S171 - Le surentraînement est un problème courant chez les jeunes athlètes des classes sport-études
INTRODUCTION
Le surentraînement est un phénomène qui affecte négativement la performance et qui peut avoir des répercussions sur la santé physique et l’équilibre psychologique des athlètes.
A ce jour, plusieurs recherches ont permis de quantifier l’incidence du surentraînement chez les athlètes de haut niveau mais son incidence chez des jeunes athlètes soumis à un entraînement intensif n’est toujours pas connue.
L’objectif de cette étude était de déterminer l’incidence du surentraînement dans un vaste échantillon de jeunes athlètes évoluant dans de multiples sports et identifier les facteurs physiques et psychologiques responsables de l’apparition du surentraînement.
SUJETS ET MÉTHODE
Deux cent soixante douze athlètes âgés de 16 à 19 ans et issus de 16 sports différents ont participé à l’étude. Tous les athlètes étaient pensionnaires de programmes sport-études et s’entraînaient entre 1 et 7 heures/jour depuis 3,3 ± 1,8 ans.
Le protocole expérimental demandait aux athlètes :
1) de compléter un questionnaire sur les aspects qualitatif et quantitatif de l’entraînement, l’expérience sportive, la présence de pressions psychologiques issues de l’encadrement sportif, scolaire, familial et social;
2) d’informer les chercheurs s’ils avaient constaté une réduction de performance d’au moins deux semaines provoquée par un volume d’entraînement intensif important et décrire les symptômes ressentis à cette occasion (modifications de l’appétit, troubles du sommeil, courbatures, difficulté de l’effort accrue, etc.);
3) de compléter la version en langue suédoise du questionnaire Training Distress Scale et, finalement;
4) de rapporter les effets du surentraînement sur leur motivation à s’entraîner.
RÉSULTATS
Globalement, 37 % des jeunes athlètes ont rapporté avoir été victime de surentraînement au moins une fois. L’incidence de surentraînement était similaire chez les hommes et les femmes et était plus importante chez les athlètes évoluant en sports individuels (48 % en moyenne et jusqu’à 94 % chez les joueurs de badminton) que chez ceux participant à des sports d’équipes (30 % en moyenne et jusqu’à 58 % chez les joueurs de basket-ball) ou ceux évoluant dans des sports à faible demande physique tels que le golf (18 % en moyenne).
Les symptômes les plus couramment rapportés par les athlètes victimes de surentraînement était l’augmentation de la difficulté de l’effort lors des séances d’entraînement habituelles et la sensation de lourdeur. Le surentraînement s’est aussi accompagné d’altérations significatives de l’humeur et d’une réduction de la motivation à s’entraîner chez 41 % des athlètes.
Trente-cinq pourcents des athlètes trouvaient qu’ils ne passaient pas suffisamment de temps avec leurs amis et leur famille et 29 % d’entre-eux qualifiaient la relation avec leur entraîneur de « très mauvaise » à « modérément bonne ».
CONCLUSION
Cette étude démontre qu’une forte proportion des jeunes athlètes sont victimes du surentraînement au cours de leur carrière sportive, que ce phénomène peut avoir des répercussions importantes sur la suite de leur carrière sportive. Ce phénomène semble accentué par le stress psychologique de l’éloignement.
Le surentraînement ne semble pas l’apanage des sports individuels à haute demande physique et atteint également des athlètes évoluant dans des sports où se conjuguent un grand stress psychologique et une récupération limitée.
Finalement, ces résultats suggèrent que chez les jeunes athlètes, l’évaluation subjective des signes associés aux stress psychologique et physique permet de déceler les signes avant-coureurs du surentraînement. Une telle stratégie permettrait aux entraîneurs d’optimiser la charge d’entraînement de façon proactive, en tenant à la fois compte des sources sportives et non sportives de stress qui influencent la réponse à l’entraînement des jeunes athlètes.
Source primaire
Kentta G, Hassmen P et Raglin JS Training practices and overtraining syndrome in Swedish age-group athletes Int J Sports Med 22(6):460-5, 2001.
Rédacteur
François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com www.athletemonitoring.com
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec