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S83 - L'entraînement en musculation améliore la performance en sports d'endurance.

INTRODUCTION

En sports d’endurance, il est de plus en plus évident que les caractéristiques anaérobies et neuromusculaires jouent un rôle déterminant dans la capacité de performance d’un athlète.

L’objectif de cet article était de faire une synthèse des connaissances actuelles quant à l’influence de l’entraînement en musculation sur la performance en natation, en cyclisme et en course à pied.

ADAPTATIONS PHYSIOLOGIQUES AUX DIFFÉRENTS TYPES D'ENTRAÎNEMENT

Chaque type d’entraînement provoque des adaptations spécifiques. Ainsi, l’entraînement en musculation, entraîne généralement des adaptations favorables à la production de force et de puissance musculaires telles que l’augmentation du diamètre des fibres musculaires, la conversion des fibres de type IIb (ou IIx) en fibres IIa et l’amélioration de leur recrutement à l’effort. Ce type d’entraînement n’entraîne que peu ou pas d’adaptations favorables au travail aérobie puisque l’efficacité métabolique et la densité des capillaires musculaires restent inchangées et que l’augmentation de la taille des fibres musculaires provoque une réduction de la densité des mitochondries, composantes capitales de l’efficacité métabolique aérobie.

L’entraînement en endurance provoque, quant à lui, une augmentation : 1) de la densité des capillaires et des mitochondries; 2) du stockage intramusculaire des substrats énergétiques et; 3) de l’activité des enzymes qui catalysent la glycolyse aérobie. Contrairement à l’entraînement en musculation, l’entraînement en endurance tend à réduire la taille des fibres musculaires et les propriétés contractiles des muscles entraînés, la seule adaptation commune aux deux types d’entraînement étant la transformation des fibres de type IIb en fibres IIa.

EFFETS DE L'ENTRAÎNEMENT EN MUSCULATION SUR LA PERFORMANCE D'ENDURANCE

Course à pied :

Un entraînement en musculation qui ne résulte pas en prise de masse musculaire permet d’améliorer l’aptitude anaérobie et les caractéristiques neuromusculaires de coureurs à pieds entraînés, ce qui peut se traduire par une amélioration de l’efficacité de foulée et de la performance. A ce jour, aucun impact négatif n’a été observé, après administration de ce type d’entraînement, sur les variables physiologiques traditionnellement associées à la performance d’endurance, comme par exemple le VO2max.

Cyclisme :

Comme en course à pied, l’aptitude anaérobie et les caractéristiques neuromusculaires jouent un rôle capital dans la performance en cyclisme et les cyclistes les plus performants démontrent des aptitudes musculaires supérieures à celles de cyclistes de niveaux inférieurs (ce qui leur permet d’emmener des développements plus importants malgré des VO2max similaires). A ce jour, aucune étude n’a évalué les effets d’un entraînement en musculation sur la performance de cyclistes entraînés mais, compte tenu des effets de ce type d’entraînement chez des cyclistes débutants (augmentation de la force des jambes de 30 %, de la performance en sprint de 11 % et du temps maximal d’effort à 80 % du VO2max de 20 %), il y a de bonnes raisons de penser qu’un entraînement en musculation peut favoriser l’apparition d’adaptations neuromusculaires favorables à la performance en cyclisme de haut niveau.

Natation :

Plusieurs études ont suggéré qu’un entraînement en musculation (à l’aide d’appareils de musculation conventionnels ou d’ergomètres spécialisés simulant les mouvements de natation) pouvait améliorer la force des membres supérieurs et la performance en natation. Ces études ont cependant été réalisées auprès de personnes non entraînées ou ne comportaient pas de groupe contrôle, ce qui rend leur résultats restent difficiles à interpréter.

Une des rares études ayant été réalisée auprès de nageurs de niveau universitaire n’a constaté aucune amélioration de performance chez un groupe de nageurs soumis à un programme de musculation de 14 semaines, comparativement à un groupe n’ayant participé qu’aux entraînements de natation et ce, même si une amélioration de 30 % de la force du haut du corps a été observée chez les nageurs ayant participé à l’entraînement en musculation.

Les seules recherches ayant démontré des effets positifs d’un entraînement de musculation sur la performance en natation sont celles qui ont utilisé des dispositifs aquatiques permettant de reproduire la technique de nage en y ajoutant une résistance supplémentaire (natation retenue, contre courant, etc).

CONCLUSION

Cette synthèse démontre que l’entraînement en musculation permet d’améliorer la performance de cyclistes et de coureurs à pied entraînés, mais pas celle de nageurs.

Les exercices et les modalités de surcharge (séries, répétitions, intensité, etc.) des programmes de musculation provoquant les plus grandes améliorations de performance ne sont à ce jour pas connu.

Source primaire

Tanaka H et Swensen TImpact of resistance training on endurance performance. A new form of cross-training? Sports Med 25(3):191-200, 1998.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

endurance, musculation, Force, puissance

Lectures suggérées

Tanaka H et coll. Dry-land resistance training for competitive swimming Med Sci Sports Exerc 25(8):952-9, 1993.

Jung AP The impact of resistance training on distance running performance Sports Med 33(7):539-52, 2003.

Atkinson G et coll. Science and cycling: current knowledge and future directions for research J Sports Sci 21(9):767-87, 2003.

Hoff J, Gran A et Helgerud J Maximal strength training improves aerobic endurance performance Scand J Med Sci Sports 12(5):288-95, 2002.

Sports ciblés

Sports d’endurance, natation, cyclisme, course à pied

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