de travail, expliqué l’apparition du phénomène d’épuisement émotionnel et envisagé son évaluation, il est proposé des stratégies d’intervention, afin d’éviter l’apparition de cet état :
- individualiser la charge de travail ;
- fixer des objectifs de travail ;
- veiller à la qualité du travail ;
- varier les entraînements ;
- dialoguer avec les sportifs ;
- apprendre aux sportifs à s'organiser ;
- privilégier l'hygiène de vie ;
- apporter un soutien constant ;
- rechercher un support social ;
- contrôler le stress post-compétitif.
Source primaire
Stratégies d’intervention auprès des athlètes surentraînés et émotionnellement épuisés THILL E., & FLEURANCE P. Guide pratique de la psychologie du sportif (pp 145-156). Paris : Vigot.
Rédacteur
Philippe Fleurance
Enseignant-chercheur INSEP - Responsable du laboratoire de psychologie du sport - Diplômé INSEP - Professeur agrégé
Éditeur
Chantalle Thépaut-Mathieu
Docteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP http://sciences.campus-insep.com
Mots-clés
Biologie, comportemental, émotion, fatigue, hormone, intensité de l'entraînement, périodisation de l'entraînement, psychologie, récupération, Stress, surentraînement, Analyse de la performance, préparation à la performance
Lectures suggérées
Comment analyser le syndrome de surentraînement pour en prédire l’apparition. pp142-143.