S122 - Des changements modérés et de courte durée de la charge d'entraînement n'ont pas d'effet immédiat sur la performance en sprint
La programmation de l’entraînement est généralement organisée en cycles, avec des variations de charge et d’intensité d’entraînement. L’objectif de ce travail est d’évaluer sur la performance en sprint réalisée sur un ergomètre d’aviron les conséquences d’un entraînement de trois semaines effectué avec une intensité et une charge de travail augmentées (surcharge surtout en musculation et course à pied), suivi d’une semaine d’entraînement effectuée à haute intensité mais allégée (diminution de la musculation et suppression de la course à pied) (voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=608&fichier=S122_figure1%2b2.doc ).
Quatre mois après le début de la saison, dix-huit rameurs de haut niveau ont participé à un cycle de quatre semaines d’entraînement organisé comme suit :
- Trois semaines avec une augmentation de 33 % de la fréquence et 30 % du volume d’entraînement par rapport aux semaines précédentes. Elles représentent une période de surcharge d’entraînement.
- Une semaine avec une réduction de 25 % du volume d’entraînement par rapport aux trois semaines précédentes. C’est une période de « récupération relative » par rapport aux trois semaines précédentes.
Les sportifs sont testés à 4 moments :
- une semaine avant le début des trois semaines "difficiles" (T1),
- au début de la première semaine "difficile" (T2),
- à la fin des trois semaines "difficiles" (T3),
- et à la fin de la semaine allégée (T4).
Les rameurs réalisent un sprint de 500 mètres sur un ergomètre d’aviron à une intensité maximale. La performance est évaluée en fonction du temps mis pour "parcourir" 500 m et de la puissance développée. (Il a, en effet, été montré que la performance en sprint sur ergomètre - i.e. 500 mètres, est étroitement corrélée à celle réalisée sur 2000 mètres en condition réelle de performance). Pendant la période de récupération passive de 10 minutes suivant chaque sprint, la fréquence cardiaque (FC), la concentration sanguine de lactate et d’ammoniac sont mesurées.
De façon surprenante, la performance en sprint (i.e. temps réalisé et puissance développée) n’est pas modifiée, que ce soit à la fin des trois semaines "difficiles" ou à la fin de la semaine allégée. Toutefois, la FC mesurée 3 et 4 minutes après le sprint est légèrement inférieure à T3 par rapport à T1, suggérant l’existence d’une adaptation à l’entraînement. De tels changements de FC doivent avoir un effet négatif sur les capacités d’endurance, mais n’a aucune influence sur la performance en sprint. Toujours après le sprint, la concentration sanguine de lactate est supérieure à T3 et T4 par rapport à T1, alors que la concentration sanguine d’ammoniac est, quant à elle, réduite (voir figure 2: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=608&fichier=S122_figure1%2b2.doc ). Or, il a été montré qu’une déplétion en glycogène peut induire une réduction de la concentration sanguine de lactate et une augmentation de la concentration plasmatique d’ammoniac pendant un exercice fatigant (Broberg et Sahlin 1988, Roeykens et coll. 1998). Bien qu’aucune modification des apports énergétiques n’ait été observée, on peut penser que des modifications de la période d’ingestion ou la nature des hydrates de carbone ingérés, tout comme des adaptations à l’entraînement ont pu permettre une disponibilité accrue du glycogène et/ou une utilisation plus importante de ce substrat tout au long du cycle d’entraînement. Toutefois, ces modifications métaboliques n’ont pas d’effet sur la performance en sprint.
CONCLUSION
Il apparaît donc que des changements modérés et de courte durée de la charge d’entraînement n’ont pas d’effet immédiat sur la performance en sprint, mais altèrent néanmoins les réponses métaboliques. Puisqu’une semaine de repos relatif n’induit aucune réduction de la performance, une telle organisation de l’entraînement peut être conseillée pour l’adaptation aux voyages, à la météo, à la maladie ou à la blessure.
Source primaire
Smith HK. Ergometer sprint performance and recovery with variations in training load in elite rowers. International Journal of Sports Medicine 2000; 21 : 573-578.
Rédacteur
Anne Michaut
Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives - Laboratoire de biomécanique et de physiologie - INSEP
Éditeur
ChantalleThepaut-Mathieu
Docteur es sciences (Mention : Neurophysiologie) - Chef du département des Sciences du Sport, INSEP
Mots-clés
alimentation, durée de l'entraînement, Effet de l'entraînement, fréquence cardiaque, endurance, Lactate, intensité de l'entraînement, métabolisme énergétique, performance, programmation de l’entraînement, préparation à la performance
Lectures suggérées
Hakkinen K, Kallinen M, Komi PV, Kauhanen H. Neuromuscular adaptations during short-term « normal » and reduced training periods in strength athletes. Electromyography Clin Neurophysiol 1991; 31 : 35-42.
Houmard JA. Impact of reduced training on performance in endurance athletes.Sports Med.1991;12 :380-393.