Recherche avancée
Mes favoris


S78 - Des séances de course à pied ou de pliométrie en complément à l’entraînement en tennis améliorent des déterminants de la performance en tennis

Vu l’augmentation de l’intensité et du niveau de jeu au tennis ces dernières années, les programmes de conditionnement physique jouent à présent un rôle primordial dans la préparation de l’athlète à la compétition. Il a déjà été démontré que le tennis exige du joueur des qualités d’endurance, de force, de puissance, de vitesse, d’explosivité et de relâchement. Parmi les méthodes d’entraînement modernes visant à optimiser la condition physique des athlètes, la course à pied et la pliométrie sont souvent utilisées. La course à pied permet à l’athlète d’améliorer ses qualités de vitesse pure et d’endurance alors que la pliométrie lui permet d’améliorer ses qualités de détente et d’explosivité. Au cours d’études antérieures, on a démontré que ces méthodes améliorent la performance ou des déterminants de la performance dans certains sports comme le volley-ball (Newton et coll., 1999); mais on n’a pas encore fait une telle vérification en tennis.

Très récemment, en France, Girard et ses collègues ont comparé les effets induits par trois modalités d’entraînement physique en ayant comme hypothèse que l’entraînement en course à pied ou en pliométrie combiné avec la pratique du tennis permet d’améliorer davantage la performance sur un test spécifique de temps-limite par rapport à un entraînement de tennis seul.

SUJETS ET MÉTHODES

Un groupe de 18 joueurs de tennis réguliers (âge : 19 ans ± 0,7 ans; taille : 178,1 ± 2,3 cm; poids : 69,4 ±  1,9 kg; fréquence de pratique : 3,5 ± 1,6 heures/semaine) ont été répartis de façon aléatoire en trois groupes :

- course à pied;
- pliométrie;
- tennis.

Le protocole comprenait un programme d’entraînement de six semaines à raison de trois séances d’entraînement par semaine d’une durée d’une heure et demie. Le groupe « tennis » réalisait uniquement des séances typiques de tennis (attaque/défense, régularité, montées au filet) sollicitant les qualités de vitesse, d’endurance et d’explosivité.

En plus d’une séance de tennis, le groupe « course à pied » pratiquait deux séances comprenant des exercices de vitesse :

- sprints sur une distance de 5 à 30 m et sprints répétés à une intensité comprise entre 80 et 110 % de la Vitesse Maximale Aérobie (VMA), intermittent de type 30 sec – 30 sec.

Le groupe « pliométrie » réalisait une séance tennis et deux séances d’exercices d’explosivité :

- dix séries de six minutes de foulées bondissantes et de sauts en contrebas avec 3 minutes de récupération entre les séries.

Des tests ont été effectués avant et après le programme d’entraînement afin d’évaluer les qualités de course et d’explosivité de chaque sujet :

- détermination de la VMA à l’aide d’un test progressif maximal continu (le CAT test de Chanon);
- évaluation des qualités de vitesse pure en chronométrant le temps réalisé sur 10 m, départ arrêté (T10m) à l’aide de cellules photoélectriques;
- test spécifique de temps-limite visant à quantifier la durée maximale d’effort (Tlim) exprimée en secondes que le joueur est capable de soutenir (Girard et coll., 2005);
- évaluation des qualités de détente verticale (hauteur d’impulsion) à partir des tests de squat jump (SJ) et de countermouvement jump (CMJ) effectuée à l’aide d’un système de mesure optique (Optojump, Microgate, Italie).

Le test spécifique de temps-limite est composé de paliers de 30 secondes pendant lesquels le joueur réalise des courses sur la ligne de fond de court sur une distance 10 mètres avec des période de récupération de 30 secondes entre les séries jusqu’à épuisement ou imprécision du tir du sujet (3 balles hors cible).

Cette étude a démontré une amélioration plus importante de la VMA et de Tlim (p < 0,05) dans le groupe « course à pied » comparé aux deux autres groupes. L’amélioration de SJ (p < 0,001) et CMJ (p < 0,01) dans le groupe « pliométrie » a été plus marquée que dans les groupes « tennis » et « course à pied ». Le tennis pratiqué sans course à pied et sans pliométrie n’a pas permis d’augmenter les qualités de vitesse, d’endurance et de détente pure. Les entraîneurs de tennis auraient donc avantage à intégrer des séances d’entraînement spécifique de course à pied et de pliométrie dans le programme d’entraînement en tennis, afin de mieux préparer leurs athlètes à la compétition. Les exercices de course à pied et d’explosivité utilisés dans cette étude, ainsi que les tests d’évaluation semblent être des outils utiles pour les entraîneurs. Le test de terrain spécifique créé par Girard et coll. (2005) n’a pas été véritablement validé, mais il pourrait offrir une ouverture intéressante quant à l’évaluation du temps-limite en tennis.

Source primaire

Girard O Vaseux D et Millet GP. Comparaison de l'efficacité de trois modalités d'entraînement chez des joueurs de tennis. Science et Sports 2005; 20:45-47.

Rédacteur

Fabien Morand
B.Sc., kinésiologue

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

préparation à la performance, course à pied, pliométrie

Lectures suggérées

Bergeron MF et al. Tennis: a physiological profile during match play. Int J Sports Med 1991; 12:474-9.

Newton RU et al. Effects of balistic training on preseason preparation of elite volleyball players.Med Sci Sports Exerc 1999; 31: 323-30.

Sports ciblés

Tennis et tous les sports sollicitant l’explosivité

Imprimer Version imprimable Ajouter à mes favoris Haut de page