S66 - L’ingestion d’une boisson de récupération permet de retarder l’apparition de la fatigue après un exercice effectué dans un environnement chaud et humide
Un exercice physique réalisé dans un environnement chaud induit une perte d’eau et d’électrolytes, réduisant la capacité physique à l’exercice. Le but de ce travail est de déterminer l’influence d’une boisson de récupération sur la performance en course à pied, en condition de température élevée.
Les sujets réalisent le protocole décrit dans le schéma 1 (voir schéma 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=663&fichier=S66_schema1.doc ), dans un environnement à 35°C avec un taux d’humidité de 40%.
A la fin de T1, la perte hydrique est évaluée à travers la perte de poids corporel. Un volume de boisson correspondant à 100% de la perte de poids est absorbé en trois parts égales, immédiatement après, 1 et 2 heures après T1. La boisson de récupération ingérée pendant la période de récupération contient : 6.9% d’hydrate de carbone, 24 mmol/l de sodium, 2.6 mmol/l de potassium, 1 mmol/l de chlore, et est concentrée à 300 mosmol/kg. Après 3 heures de récupération, les sujets absorbent un volume correspondant au déficit hydrique persistant. L’absorption d’eau est laissée libre pendant les deux périodes d’exercice (T1 et 2).
Afin de quantifier l’efficacité d’une telle boisson sur la performance lors d’un second exercice de course à pied (T2), les paramètres suivants ont été mesurés : fréquence cardiaque, quotient respiratoire, masse corporelle, volume plasmatique, concentration sanguine de glucose, taux de perception à l’effort, analyse des gaz respiratoires.
L’ingestion de la boisson de récupération améliore la capacité d’endurance puisque la durée de T2 pour GE est supérieure de 35% à celle de GP, soit 16 minutes de plus (61 minutes pour GE et 45 minutes pour GP).
La source d’énergie utilisée pendant T2 est différente entre GE et GP. Alors que l’oxydation des hydrates de carbone contribue à 64% (GP) et 65% (GE) de l’apport d’énergie pendant T1, elle correspond à 47% pour GP et 74% pour GE.
Le volume plasmatique a été complètement restauré par la prise de boisson, expérimentale et placebo, pendant la période de récupération, et son évolution au cours de T2 est identique pour GE et GP. Pendant T2, la fréquence cardiaque est significativement plus faible pour GE que GP, tout comme le taux de perception de l’effort.
Dans des conditions de température élevée, la prise de boisson riche en hydrate de carbone et en électrolytes à l’issue d’une course prolongée améliore donc la capacité d’endurance lors d’un second exercice réalisé après 4 heures de récupération. L’amélioration de la capacité d’endurance pour GE apparaît être préférentiellement due à l’apport en hydrates de carbone. Cet apport en hydrates de carbone tout au long de la période de récupération est susceptible d’induire une hyperglycémie, pouvant provoquer une réponse hyper-insulinémique. De ces deux événements doit notamment résulter un prélèvement accru de glucose sanguin par les cellules musculaires et une amélioration de la synthèse du glycogène. Toutefois, une hyper-insulinémie peut également provoquer une hypoglycémie transitoire observée lors de T2. Les facteurs impliqués dans cette hypoglycémie (i.e. drainage du glucose sanguin vers les muscles à l’effort, augmentation préalable des stocks en glycogène) doivent être également responsables de l’amélioration de la performance observée à T2.
L’intégration d’hydrates de carbone et d’électrolytes dans une boisson de récupération retarde donc l’apparition de la fatigue lors d’un second exercice prolongé d’intensité sous-maximale réalisé à température ambiante élevée.
Dans une ambiance chaude, une telle boisson représente donc un véritable allié contre la fatigue dans des périodes d’entraînement intense avec plusieurs séances quotidiennes, ainsi que dans des disciplines d’endurance où plusieurs épreuves sont concourues dans la même journée.
Source primaire
Bilzon JLJ, Allsopp AJ, Williams C. Short-term recovery from prolonged constant pace running in a warm environment: the effectiveness of a carbohydrate-electrolyte solution. European Journal Applied Physiology 2000; 82:305-312.
Rédacteur
Anne Michaut
Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives - Laboratoire de biomécanique et de physiologie - INSEP
Éditeur
François Désy
Doctorant - Département de Kinésiologie, Université de Montréal
Mots-clés
Boisson, chaleur, course athlétisme, électrolyte, endurance, hydrate de carbone, hygrométrie, performance, récupération, température ambiante, gestion de la compétition, préparation à la performance
Lectures suggérées
Angus DJ, Febbraio MA., Lasini D, Hargreaves M. Effect of carbohydrate ingestion on glucose kinetics during exercise in the heat. Journal Applied Physiology 2001; 90, 601-605.
Fallowfield JL, Williams C, Singh R. Short-term recovery from prolonged constant pace running : the effectiveness of water versus carbohydrate beverage. Int. J. Sport Nutr 1995; 5 , 285-299.
Bergstrom J, Hermansen L, Hultman E, Saltin B. Diet, muscle glycogen and physical performance. Acta Physiol. Scand. 1967; 71 , 140-150.
Sports ciblés
Discipline d’endurance et sports susceptibles d’être pratiqués en ambiance chaude (période d’entraînement intense)