S166 - Le développement de l’optimisme chez les athlètes devrait inclure l’enseignement de la résilience
En se basant sur le modèle d’impuissance apprise de Séligman et les attributions de Weiner, le courant de pensée sur l’optimisme propose trois importantes constituantes : la permanence, la généralisation et la personnalisation. Les attributions qui s’y rattachent sont les habiletés, l’effort, la chance et la difficulté de la tâche. C’est ce lien entre les constituantes et les attributions qui peut aider, selon les auteurs dans le domaine, à clarifier les attentes futures de succès ou d’échec des athlètes.
La permanence, qui est la première composante de l’optimisme, est la croyance que l’athlète a, envers la constance d’une attribution dans le futur. Par exemple, l’anticipation de succès futurs ne peut être possible que si le performant perçoit le succès obtenu jusque là comme le résultat d’efforts délibérés et d’habiletés personnelles ou venant de l’équipe de support. La personnalisation est la caractéristique qui consiste à créditer le succès ou l’échec à des raisons internes, comme l’effort ou l’habileté plutôt qu’à des raisons externes comme l’environnement ou d’autres personnes. Les attributions internes sont plus fréquentes après les victoires, tandis que les échecs sont souvent attribués à des causes externes ce qui a pour effet de protéger la confiance en soi contre la culpabilité et la honte. En contrepartie, ces attributions à des motifs externes mettent en question la croyance qu’ont les athlètes de leur capacité de contrôle sur la performance. Aussi, selon la présente étude il est préférable d’encourager au moins certaines considérations d’imputabilité personnelle et de contrôle potentiel, surtout après les revers, de façon à favoriser la perception de contrôle. La généralisation est le troisième aspect de l’explication des athlètes relativement à leur succès ou échec, et se rapporte à la capacité à généraliser un comportement sporadique en un trait de personnalité. Deux traits sont particulièrement recherchés : le courage et la confiance en soi.
SE DIRIGER VERS LA RÉSILIENCE ATHLÉTIQUE
À travers toutes ces explicitations du concept de l’optimisme, on accorde de plus en plus aux athlètes la capacité à modifier les explications à leurs réponses à l’adversité et à ainsi améliorer leur optimisme. Plus précisément, l’enseignement des habiletés de résilience se fait en trois temps : 1- évaluer les prémisses personnelles 2- débattre les stratégies 3- développer les techniques de dédramatisation.
La première étape d’évaluation des prémisses se fait en accord avec le modèle ABC de Ellis soit : L’analyse des antécédents, des croyances associées et des conséquences qui en découlent. L’étape 2 consiste à débattre les stratégies en augmentant les arguments positifs et l' étape 3 consiste développer une approche pour dédramatiser la situation. Un exemple de la pertinence d’une telle approche serait de contrer un scénario qui a pour effet de diminuer la confiance en soi en considérant une inhabileté personnelle, à en amplifier les conséquences et à agir en conséquences des pensées catastrophiques.
PROCÉDURE POUR ENSEIGNER LES HABILETÉS DE RÉSILIENCE
Évaluer les prémisses :
1- Identifier les circonstances instigatrices
2- Considérer la relation entre l’incident et les pensées initiales
3- Considérer comment les émotions ont suivis les pensées
4- Considérer comment les comportements ont suivis les émotions
5- Considérer les habiletés d’adaptation
Disputer les stratégies :
1- Identifier l’évaluation initiale
2- Souligner l’évidence utilisée dans l’évaluation
3- Souligner les erreurs dans le processus d’évaluation
4- Élaborer le processus de pensée requis
5- Comparer les résultats potentiels
Dédramatiser la situation :
1- Identifier les étapes qui ont amené à la dégénération
2- Considérer le pire scénario et ses probabilités
3- Considérer le meilleur scénario comme possibilité
4- Considère le scénario le plus probable comme possibilité
Cette démarche d’enseignement de la résilience a comme impact immédiat de donner l’espoir aux athlètes par le biais du contrôle émotif et cognitif à travers l’adversité. Évidemment, cette approche devrait être complétée avec l’aide de l’entraîneur, de l’équipe de support et de la famille. Dans un contexte où l'encadrement et les situations de perfectionnement ne sont pas toujours optimales, la capacité de l'entraîneur à développer cette qualité de résilience apparaît comme un ajout indispensable.
Source primaire
Shinke RJ, Peterson C, Couture RA. Protocol for teaching resilience to high performance athletes. Journal of Excellence 2004; 9: 9-18.
Rédacteur
Madeleine Hallé
Ph.D. Institut national de formation des entraîneurs, CNMM
Éditeur
Madeleine Hallé
Institut National du Sport Québec, Montréal
Mots-clés
Optimisme, résilience, préparation à la performance
Lectures suggérées
Seligman Optimism : how to change your mind and your life. MEP, Learned NY: Pocket Books; 1991.
Shatté AJ, Gillham J, Reivich K. Promoting hope in children and adolescents. Dans JE Gillham’s (Ed) The science of optimism and hope: research essays in honor of Martin E. P. Seligman. Philadelphia, PA: Templeton; 2000.