S71 - Comment améliorer la performance en sprint en course à pied, cyclisme et en patinage de vitesse?
INTRODUCTION
Les limites de la performance en sprint sont continuellement repoussées grâce à l’amélioration des qualités biomécaniques et bioénergétiques des athlètes, à l’optimisation des stratégies de course et au développement de matériel de plus en plus performant.
L’objectif de cet article était de présenter une revue des connaissances concernant ces facteurs, et de proposer des stratégies visant l’amélioration de la performance en sprint en course à pied, en cyclisme et en patinage de vitesse.
Aspects biomécaniques et bioénergétiques du sprint :
Les tests réalisés sur des sprinteurs de haut niveau démontrent que ces derniers sont capables de générer une puissance mécanique très élevée lors du départ. Cette puissance est de l’ordre de 20 watts/kg lors des 4-5 premières secondes, de 14-15 watts/kg lors d’efforts de 30 s et d’environ 10-11 watts/kg après une minute d’effort. Les puissances et capacités anaérobies très élevées mesurées chez ces athlètes (environ 2000 J/kg) sont similaires chez les patineurs, les cyclistes et les coureurs à pied.
Influence de la tactique de course sur la performance :
Lors d’épreuves de durées inférieures à 2 minutes, une stratégie où l’athlète produit une accélération maximale lors du départ et tente d’accélérer le plus longtemps possible permet d’améliorer la performance finale, même si la puissance maintenue chute plus rapidement en fin de course, comparativement à la situation où l’athlète maintient une puissance de travail constante du début à la fin de l’épreuve.
Lors d’épreuves supérieures à 2 minutes, une accélération moins grande au départ et le maintien d’une puissance constante tout au long de la course réduit la quantité d’énergie perdue à lutter contre la résistance de l’air et permet d’améliorer la performance finale.
Facteurs techniques limitant la performance :
En course à pied, l’accélération initiale des sprinters est très prononcée, mais leur vitesse maximale est limitée par leur incapacité à augmenter la fréquence de leurs foulées. Comme il est très difficile pour l’athlète d’accélérer son déplacement segmentaire lorsqu’il évolue à vitesse maximale, la clé de la performance en sprint en course à pied réside dans l’aptitude à produire une accélération la plus grande possible au début de la course.
En cyclisme et en patinage de vitesse, la vitesse maximale n’est pas limitée par la vitesse segmentaire de l’athlète mais plutôt par sa capacité à maintenir la puissance nécessaire pour lutter contre la résistance imposée principalement par la friction de l’air, mais aussi celle de la glace ou du roulement.
Le cœfficient aérodynamique de traînée des cyclistes et des patineurs de vitesse étant environ 8 fois supérieur à celui des véhicules à propulsion humaine les plus efficaces, on peut s’attendre à ce que l’application des connaissances aérodynamiques joue un rôle déterminant dans l’évolution future de la performance en cyclisme et en patinage de vitesse.
Lors des épreuves cyclistes sur 1000 m et 4000 m, un système de développement autoajustable selon la vitesse de déplacement permettrait certainement d’accélérer plus vite et d’atteindre une plus grande vitesse de pointe.
En patinage de vitesse, il est possible qu’un changement technique puisse augmenter la propulsion horizontale des athlètes lors du départ et améliorer la performance finale. Une technique de départ où l’angle entre le tronc et le point d’application de la force serait réduit (l’athlète serait penché vers l’avant) permettrait de parvenir à ce résultat.
CONCLUSION
En sprint, peu importe la discipline, l’amélioration de la performance repose sur la capacité de l’athlète à améliorer son accélération initiale et à maintenir une vitesse élevée jusqu’à la fin de la course. En patinage de vitesse, en cyclisme et en course à pied, les sprinteurs ont des capacités anaérobies similaires. Les niveaux d’accélération et les vitesses maximales atteintes sont toutefois différents selon les disciplines, principalement à cause du matériel utilisé, de la résistance opposée par l’air et de la quantité de force horizontale pouvant être appliquée au sol.
Finalement, cet article suggère qu’il est possible d’améliorer la performance en sprint grâce à:
1) une augmentation de la puissance musculaire produite lors de la phase d’accélération initiale;
2) la sélection d’une stratégie de compétition adaptée à la durée de l’effort et;
3) à l’utilisation de matériel ou de techniques visant à maximiser la propulsion horizontale.
Source primaire
Van Ingen Schenau GJ, de Koning JJ, de Groot G. Optimisation of sprinting performance in running, cycling and speed skating. Sports Med 1994; 17(4):259-75.
Rédacteur
François Gazzano, B.Sc., Advanced Fitness Designs, Inc.
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
Sprint, biomécanique, Stratégie, puissance
Lectures suggérées
Koning JJ et al. The start in speed skating: From running to gliding. Med Sci Sports Exerc 1995; 27(12):1703-8.
Atkinson G et al. Science and cycling: Current knowledge and future directions for research. J Sports Sci 2003; 21(9):767-87.
Sleivert G , Taingahue M. The relationship between maximal jump-squat power and sprint acceleration in athletes. Eur J Appl Physiol 2004; 91(1):46-52.
Sports ciblés
Course à pied, patinage de vitesse, cyclisme, gestion de la performance